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Au programme de mon émission sur YouTube, Johnny Shines (rubrique « Un blues, un jour »), et JJ Thames (rubrique « En tournée»).

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© : Eventful

Nous allons parler aujourd’hui de l’un des plus grands bluesmen de sa génération, qui est aussi un de mes favoris, à savoir Johnny Shines, né le 26 avril 1915, il y a donc 104 ans. Mais pour des raisons bien indépendantes de sa volonté, cet immense artiste n’a pu se constituer une discographie à la hauteur de son talent. Il naît John Ned Shines à Frayser en périphérie nord de Memphis, Tennessee. Installé à Memphis dès l’âge de 6 ans, il apprend la guitare avec sa mère, se spécialise d’emblée à la slide et progresse suffisamment vite pour se produire dans les rues dès l’enfance, et plus tard dans de petits clubs. En 1932, à l’âge de 17 ans, il se retrouve à Hughes dans l’Arkansas où les travaux agricoles l’obligent à s’éloigner de la musique, même s’il a rencontré Robert Johnson une première fois en 1934.

Mais l’appel de la musique est le plus fort, et l’année suivante il repart dans cette voie, d’autant qu’il revoit Johnson. Les deux hommes décident de s’associer et vont tourner régulièrement ensemble jusqu’en 1937, ce qui les mène jusqu’au Canada. Cette longue collaboration durant trois ans, même si elle connut sans doute quelques interruptions plus ou moins longues, fait assurément de Shines le compagnon de route le plus proche de Johnson durant sa période la plus créative (1936-1937). Il faut toutefois souligner que si Johnson a justement enregistré tous ses disques pendant cette même période, Shines n’a pas gravé la moindre face. Après la mort de Johnson, Shines continue de tourner et envisage de travailler au Canada, mais il arrive à Chicago en 1941 où il se fixe. La malchance va d’abord s’acharner, car pour diverses raisons plus ou moins scabreuses, ses premiers enregistrements en 1946 et 1950, en outre pour des marques importantes comme Columbia et Chess, ne seront éditées que dans les années 1970. On estime généralement que les labels ont agi ainsi, du moins surtout Chess, parce que Shines risquait de faire trop d’ombre à un certain Muddy Waters…

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Avec Robert Lockwood, Jr. (au premier plan). © : Craig Baird / Pinterest

Ses premières faces seront donc éditées en 1952 pour une marque moins prestigieuse, JOB, quand Shines avait donc déjà 37 ans… Il attendra encore pour véritablement lancer sa carrière en 1965 avec un superbe album partagé avec Johnny Young et Big Walter Horton, « Chicago/The Blues/Today! Vol. 3 » (Vanguard, 1966). Les quatre albums qui suivent, cette fois sous son seul nom, sont absolument exceptionnels : « With Big Walter Horton ‎– Electrifying Performances By Two Masters Of Modern Chicago Blues » (Testament, 1969, enregistré entre 1966 et 1969, avec aussi Otis Spann et Luther Allison), « Last Night’s Dream » (Blue Horizon, 1968, avec encore Horton et Spann, mais aussi Willie Dixon et Clifton James), « Standing at the Crossroads » (Testament, 1971) et le live « Hey Ba-Ba-Re-Bop! » (Rounder, 1979, mais enregistré en 1971). Ces disques mettent parfaitement en lumière ses immenses talents, que ce soit à la guitare slide, dont il reste un des plus époustouflants utilisateurs, qu’au chant, avec une des voix les plus poignantes que je connaisse. Et avec du recul, on se dit que Shines avait bien tout pour concurrencer Muddy Waters… Il sera malheureusement victime en 1980 d’une attaque qui le laissera paralysé d’un côté, l’obligeant dès lors à s’accompagner d’un second guitariste. Mais pour l’avoir vu en 1989 avec David Evans, je peux certifier qu’il avait conservé toutes ses capacités vocales… Johnny Shines nous a quittés le 20 avril 1992 à 77 ans. Je vous propose de l’écouter dans mon émission en 1974 avec son classique Ramblin’. L’incarnation du blues…

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© : WTUG

 

Je consacre cette page « En tournée » à JJ Thames, une chanteuse en vue ces dernières années, dont la destinée chez nous est prise en main par Soul Shot. En termes de tournées en France, il faut saluer le travail de cette agence gérée par le très sympathique Fabrice Bessouat, par ailleurs excellent batteur de son état. La liste des artistes dont s’occupe Soul Shot n’a cessé de s’élargir et comprend aujourd’hui des artistes de la stature de Guy King, Curtis Salgado, John Németh, Sax Gordon et d’autres encore, sans oublier donc JJ Thames dont il est question aujourd’hui. Cette chanteuse vient de Détroit mais elle se fait appeler « The Mississippi Blues Diva ». Il est vrai qu’elle s’est installée très jeune à Jackson, la capitale du Mississippi, où elle a grandi et débuté sa carrière musicale, avant de collaborer notamment avec Eddie Cotton.

JJ Thames est indiscutablement une révélation récente, déjà du fait de son implication vocale, mais aussi pour sa présence et son exubérance scéniques. Son dynamisme et son énergie sont vraiment contagieux et ses concerts de grands moments de partage et de communion. Depuis 2014, elle a sorti deux albums, « Tell You What I Know » (DeChamp, 2014) et « Raw Sugar »  (Malaco, 2016), et un troisième est annoncé pour cette année, qui s’appellera « Moonchild ». Mais venons aux dates qui nous concernent : JJ Thames sera demain 27 avril à Calais (Pas-de-Calais) dans le cadre du Beautiful Swamp Blues Festival, le 28 au Comptoir des Arts à Bruges en Belgique, le 2 mai à l’Azile à La Rochelle (Charente-Maritime) et le 3 mai à la salle Jacques Prévert à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne). Dans mon émission, je vous propose de l’écouter en 2016 au festival Bain de Blues avec I’d Rather Go Blind.

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© : Roger Berthet / Rhino Jazz