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Au programme de mon émission sur YouTube, Cash McCall (rubrique « Un blues, un jour »), et Watermelon Slim (rubrique « Top of Blues »).

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© : Discogs

Cette première partie d’émission est consacrée à Cash McCall, né le 28 janvier 1941, qui fête donc aujourd’hui ses 78 ans. Sans doute relativement peu connu des amateurs de blues, McCall a longtemps travaillé comme accompagnateur, compositeur et même producteur, et il est également passé par le gospel et la soul avant le blues. On aurait toutefois tort de négliger son importance et ses aptitudes artistiques, car Cash McCall se distingue avec une guitare incisive et subtile, ainsi qu’un chant puissant mais très expressif. Il est en fait né Morris Dollison, Jr. à New Madrid dans le Missouri, mais au gré des emplois de son père, il passe une partie de son enfance à Chicago puis dans le Mississippi. Après son service militaire, il opte toutefois pour s’installer dans la Windy City où vivent d’autres membres de sa famille. Il débute en chantant du gospel au début des années 1960, notamment en 1964 dans la même formation qu’un certain Otis Clay, les Gospel Songbirds, et apparaît comme accompagnateur sur des singles d’autres groupes de gospel dont les Pilgrim Jubilee Singers. L’année précédente, il avait également enregistré son premier single sous son nom de naissance, Morris Dollison.

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Au Chicago Blues Festival, 2015. © : Joao Eduardo Figueiredo.

Il retrouve plus tard Otis Clay pour lequel il coécrit ce qui sera son premier succès en 1967, That’s How It Is (When You’re In Love). En 1966, il sort une chanson orientée soul R&B, When You Wake Up, qui marche bien, mais son label Thomas Records la publie sous le nom de Cash McCall sans le prévenir ! Du coup, il conservera ce pseudonyme ! Petit à petit, il va se rapprocher du blues, notamment en rencontrant Willie Dixon qui lui permet de se faire engager comme compositeur pour Chess et sa filiale Checker. Il aurait ainsi travaillé avec Etta James, Little Milton, Muddy Waters, Koko Taylor… En 1974, il sort un premier album pour Paula, « Omega Man », dans un registre toutefois très ancré dans le R&B et le funk, et s’installe peu après à Los Angeles, où les opportunités lui semblent plus nombreuses. Et en 1983, avec « No More Doggin’ » (L+R) et surtout cinq ans plus tard « Cash Up Front » (Stone), il prouve avec brio tout son crédit dans le domaine du blues.

Il continue par ailleurs de travailler avec Dixon (il est en 1988 sur son album « Hidden Charms »récompensé d’un Grammy Award), avec Big Twist and the Mellow Fellows, lors de tournées avec les musiciens de ce dernier, enfin comme producteur. Vivant à Memphis ces dernières années, il n’avait pourtant rien enregistré sous son nom depuis une bonne trentaine d’années. Ce fut donc une surprise d’apprendre son grand retour discographique, chez Blind Racoon avec un album qu’il partage avec un autre vétéran, Benny Turner, « Going Back Home », avec Billy Branch en invité. Né en 1939, Turner n’est autre que le frère cadet d’un certain Freddie King, dont il fut le bassiste avant de se consacrer aussi à la guitare. Un disque sorti il y seulement quelques jours et que je n’ai toutefois pas écouté… Pour revenir à Cash McCall, j’ai choisi pour mon émission un titre enregistré en public en 1985 lors de la tournée de l’American Folk Blues Festival, I Can’t Quit You Baby.

 

Pour ce nouveau « Top of Blues », je m’arrête sur le Powerblues, le classement des meilleurs albums du mois selon les animateurs du Collectif des radios blues (CRB). Pour ce mois de janvier 2019, le podium du premier Powerblues de l’année se compose de Watermelon Slim pour « Church of the Blues » chez NorthernBlues, Elise and the Sugarsweets pour « It Can’t Go Wrong » (autoproduit) et Peter Karp pour « The American Blues » chez Pepper Cake.

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Vous connaissez sans doute Watermelon Slim, de son vrai nom Bill Homans, figure originale et fort sympathique dans le paysage du blues. Originaire de Boston où il est né en 1949, « Slim la Pastèque » (traduction très libre de son nom d’artiste !) a fait son service comme volontaire au Vietnam durant la guerre (il en reviendra antimilitariste acharné), et le moins que l’on puisse dire, c’est que son parcours n’est pas banal. En effet, tout en exerçant après la guerre les métiers (entre autres) de camionneur, de manutentionnaire, d’employé de scierie ou encore de fermier spécialisé dans la culture de la pastèque, il aurait même goûté au crime organisé… tout en trouvant le temps de décrocher des diplômes en histoire et en journalisme ! Enfin, il a fait partie un temps de l’association internationale Mensa, un cercle plutôt fermé rassemblant des personnes à très haut quotient intellectuel, car elles ont obtenu des résultats supérieurs à ceux de 98 % de la population, comme au fameux QI par exemple. Ainsi, avec un QI de 142, Watermelon Slim serait une sorte de « génie », mais d’après ce que je sais, il accorde peu d’importance à cela…

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Il a participé en 1973 au rarissime album « Merry Airbrakes » (St. George), un disque, je le précise ici, qui n’a que peu à voir avec le blues (Slim apparaît au chant sous son nom de naissance Bill Homans), et qui est un violent pamphlet contre la guerre du Vietnam réalisé par d’anciens participants au conflit. En fait, il se fera vraiment connaître à partir des années 2000 en réalisant plusieurs albums intéressants car très personnels. Il chante d’une drôle de voix qui donne l’impression qu’il a une patate chaude dans la bouche, joue de l’harmonica et de la steel-guitar, mais son instrument est plus proche d’un dobro tenu à plat, et il sonne comme un véritable adepte de la slide typée Delta Blues. Il faut surtout le voir sur scène car il ne manque pas d’humour et adore communiquer avec le public. Pour mon émission, je n’ai pas sélectionné un extrait de son dernier album, car encore une fois c’est quelqu’un qu’il faut voir jouer et chanter « en live ». C’est de toute façon très récent car ça date d’octobre dernier, le morceau a été enregistré pour Blue Kitchen TV et s’appelle Archetypal Blues.