Top of blues copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Irma Thomas (rubrique « Un blues, un jour ») et Maria Muldaur (rubrique « Top of Blues »).

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Née le 18 février 1941, Irma Thomas fête donc ses 78 ans aujourd’hui. Remarquable chanteuse autant à l’aise dans la soul, le blues, le gospel ou encore le R&B, elle incarne cette scène louisianaise et en particulier néo-orléanaise sur laquelle les artistes jonglent avec les genres. Mais attention, là où tant d’autres font tout moyennement, à La Nouvelle-Orléans les artistes sont performants dans tous les styles, ce qui est évidemment beaucoup plus difficile. Un cercle unique dont fait bel et bien partie Irma Thomas… De son vrai nom Irma Lee, elle est originaire de Pontchatoula, une ville au nord du lac Pontchartrain alors que La Nouvelle-Orléans se trouve au sud, où Irma s’est installée très jeune. Elle fut d’ailleurs incroyablement précoce à bien des niveaux. Après avoir débuté en chantant à l’église, elle est ainsi remarquée à seulement 13 ans par le label Specialty qui l’auditionne. Et dès l’année suivante, elle accouchait à 14 ans de son premier enfant, avant de se marier et d’avoir un deuxième enfant. Mais ce n’est pas terminé… Car après avoir divorcé de son premier époux, elle s’est remariée à 17 ans avec Andrew Thomas, dont elle gardera le nom, avant d’avoir aussi deux enfants avec lui et de divorcer une nouvelle fois…. Autrement dit, avant même d’avoir 20 ans en 1961, Irma Thomas comptait déjà deux maris, autant de divorces et quatre enfants !

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Et entre-temps, elle était également déjà passée par les studios, réalisant son premier single en décembre 1959 pour le label Ron, Don’t Mess With My Man / Set Me Free, qui sortira au printemps suivant. Don’t Mess With My Man aura même un certain succès en atteignant la 22place des charts R&B de Billboard. À partir de 1961, elle débute une collaboration avec le label Minit et Allen Toussaint, ce qui la conduit à des compositions comme It’s Raining en 1962 (qui sera retenue en 1986 sur la bande originale du film de Jim Jarmusch Down By Law) et Ruler of My Heart l’année suivante, peu après adaptée par Otis Redding sous le titre Pain in My Heart. Le rachat de Minit par Imperial se traduira par quelques autres hits dans les années 1960, mais sans faire d’Irma Thoma une star internationale, malgré un excellent premier album en 1964, « Wish Someone Would Care ». Trois singles pour Checker et Chess en 1967 et 1968 lui apporteront un succès relatif, puis en 1969 l’ouragan Camille (qui fit plus de 250 morts et ne sera surpassé en intensité que par Katrina en 2005) l’oblige à s’installer à Oakland puis à Los Angeles.

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En Californie, elle réalise des disques sur des petits labels qui ne favorisent pas sa reconnaissance. Elle regagne donc La Nouvelle-Orléans en 1976, où elle se relance deux ans plus tard avec un autre bel album, « Soul Queen of New Orleans » (Maison de Soul), qui lui vaut aussi son surnom de reine de la soul… Avec son troisième mari Emile Jackson, elle ouvre aussi le Lion’s Den, un club auquel elle se consacre avant de signer un contrat avec le label Rounder, pour lequel elle va enregistrer une série d’albums remarquables dont « Live! Simply the Best » (1991), « True Believer » (1992), « The Story of My Life » (1997), « After the Rain » (2006) et « Simply Grand » (2008), auxquels on peut ajouter « Full-Time Woman – The Lost Cotillion Album » (Real Gone Music, 2014), qui rassemble des faces de 1971 et 1972, quand elle vivait en Californie. Une œuvre qui vaut à Irma Thomas une place parmi les grandes figures de la musique louisianaise. J’ai programmé dans mon émission une version de Backwater Blues, enregistrée en 2005 à New York lors d’un concert organisé en hommage aux victimes de l’ouragan Katrina, et sur laquelle elle est accompagnée de Buckwheat Zydeco à l’accordéon, Ry Cooder à la slide et Lenny Kravitz à la rythmique ! Et si Irma Thomas ne peut retenir ses larmes à la fin de la chanson, c’est bien entendu parce qu’elle fait partie de ces victimes…

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Pour la rubrique « Top of Blues », je m’arrête sur les résultats des derniers Grammy Awards dans la catégorie blues traditionnel. Les nominés étaient Elvin Bishop, Cedric Burnside, Buddy Guy, le duo Ben Harper/Charlie Musselwhite et Maria Muldaur. Dans mon émission et mon article du 31 décembre 2018, je m’étais notamment étonné de la présence de Buddy Guy dans ces nominés, regrettant qu’il doive sa présence à son seul nom. Eh bien en plus il a remporté la catégorie ! Pas de méprise, j’ai un immense respect pour Buddy Guy et l’ensemble de son œuvre exceptionnelle, mais non seulement son album « The Blues Is Alive and Well » n’incarne pas le blues traditionnel, mais les disques des autres nominés lui sont sans doute supérieurs ! Bref, même si à mon niveau ça n’aura guère de portée, je tiens à pousser ici un coup de gueule à l’attention des Grammy Awards, décidément incapables d’avoir une approche artistique et objective dans leurs jugements qui restent commandés par des considérations purement économiques. Mais je n’en dirai pas plus, revenons aux artistes qui importent bien davantage. En fait, j’ai déjà programmé tous les nominés dans de précédentes émissions, sauf Maria Muldaur. C’est d’autant plus un plaisir de le faire qu’elle reste à 75 ans une remarquable chanteuse. J’ai donc pris un extrait de son album nominé, « Don’t You Feel My Leg: The Naughty Bawdy Blues of Blue Lu Barker » (The Last Music Company, 2018), qui s’appelle Don’t You Feel My Leg.

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