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Je viens d’écouter le dernier CD de Jimmy « Duck » Holmes, « Cypress Grove », sorti le 18 octobre chez Blue Eye Sound. Holmes est un des bluesmen les plus en vue de ces quinze dernières années, et le meilleur représentant en activité du blues de Bentonia. Cette modeste bourgade du Mississippi se cache à l’écart de la route principale entre Yazoo City au nord et Jackson au sud. Né Jimmy Charles Holmes dans cette localité le 22 juillet 1947, le bluesman doit aussi sa renommée au Blue Front Cafe, le club fondé par ses parents en 1948 et dont il s’occupe depuis 1970. Grâce à son statut de dernier juke joint traditionnel du Mississippi, le club attire chaque année de très nombreux amateurs de blues venus du monde entier. Mais Holmes n’aurait pas eu besoin du Blue Front Cafe pour se faire connaître, tant son talent d’interprète est édifiant…

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Jimmy « Duck » Holmes pose devant le Blue Front Cafe à Bentonia. © : Claire Bangser / Resource.

C’est en effet un chanteur et guitariste de tout premier ordre, dont la discographie (neuf albums à ce jour) est d’un très haut niveau uniforme. Son blues est profondément original, émouvant et habité, dans la plus pure tradition de l’école dite de Bentonia dont Skip James et Jack Owens furent sans doute les acteurs les plus connus. Je m’étais un peu attardé sur les caractéristiques de ce blues de Bentonia, justement en évoquant Owens, dans mon émission du 9 février 2019 et dans l’article correspondant sur ce site. Le jeu de guitare de Holmes, à la fois complexe et syncopé, s’inscrit bien dans cette tradition singulière, mais il est peut-être encore plus impressionnant au chant avec sa voix véritablement hantée qui s’empare de l’auditeur, saisit et bouleverse.

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Sur ses huit précédents CD, Holmes restait dans un registre très ancré dans le blues de Bentonia. Mais avec ce « Cypress Grove », certes sans trahir son passé ni son héritage, il s’engage dans de nouvelles voies, notamment sur celle d’un courant également hypnotique, le Hill Country Blues. Ceci n’est guère surprenant quand on apprend que la réalisation de l’album a été confiée à Dan Auerbach des Black Keys, qui le sort donc sur son label Blue Eye Sound. On peut ne pas être fan des Black Keys, mais force est de reconnaître qu’Auerbach manque rarement son coup quand il s’associe à des bluesmen, et c’est une fois de plus le cas. D’autant que le groupe s’appuie sur une rythmique quasi parfaite composée d’Eric Deaton à la basse (l’ancien comparse de Junior Kimbrough – notamment – est formidable de bout en bout) et de Sam Bacco à la batterie aux percussions, sans oublier Auerbach lui-même à la guitare, dont les interventions bien senties ne cannibalisent pas l’ensemble. Le disque ne compte que trois compositions sur onze morceaux, mais le traitement réservé aux reprises (Cypress grove, Catfish blues, Goin’ away baby, Rock me, Little red rooster…) ne les trahit jamais, bien au contraire, il les régénère… Dans la mesure où je suis chargé de rédiger la chronique de ce CD dans le numéro 237 de Soul Bag à paraître mi-décembre, je ne vous en dirai pas plus ici, sinon que l’achat et très recommandable ! Mais en bonus, je vous propose ci-dessous deux extraits audio de cet album (tirés de la chaîne YouTube de Blue Eye Sound), Hard times et Two women.

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