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Au programme de mon émission sur YouTube, Josh White (rubrique « Un blues, un jour ») et le Golden Gate Quartet (rubrique « Les temps du gospel »).

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Blind Tom Wiggins en 1859, à 10 ans. © : Wikipedia.

L’émission du jour revient sur un événement datant du 20 janvier 1941. Mais plus près de nous, lors de ses deux mandats, Barack Obama invita à plusieurs reprises des grandes figures des musiques afro-américaines à se produire lors d’événements à la Maison Blanche ou pour ses investitures. Une habitude qui ne risque pas de se poursuivre avec l’actuel président… Quoi qu’il en soit, cet usage n’a rien de récent car on en trouve trace dès 1859 (ou 1860), soit avant la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage, quand le pianiste Thomas Greene « Blind Tom » Bethune (1849-1908) se produisit à la Maison Blanche devant le président Tom Buchanan. Né en fait Thomas Wiggins, il fut vendu avec ses parents esclaves à la famille du général Bethune qui le renomma selon la pratique de l’époque. Aveugle de naissance, c’était un enfant prodige qui deviendra un grand interprète et compositeur de musique classique malgré son autisme. Sa sidérante virtuosité en fit une incroyable attraction, et avant même d’aller rencontrer Buchanan, ses performances généraient des revenus très élevés (on parle de 100 000 dollars par an, soit l’équivalent de 3 millions de dollars actuels), et certaines sources affirment qu’il fut le pianiste le mieux payé du XIXe siècle !

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Le boxeur Joe Louis, Eleanor Roosevelt, Josh White et son fils Josh, Jr., 1945. © : PorterBriggs.

Un peu plus tard, en 1882, devant le président Chester Alan Arthur, les Fisk Jubilee Singers représentaient déjà les musiques afro-américaines avec leurs spirituals. D’autres artistes suivirent, essentiellement issus de l’opéra et de la musique classique. Mais le 20 janvier 1941, lors de l’investiture du président Franklin Delano Roosevelt, le chanteur et guitariste Josh White (1914-1969) devint le premier bluesman à entrer dans ce cercle. White enregistra dès l’adolescence à la fin des années 1920, notamment comme accompagnateur de Blind Joe Taggart en 1928, puis sous son nom à partir de 1932. Originaire de Caroline du Sud, il s’exprimait dans un registre proche de l’East Coast Blues et se fit surtout très vite connaître pour ses textes particulièrement engagés contre la ségrégation. À compter de 1940, il développa une relation étroite avec le président Roosevelt et sa femme Eleanor, qui devinrent les parrains de son fils Josh, Jr., né le 30 novembre 1940 de la même année. Il était donc tout naturel de le retrouver à l’investiture de Roosevelt le 20 janvier 1941… Et quelques mois plus tard, White sortira un album de six titres s’élevant contre la ségrégation, « Southern Exposure ». J’en ai retenu un extrait pour mon émission, Hard Times Blues.

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© : Discogs

 

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© : app

Le Golden Gate Quartet était donc présent le même jour avec Josh White lors de l’investiture présidentielle, ce qui tombe bien car nous sommes dimanche, jour de la rubrique « Les temps du gospel » ! Si Roosevelt fut un président qui agit en faveur des Noirs, son épouse Eleanor s’engagea également beaucoup pour la cause et les droits des Afro-Américains, jouant un rôle important dans le domaine auprès de son mari et de son administration. En outre, elle aimait particulièrement le gospel et le Golden Gate Quartet, qu’elle avait déjà vu auparavant au Café Society à New York. Elle intervint donc sans doute en faveur de la présence de ces artistes, et ma connaissance, elle n’eut aucune difficulté pour convaincre son mari de mettre la formation au programme.

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Entrer une légende

J’aurais sans doute d’autres occasions de revenir sur ce groupe de gospel fondé en 1931, toujours en activité et qui est peut-être le plus connu au monde. Mais pour illustrer tout cela, je n’ai pas pris un morceau de 1941, à une époque où le groupe était pourtant au faîte de sa popularité. J’ai préféré un extrait plus récent en public qui date de 1967, une chanson que j’adore et dont je ne me lasse pas, Joshua Fit the Battle of Jericho.