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Le chanteur et guitariste de Chicago Eddie C. Campbell, auteur en 1977 du génial album « King of the Jungle », nous a donc quittés avant-hier 20 novembre 2018 à l’âge de 79 ans. Après une attaque qui l’avait laissé paralysé du côté droit, Campbell avait stoppé sa carrière, se contentant d’apparitions ponctuelles, mais il n’était que l’ombre de l’artiste flamboyant que nous avions connu… Né le 6 mai 1939 à Duncan, Mississippi, il s’installa à Chicago au milieu des années 1940, avant de devenir une figure du blues de la ville, notamment dans le style du West Side, même s’il n’aimait pas être catalogué. Il est vrai que son jeu de guitare immédiatement reconnaissable, avec des notes cinglantes qui claquaient comme des coups de fouet, en font un artiste à part et un des plus beaux stylistes de l’instrument de sa génération. Longtemps accompagnateur et très demandé, il enregistra son premier album sous son nom plutôt tardivement, en 1977, mais ce « King of the Jungle » est aujourd’hui reconnu comme un disque majeur. Ceux qui suivront, ainsi que ces prestations scéniques toujours pleine d’invention, confirmeront son statut. Je ne vais pas m’attarder ici sur sa biographie, que je détaille plus longuement dans l’hommage publié aujourd’hui sur le site de la revue Soul Bag. Vous trouverez également ici mon article intégral sorti dans le numéro 199 de Soul Bag en 2010, suite à une interview de l’artiste réalisée le 6 décembre 2009 en préambule de la Nuit du Blues de Bagneux en région parisienne. Enfin, pour être complet, voici une sélection de mes disques préférés de Campbell, sachant qu’il n’a rien fait de négligeable…

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« Chicago/The Blues Yesterday! – Volume 2 », compilation tirée de la remarquable série Blue Eye de Gérard Herzhaft. La sélection propose cinq titres très rares issus des singles enregistrés par Campbell en 1968.

– « King of the Jungle » (1977). Sorti à l’origine chez Mr. Blues puis réédité par Rooster, le premier album d’Eddie C. Campbell fut un coup de maître. Entouré des musiciens de Willie Dixon (Carey Bell à l’harmonica, Lafayette Leake au piano, Bob Stroger à la basse et Clifton James à la batterie), le bluesman délivre un disque inspiré marqué par le West Side, auquel il apporte sa touche personnelle avec son jeu de guitare aux nuances irréelles et sa voix grave pleine de maîtrise. Même si les registres diffèrent, par son importance dans l’histoire du blues moderne (et son impact sur moi !), ce disque me ramène à celui de Fenton Robinson, « Somebody Loan Me a Dime » (1974, Alligator). Pas nécessairement plébiscités lors de leur sortie, tous deux seront ensuite considérés comme d’authentiques chefs-d’œuvre…

 

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– « That’s When I Know » (1994, Blind Pig). J’avais « redécouvert » Campbell avec cet album. Écoute après écoute, il révèle toutes les subtilités et la richesse de la musique du bluesman, au point d’incarner parfaitement à la fois son style original et sa personnalité.

 

Tear

– « Tear This World Up » (Delmark, 2009). Sorti peu avant notre interview, nous en avions parlé ensemble « off the record ». Un disque plus audacieux que d’autres, sur lequel il démontre que son jeu de guitare peut se faire plus « terrien ». Il cède même à un titre acoustique traditionnel, simplement appelé Bluesman

 

Spider

– « Spider Eating Preacher » (Delmark, 2012). Avec Lurrie Bell (guitare sur deux titres et harmonica sur un autre), et surtout trois cuivres sur plusieurs morceaux, mais aussi sa femme Barbara à la basse, son fils David au violon… Un CD varié et efficace avec un Eddie C. Campbell en verve et en belle forme à 72 ans, qui s’essaie aussi à l’harmonica sur deux morceaux, et auteur de douze compositions sur quinze titres. Comme quoi il avait encore bien des choses à dire…

Crédit image en ouverture : Alain Chassaing / Soul Bag