Réédition semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Sam Collins (rubrique « Un blues, un jour »), et Brian Jack and the Zydeco Ramblers (rubrique « Réédition de la semaine »).

 

Difficile un 28 mars de ne pas penser à W. C. Handy, chanteur, trompettiste et compositeur, décédé le 28 mars 1958 à l’âge de 84 ans. Je l’ai déjà évoqué avec une de ces compositions célèbres dans une émission et un article le 26 décembre 2018, St. Louis Blues, et une version de 1939 par lui-même. Je ne reviendrai évidemment pas sur les éléments biographiques relatifs à Handy que vous trouverez donc dans mon article. Il importe toutefois comme je le fais dans mon émission de rappeler son importance comme compositeur dans les années 1910. En effet, ce sont bien ses textes qui seront très présents dès les premiers enregistrements de blues dans les années 1920, surtout classique. Il a donc sa part dans la reconnaissance et la propagation du blues à une époque où il ne fallait surtout pas en quelque sorte « manquer le train », car l’industrie discographique connaissait un développement sans précédent, ainsi que les moyens de diffusion comme l’électrophone et la radio. On pourrait presque comparer cette période à celle de l’arrivée du téléphone portable ou d’Internet.

 

On ne saurait donc négliger le rôle de W. C. Handy, sans toutefois trop insister sur certains clichés, comme le fait qu’il ait prétendument « découvert » avant tout le monde le blues en 1903 dans une petite ville du Delta du nom de Tutwiler… Ce qui est peut-être vrai, d’ailleurs ! Handy n’a sûrement pas inventé le blues mais il fut un des premiers à nous transmettre des témoignages écrits. Si The Memphis Blues, St. Louis Blues et Beale Street Blues sont ses titres les plus connus, on lui en doit d’autres moins célèbres mais pas moins intéressants, comme Yellow Dog Blues. La chanson serait justement inspirée de sa rencontre en 1903 à Tutwiler avec un bluesman local, qui parle dans son texte d’un croisement de deux lignes ferroviaires. Les choses ne sont pas très bien établies mais l’une d’elles serait la Yazoo Delta, lancée en 1897 entre Moorhead et Ruleville et prolongée peu après jusqu’à Tutwiler. Dès lors le musicien décrit par Handy en 1903 pourrait très bien parler de cette ligne dans sa chanson. Les locaux se seraient également inspirés des initiales de la Yazoo Delta (Y et D) pour la surnommer Yellow Dog, donnant au blues une de ses premières évocations du thème du train… J’ai retenu pour mon émission la belle version de Yellow Dog Blues gravée en 1927 par le chanteur et guitariste Sam Collins (dont les faces sont rassemblées sur « Complete Recorded Works in Chronological Order 1927-1931 », Document, 1990).

 

Du zydeco et une découverte (en tout cas pour moi) pour notre réédition de la semaine, avec le chanteur et accordéoniste Brian Jack et ses Zydeco Gamblers, et son disque ressorti par son propre label Brian Jack Productions, « Give Me Some Room ». En fait, c’est une réédition qui ne nous ramène pas très loin en arrière pour une fois car le disque original date de l’an 2000. Mais comme le précise Philippe Sauret dans sa chronique dans le numéro 234 de Soul Bag actuellement en vente, il était devenu introuvable… À l’époque de la sortie de l’album, Brian Jack, dont c’est d’ailleurs le vrai nom, n’avait qu’une vingtaine d’années car il est né le 10 août 1979. Il vient de Dayton au Texas, pas très loin de Houston où il concentrera d’ailleurs ensuite son activité. Il a d’abord appris la guitare avant d’être au contact du zydeco, avec un oncle qui avait un groupe dans lequel il jouera ensuite, tout en se mettant également à l’accordéon.

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Cette immersion active dans le monde de la musique explique sa précocité, d’autant qu’il a formé un groupe dès qu’il s’est estimé assez compétent à l’accordéon, The Zydeco Two-Step. Puis le nom changea pour devenir les Zydeco Gamblers, et le premier disque dont il est question aujourd’hui sortit donc peu après. Mais en écoutant cet album, on a du mal à croire que Brian Jack soit quasiment un débutant. Sa musique est parfaitement en place, l’accompagnement est efficace et cohérent, pour un ensemble parfaitement dans l’esprit au service d’un zydeco traditionnel contemporain, avec quelques reprises mais surtout des compositions qui montrent une belle maturité. Brian Jack, qui compte aujourd’hui une demi-douzaine d’albums, est un artiste à découvrir. Je vous propose comme échantillon dans mon émission un extrait de sa réédition, qui est aussi une composition personnelle, Mud Fish Special.

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