Alors que j’apprends en parallèle la disparition de Jimmy Johnson, il me faut pourtant d’abord m’arrêter celle de Sam Lay, qui vient de s’éteindre le 29 janvier 2022 à l’âge de quatre-vingt-six ans. Batteur (et très bon chanteur) essentiel, il a mené un parcours en tous points exemplaire depuis ses débuts dans les années 1950, qui dépasse en outre le cadre du blues. Né Samuel L. Lay le 20 mars 1935 à Birmingham, Alabama, il apprend la batterie à quatorze ans puis s’installe au milieu des années 1950 à Cleveland, Ohio, où il forme le Moon Dog Combo puis les Thunderbirds. Il arrive à Chicago en 1959 où Little Walter l’engage, mais c’est au sein de la formation de Howlin’ Wolf qu’il établit sa réputation dès l’année suivante.
Maître du « double shuffle » qui fera école, tout en faisant encore partie du groupe du Wolf, il rencontre en 1963 l’harmoniciste Paul Butterfield et le guitariste Elvin Bishop, et contribue ainsi à la formation du Paul Butterfield Blues Band. Le bassiste Jerome Arnold l’ayant suivi dans « l’aventure », ces artistes forment le premier groupe mixte important de l’histoire du blues. Avec Butterfield et le guitariste Mike Bloomfield qui a rejoint la formation, Sam Lay participe au fameux concert de Newport en 1965 comme accompagnateur de Bob Dylan quand ce dernier passe à l’électrique, événement central dans l’histoire de la musique populaire américaine. Il joue également sur la chanson-titre de l’album « Highway 61 Revisited ». Étonnamment, bien qu’il ait seulement trente ans, Lay connaît alors des problèmes de santé qui l’éloignent de la scène musicale.
Heureusement, il récupère, et on le retrouve au sein des groupes des plus grands à la fin des années 1960, aux côtés de James Cotton, Muddy Waters, Magic Sam… Parallèlement, il enregistre pour la première fois sous son nom, avec trois titres sur la compilation « Goin’ To Chicago » (Testament, 1966), puis avec un album complet « Sam Lay In Bluesland » (Blue Thumb, 1969). Ensuite, en se mettant plutôt au service des autres, il participe à de multiples sessions qui ne favorisent pas nécessairement sa renommée, mais il est un des batteurs les plus respectés et demandés de son époque. Après une collaboration plus suivie avec le Siegel-Schwall Band à la fin des années 1980, il enregistre trois nouveaux albums dont un collectif en hommage à Howlin’ Wolf avec notamment les anciens du Wolf, Eddie Shaw au saxophone et Hubert Sumlin à la guitare (« A Tribute To Howlin’ Wolf », Telarc, 1998). Pour compléter cet article, je vous suggère la lecture de l’hommage publié sur le site de Soul Bag, et de l’écouter en 2002 (avec un certain Bob Stroger à la basse !)…
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