Nouveauté semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Little Willie Anderson (rubrique « Un blues, un jour »), et le Hot 8 Brass Band (rubrique « Nouveauté de la semaine »).

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Birdland Recording Studio, Chicago, 8 juillet 1979. © : Jim O’Neal / Bob Corritore.

Je vous propose de nous arrêter aujourd’hui sur Little Willie Anderson dont l’histoire est vraiment très originale. En effet, ce chanteur et harmoniciste né le 21 mai 1921 a littéralement vécu dans l’ombre d’un géant absolu de l’instrument, Little Walter, auquel il servit de valet, de chauffeur, d’ami et même de remplaçant sur scène quand celui-ci faisait défaut. Pourtant, il est né bien avant, neuf ans plus tôt, à West Memphis en Arkansas, où il a appris l’harmonica avec son père, et sa première influence était plutôt Sonny Boy Williamson, très tôt actif dans sa région natale. Et quand il est arrivé à Chicago en 1939, Little Walter n’avait que 9 ans…

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Steve Cushing, Eddie Taylor et Little Willie Anderson, B.L.U.E.S., Chicago. © : Steve Cushing / Bob Corritore

Mais à force de le fréquenter, Anderson s’est le plus souvent contenté de l’imiter, ce qui l’a totalement privé de mener une carrière sous son nom ! Dans les années 1950 et 1960, années les plus prospères du blues moderne puis du West Side Sound à Chicago, Anderson n’a pas enregistré la moindre face, ce qui est franchement incroyable, car à l’époque, même les bluesmen les moins connus arrivaient au moins à sortir quelques singles. Après la mort de Walter en 1968, il ne cherche pas davantage à lancer sa carrière, mais en 1975, il parvient quand même à graver quelques faces. Hélas, un problème technique empêche leur sortie…

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© : Discogs

Heureusement, en 1979, Bob Corritore parvient à lui faire enregistrer sur son label Best of Blues un album complet qui ressortira ensuite chez Earwig, « Swinging the Blues », sur lequel il est entouré de grands musiciens dont Robert Lockwood, Jr. et Sammy Lawhorn aux guitares, et Fred Below à la guitare. Non seulement c’est un disque remarquable sur lequel la voix râpeuse et l’harmonica inventif d’Anderson font merveille, mais de plus il ne reprend qu’un seul morceau de Little Walter ! Comme quoi… Little Willie Anderson fera encore quelques chansons, toujours en 1979, qui se retrouveront sur une compilation (« Blues from Chicago », Violet, 1981), mais ensuite rien d’autre jusqu’à sa mort le 20 juin 1991 à 70 ans. Dans mon émission, je vous propose d’écouter un extrait de son unique album, ça s’appelle West Side Baby.

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© : Discogs

 

Je vous propose une nouveauté de la semaine très originale avec le Hot 8 Brass Band. C’est seulement la deuxième fois que je passe un brass band dans cette émission, depuis le février 2019 avec Kirk Joseph (voir mon émission et mon article), une de ces formations typiques de la Louisiane et notamment de La Nouvelle-Orléans, qui se caractérisent avec leurs cuivres comme le tuba et le sousaphone. Le Hot 8 Brass Band se distingue par son modernisme et sa musique certes teintée de jazz, mais il intègre aussi des ingrédients venus du R&B, du funk et du hip-hop. Il vient de sortir chez Tru Thoughts un EP, en fait un petit album qui ne compte que 5 titres et s’appelle « Take Cover ». Et il est effectivement question de covers, des reprises en français…

En lisant la liste des morceaux, on se dit qu’on est loin du blues avec une reprise de Joy Division, deux compositions de Rod Temperton pour George Benson (Give Me the Night) et Michael Jackson (Baby Be Mine), et encore deux autres du même Jackson et de ses frères… Mais on est très loin de la reprise scolaire et fidèle, de l’imitation si vous préférez. Ce sont de véritables adaptations complètement réarrangées à la sauce brass band si je peux m’exprimer ainsi. C’est plein de fraîcheur, d’envie et d’une sorte de swing irrésistible. Je me suis vraiment laissé transporter par ces relectures qui nous font oublier les versions originales, ce qui n’est jamais facile. Voilà pourquoi je souhaite vous faire découvrir ce dont les membres du Hot 8 Brass Band sont capables, tout en étant bien conscient qu’il ne s’agit pas de blues à proprement parler. Je vous propose d’écouter dans mon émission leur version du Shake Your Body (Down to the Ground) des frères Randy et Michael Jackson.

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© : Deejay