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Au programme de mon émission sur YouTube, Kim Wilson, (rubrique « Un blues, un jour »), et James Cleveland (rubrique « Les temps du gospel »).

Le chanteur et harmoniciste Kim Wilson est né à Détroit le 6 janvier 1951, il fête donc ses 68 ans aujourd’hui. S’il est originaire du Michigan, il a en fait grandi à Goleta, une ville californienne dans la région de Santa Barbara. Ses parents sont chanteurs mais ils font dans la pop, et si leur fils apprend le trombone et la guitare, il ne sera pas au contact du blues avant sa fin de lycée. Ses premières influences se rattachent au blues moderne de Chicago (il citera toujours Muddy Waters, lequel en retour ne tarissait pas d’éloges à son sujet), mais il s’intéresse aussi aux sonorités du Swamp Blues louisianais. Ce qui explique sans doute la richesse et la variétéde son jeu d’harmonica qu’il saura adapter au gré des styles, il peut sonner roots tout en faisant preuve d’un modernisme très libre et inventif.

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Les Fabulous Thunderbirds en 1986. De gauche à droite : Jimmie Vaughan, Kim Wilson, Preston Hubbard et Fran Cristina. © : Ebet Roberts/Redferns/Getty / Rolling Stone.

Après la Californie, Kim Wilson a déménagé à Austin, où la grande aventure des Fabulous Thunderbirds commence en 1974, avec un guitariste également exceptionnel en la personne de Jimmie Vaughan. Les deux premiers albums du groupe, très ancrés dans le blues, « The Fabulous Thunderbirds » (Chrysalis, 1979) et « What ‘s the Word » (Benchmark, 1980) sont recommandables sans réserve. J’ai aussi toujours aimé le troisième « Butt Rockin’ » (Benchmark), avec une formation plus étoffée et cuivrée, qui démontrait une belle capacité à se renouveler en flirtant par moments avec le R&B. Après le succès mondial de « Tuff Enuff » en 1986 chez Epic, puis le départ de Jimmie Vaughan trois ans, j’avoue avoir un peu décroché de la discographie du groupe. Les changements très fréquents de personnel et une tendance au durcissement de la musique qui s’orientait de plus en plus vers le blues rock et même le rock expliquent sans doute cette sensation, mais ce n’est bien sûr que ma perception…

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© : Discogs.

Cela n’empêche pas Kim Wilson, par ailleurs retourné en Californie, de maintenir contre vents et marées le navire à flot, dont le parcours se poursuit d’ailleurs de nos jours. Et force est de constater qu’au fil des décennies, les Fabulous Thunderbirds compteront d’autres excellents guitaristes dans leurs rangs, dont Duke Robillard, Kid Ramos, Nick Curran, Kirk Fletcher et actuellement Johnny Moeller. De son côté, Kim Wilson mène une carrière solo des plus intéressantes avec plusieurs albums à son actif, de multiples collaborations et d’incessantes tournées, et il fait partie des harmonicistes les plus respectés de notre époque. Dans sa discographie, je conseille « That’s Life » (Antone’s, 1994), « Lookin’ For Trouble! » (M. C., 2003), et son dernier album sorti en 2017 chez Severn « Blues and Boogie – Vol. 1 », sur lequel il a de beaux invités dont Big Jon Atkinson et Billy Flynn (g), Larry Taylor (b), ainsi que les regrettés Barrelhouse Chuck (kbds) et Richard Innes (dm), tous deux décédés juste après l’enregistrement. J’ai d’ailleurs choisi pour mon émission un extrait de ce disque, Blue and Lonesome.

 

 

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© : Discogs

C’est un hasard, mais pour la rubrique gospel du dimanche, nous n’allons pas quitter la date du 6 janvier. En effet, le 6 janvier 1962, James Cleveland est entré en studio pour le label Savoy avec les Gospel Chimes, afin d’enregistrer de quoi compléter un album de 10 morceaux simplement intitulé « James Cleveland with the Gospel Chimes ». Originaire de Chicago où il est né James Edward Cleveland le 5 décembre 1931, il a débuté dans une église où officiaient Thomas A. Dorsey, célèbre chanteur et pianiste très connu sous le nom de Georgia Tom, et qui fut un pionnier essentiel du gospel dès les années 1920. Il fut donc d’emblée à très bonne école et se forgea dès l’adolescence sa voix grainée caractéristique qui en fera un baryton impressionnant. Au début des années 1950, il croise fréquemment des membres de la famille du révérend C. L. Franklin dont la jeune Aretha. Il apparaît successivement avec les Gospelaires, Roberta Martin (des Roberta Martin Singers), Albertina Walker et les Caravans. Au contact de ces grands du gospel dont il deviendra bientôt un membre éminent, il étoffe son bagage et s’impose comme pianiste et chanteur, mais aussi comme compositeur et arrangeur.

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© : Getty / Getty / praisecleveland.com

La signature pour Savoy correspondra à peu près au début de l’apogée de sa popularité et il deviendra dans les années 1960 un des plus gros vendeurs de disques de gospel de l’histoire, notamment avec l’album live « Peace Be Still », enregistré en 1963 avec The Angelic Choir et paru l’année suivante. Selon Jason Ankeny dans sa biographie sur Allmusic, James Cleveland est dans les années 1960 la plus importante figure du gospel apparue depuis Mahalia Jackson, et il vend cinq fois plus d’albums que ses pairs, à une période, il convient de le préciser, où cette musique est extrêmement populaire. Désormais surnommé le « King of Gospel », il enregistre substantiellement sans connaître de baisse significative de popularité, jusqu’à sa mort le 9 février 1991 à 59 ans. Parmi ses multiples récompenses, il obtiendra 4 Grammy Awards et sera le premier artiste de gospel à avoir son étoile sur le Hollywood Walk of Fame. Pour mon émission, j’ai pris un titre tiré de la séance du 6 janvier 1962, qui ne fit pas partie de l’album et ne sortit qu’en single, Deep Down in My Heart.

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© : YouTube.