Réédition semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Bob Stroger (rubrique « Un blues, un jour ») et John Brim (rubrique « Réédition de la semaine »).

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Bob Stroger (à l’extrême gauche) avec Mississippi Heat. © : Alchetron.

Pour la rubrique « Un blues, un jour » de mon émission, j’ai retenu le bassiste Bob Stroger, qui fête aujourd’hui ses 88 ans ! Même si quelques sources persistent à mentionner qu’il serait né en 1939, on peut affirmer selon les plus récents éléments disponibles qu’il a bien poussé son premier cri le 27 décembre 1930, à Hayti dans le Missouri. Arrivé à Chicago en 1955, il est plongé d’emblée dans l’univers du blues car il habite à l’arrière d’un célèbre club du West Side, le Sylvio’s ! Il forme son premier groupe, les Red Tops, avec son beau-frère le batteur Johnny Ferguson, puis la formation change de nom et adopte le curieux nom de Joe Russell Blues Band, d’après en fait un pseudonyme de Ferguson. Stroger se produit aussi avec J. B. Hutto, puis il fait en 1959 une première rencontre importante en la personne du remarquable chanteur et guitariste, avec lequel il restera au moins une quinzaine d’années.

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© : Pinterest.

Ceci dit, Stroger quitte peu Chicago car la musique ne lui suffit pas pour vivre, il a un autre emploi au quotidien. Ainsi, quand Eddie King devient le guitariste attitré de Koko Taylor et part en tournée avec la célèbre chanteuse, il ne peut suivre et continue d’écumer les clubs de la Windy City. Ce sera peut-être un mal pour un bien, car au fil des décennies, il va devenir un des bassistes les plus demandés de la ville, et la liste de ses collaborations serait longue et bien fastidieuse. Je me contenterai donc d’esquisser les lignes principales de son parcours édifiant. Après Eddie King, il entretient des relations privilégiées avec Otis Rush, puis apparaît de façon suivie avec Sunnyland Slim, joue le rôle de bassiste « maison » pour les tournées de l’American Blues Festival des années 1980, avant de devenir membre du groupe Mississippi Heat. Il se sera aussi distingué en jouant avec de très grands batteurs comme Fred Below, S. P. Leary, Odie Payne, Sam Lay ou encore Willie Smith. De cette manière, il fit partie des meilleures sections rythmiques de Chicago durant des décennies, et il continue car il n’est a priori pas à la retraite malgré son âge !

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© : Discogs

Aujourd’hui véritable légende, Stroger, qui est également un bon chanteur, trouvera le temps d’enregistrer quelques albums sous son nom à partir des années 2000, dont l’excellent « In The House – Live at Lucerne » (Crosscut, sorti en 2002 mais enregistré en 1998 lors du festival suisse) et « Bob Is back in Town » (Airway, 2006, avec Deitra Farr, Steve Freund, Kenny Smith…), que je n’ai pas écouté. Histoire de continuer sur la voie empruntée dès ses débuts, il s’accompagne sur son dernier album à ce jour, d’ailleurs plutôt réussi, « Keepin’ Together » (Big Eye, 2014), de Kenny Smith, fils de Willie et parmi les meilleurs batteurs actuels ! J’ai choisi pour mon émission un bon gros shuffle bien enlevé tiré de l’album live de Lucerne, qui s’appelle Talk to Me Mama.

 

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© : AllMusic

Ma réédition de la semaine en deuxième partie d’émission n’est pas très récente, elle date du mois de juin dernier… Mais ces rééditions ne sont pas nécessairement des nouveautés, certes je les choisis si elles sont sorties dans les 12 derniers mois, mais ce sont d’abord des coups de cœur… Et là, je suis particulièrement satisfait d’évoquer un bluesman important mais très sous-estimé ou méconnu, en l’occurrence John Brim, auquel le label Jasmine a donc consacré une anthologie de 27 morceaux intitulée « Detroit to Chicago – The Tough Blues 1950-1956 ». Elle porte sur la période 1950-1956, la plus intéressante de ce chanteur et guitariste né le 10 avril 1922 à Hopkinsville dans le Kentucky. Il a aussi vécu à Indianapolis puis il a déménagé à Chicago en 1947. Il a alors rencontré sa future femme Grace, qui chante, joue de l’harmonica et de la batterie ! Ils enregistreront d’ailleurs de belles choses ensemble à partir de 1950…

Dans les années 1950, John Brim s’accompagne régulièrement des meilleurs bluesmen de cette époque que l’on appelle souvent à juste titre l’âge d’or du blues moderne. En 1953, il grave le morceau Ice Cream Man, qui sera repris par le groupe… Van Halen ! Avec sa belle voix traînante, sa guitare expressive, rustique et presque brutale et surtout ses textes inspirés, il est assurément au niveau des meilleurs. Mais la concurrence est rude et Brim disparaît à partir des années 1960 pour ne revenir qu’à la fin des années 1980. Il trouve d’ailleurs le temps d’enregistrer deux albums consistants, « The Ice Cream Man » (Tone-Cool, 1994) et « Jake’s Blues » (Anna Bee, 2000), ainsi qu’un autre qu’il partage avec Pinetop Perkins, « John Brim and Pinetop Perkins – Chicago Blues Session Volume 12 » (Wolf, sorti en 1998 mais enregistré en 1989 avec aussi Billy Branch, John Primer et Willie Kent), puis décède en 2003 à l’âge de 81 ans. La réédition Jasmine est une véritable aubaine pour découvrir ou redécouvrir ce grand bluesman d’une période clé du blues moderne. Elle le voit évidemment en très belle compagnie, et à ce titre, la liste des musiciens présents sur le morceau de mars 1953 que j’ai choisi pour mon émission donne le tournis : Little Walter (hca), les frères Louis et Dave Myers (g), Willie Dixon (b) et Fred Below (dm) ! La chanson très bien nommée s’intitule It Was a Dream.