Réédition semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Muddy Waters (rubrique « Un blues, un jour »), et Ivory Joe Hunter (rubrique « Réédition de la semaine »).

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En 1941 avec Henry Sims. © : John Work / Reddit

Avec le 106e anniversaire de la naissance d’un certain Muddy Waters, donc né le 4 avril 1913, il est à nouveau question d’un bluesman les plus influents de cette musique, et une fois encore, je ne vais évidemment pas prétendre vous apprendre quoi que ce soit sur cet immense artiste. Très éventuellement, on peut s’arrêter sur son année et son lieu de naissance : dans le premier cas, des sources (essentiellement françaises mais pas seulement) continuent de citer 1915, mais c’est une erreur et les éléments fiables les plus récents démontrent qu’il est bien né deux ans plus tôt, en 1913, sous le nom de McKinley Morganfield. Pour le lieu, les mêmes sources persistent à citer Rolling Fork mais Muddy Waters a vu le jour à Jug’s Corner, dans le comté d’Issaquena qui se trouve un peu à l’ouest, mais on reste dans le Delta… En revanche, il a bien grandi sur la plantation Stovall non loin de Clarksdale, où sa grand-mère l’a élevé car il a perdu sa mère très tôt.

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© : Popsike

Cette grand-mère le surnommera Muddy dès son enfance car il aimait jouer dans l’eau boueuse d’un cours d’eau proche de la maison familiale. Ce sont là des débuts singuliers pour quelqu’un qui allait faire partie des principaux créateurs de la musique populaire du siècle dernier. Il va en outre ajouter le Waters assez vite à Muddy, dès la seconde moitié des années 1920 quand se produira au chant, qu’il a appris à l’église, et à l’harmonica, son premier instrument qu’il remplacera assez vite par la guitare quand il découvrira la musique de Son House et Robert Johnson. Pourtant, alors qu’il vivait et travaillait sur la plantation Stovall, il sera enregistré par Alan Lomax pour la Bibliothèque du Congrès en 1941 et 1942, mais encore sous le nom de McKinley Morganfield sur les singles originaux. Puis il s’installera donc à Chicago l’année suivante, réalisera ses premiers disques commerciaux sous le nom de Muddy Water, d’abord sans le « s » final, en 1947 pour le label Aristocrat dans lequel les frères Chess ont acquis des parts, et qui deviendra Chess Records en 1950.

Pour Muddy c’est le début d’une aventure incroyable qui va durer plus de 35 ans jusqu’à sa mort le 30 avril 1983 à 70 ans. Je n’irai pas plus loin ici sur les étapes suivantes de son parcours tant ces éléments sont connus, et facilement disponibles sur divers supports, sous formes d’articles en presse écrite ou sur Internet, ou dans de nombreux livres. Sa discographie est d’une exceptionnelle densité et il n’a rien fait de réellement négligeable, mais prétendre établir une sélection n’a pas de sens : par exemple, Discogs lui attribue pas moins de 70 albums (rien qu’à partir de 1960, autrement dit sans ses faces des années 1940 et 1950, absolument fondamentales) et plus de 300 compilations ! Une voix chaude, une guitare slide tranchante, un nombre incalculable de standards, une présence et un charisme incomparables, tout contribue à faire de Muddy Waters le plus célèbre acteur du blues moderne, dont l’influence, qui va bien au-delà du blues, et j’insiste à ce sujet, a marqué la musique du XXe siècle, et continue de nous marquer. Pour mon émission, je me simplement souvenu d’un disque, c’était la première fois que j’entendais Muddy. Il s’agit du « Muddy Mississippi Waters Live » sorti en 1979, et le morceau, emblématique du bluesman, s’appelle Mannish Boy.

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© : Mixdown

 

Pour la réédition de la semaine, je vous propose d’évoquer Ivory Joe Hunter avec une anthologie « Since I Met You Baby and All the Hits – 1945-1958 » sortie chez Jasmine. Elle compte 27 morceaux et couvre donc une période durant laquelle ce beau pianiste-chanteur a obtenu la plupart de ses grands succès. Avec Ivory Joe, il est question de blues californien, de jump blues, de ballades, de boogie-woogie comme tout pianiste qui se respecte et bien sûr de R&B, mais aussi de country music même si ce n’est pas l’objet de cette émission… Il est né le 10 octobre 1914 à Kirbyville au Texas, et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Ivory Joe Hunter est bien son nom de naissance. Il vient d’une famille musicale car sa mère était chanteuse et son père guitariste, mais lui a donc opté pour le piano. Après s’être installé en 1942 à Los Angeles, Hunter a débuté au sein des Three Blazers de Johnny Moore, qui comprenaient aussi un autre excellent pianiste, Charles Brown.

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© : KEDM

Puis il se met plus franchement au R&B à la fin des années 1940, et durant la décennie suivante en signant pour d’importants labels, MGM d’abord, puis Atlantic, avec lesquels il aura donc de nombreux succès. Mais le public se détourne ensuite progressivement de sa musique, et il retrouvera un peu de sa gloire passée à la fin des années 1960 mais dans la country. Il est mort à 60 ans le 8 novembre 1974, des suites d’un cancer du poumon. La compilation Jasmine donne une belle et large idée de son œuvre, avec 20 titres auprès de Johnny Moore, 4 avec son propre groupe les Ivory Tones et 3 avec l’orchestre de Ray Ellis. Ivory Joe Hunter se distinguait avec un jeu de piano très versatile, tantôt dynamique tantôt subtil, qui lui a justement permis de s’imposer dans différents styles, et une voix mélancolique qui pouvait se faire langoureuse, en particulier sur des ballades. D’ailleurs, comme je n’en passe pas souvent dans mon émission, j’en ai choisi une qui date de 1956, A Tear Fell.

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© : YouTube