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Un livre sur B.B. King ne laisse jamais indifférent. Mais lorsque j’ai reçu celui-ci en mai dernier (l’ouvrage paraîtra le 5 octobre 2021), je n’ai pu m’empêcher de me dire : « Aah, un livre de plus sur le roi du blues, que peut-il nous réserver de nouveau ? » Mais en consultant le sommaire et après quelques pages, je me suis vite aperçu qu’il s’agissait tout simplement de la première biographie de l’artiste depuis sa disparition en 2015… L’auteur, Daniel de Visé (prix Pulitzer en 2001 avec Su Meck pour I Forgot to Remember – A Memoir of Amnesia), est un passionné de musique, également journaliste pour de grands quotidiens (The Washington PostMiami HeraldChicago Tribune…). Dès lors, il s’arrête pour la première fois sur les dernières années de B.B., et notamment ses ultimes prestations durant lesquelles il apparut diminué, ce qui est parfois douloureux…

En 1950. © : Gilles Pétard / Redferns.

Mais venons au début ! Même en connaissant son histoire, c’est toujours passionnant de se replonger dans ses origines, son enfance, sa famille, ses débuts, la vie dans le Delta des années 1920 et 1930 avant la consécration à Memphis… En outre, de Visé a mené des recherches approfondies qui lui permettent de livrer un ensemble cohérent, très documenté et abouti : bien entendu, B.B. King est au centre du propos, mais l’auteur s’arrête aussi sur le contexte musical et social qui l’entoure. Ainsi, il brosse le portrait d’autres bluesmen de l’époque, surtout du Delta, tout en relevant qu’ils l’influenceront peu. Dès la fin des années 1940, il a déjà un style bien à lui, que ce soit en radio (à Memphis) ou sur ses premiers disques (1949). Plus tard, dans les années 1950 et 1960, son statut ne lui suffit pas pour échapper pas à l’oppression du racisme et de la ségrégation. B.B. a aussi un gros défaut : il gagne beaucoup d’argent mais il flambe presque tout au jeu !

Mais de Visé ne néglige rien pour donner du relief à son personnage, des grands festivals de la fin des sixties aux tournées (première européenne en France à Strasbourg en 1968 !), en passant par le blues blanc britannique, qui lui doit beaucoup tant son influence sera énorme. Plus près de nous, après des événements comme le concert « Live In Africa » en 1974 ou la tournée de 1979 ex-Union soviétique, l’immense popularité de B.B. King ne se démentira jamais. Plus que le roi du blues, il en devint un véritable ambassadeur à travers le monde. C’est écrit dans un anglais très accessible, le style est fluide et l’érudition laisse de la place à l’émotion (c’est vraiment un livre qui nous plonge dans la vie de B.B.), on ne voit pas le temps passer malgré les presque 500 pages… Complété d’une discographie et d’une liste des musiciens l’ayant accompagné sur scène et sur disque, ce livre extrêmement complet ravira tous les fans… et les autres ! Incontournable.

King of the Blues: The Rise and Reign of B.B. King, par Daniel de Visé, Atlantic Monthly Press, anglais, 496 pages, 30 dollars. À paraître le 5 octobre 2021.

Et bien sûr, en prime, une vidéo du maître (il y avait du monde) avec How blue can you get, et cette incroyable scène du changement de corde…

N.B. Ce texte est une adaptation de ma chronique publiée dans le numéro 244 de Soul Bag actuellement en vente.