Ce chanteur-guitariste important a débuté sa carrière discographique dès la fin des années 1940, il a accompagné les plus grands (Amos Milburn, Ruth Brown, Lightnin’ Hopkins, Junior Parker, Bobby Bland…), mais il a dû ensuite attendre près de cinquante ans pour vraiment se faire connaître et réaliser des album sous son nom. Il naît John Riley Brown le 22 février 1928 à Ackerman, Mississippi, et apprend la guitare avec son père Clarence, devenu aveugle et qui joue dans les rues après avoir travaillé sur des voies ferrées. La famille s’installe à Houston dans les années 1940 et Brown se produit dans les clubs de la ville dès 1946. Son jeu de guitare s’inspire d’artistes texans entendus à la radio et dans les juke-box comme Clarence « Gatemouth » Brown et T-Bone Walker , mais aussi du jazzman Charlie Christian.
En 1948, il rencontre le pianiste-chanteur Amos Milburn et intègre son groupe, les Aladdin Chickenshakers. Le 6 avril 1949, il entre pour la première fois en studio, et sous le nom de Texas Johnny Brown (même s’il se fait alors appeler Jimmy Brown), il enregistre six chansons chez Atlantic, accompagné par Milburn au piano. Sur une de ces faces, Rain is a bringdown, ils sont rejoints au chant par Ruth Brown, dont c’est la première apparition sur disque ! Texas Johnny Brown retrouvera Ruth Brown, avec laquelle il n’a aucun lien de parenté, le 14 septembre 1949 le temps d’un single pour Atlantic qui ne l’éditera pas. Peu après, en octobre et novembre de la même année, il retrouve Amos Milburn en tant que guitariste. Début 1950, il grave quelques faces avec le saxophoniste Don Wilkerson restés inédites, puis il est appelé sous les drapeaux.
Rendu à la vie civile en 1953, il rejoint Lightnin’ Hopkins avec lequel il enregistre certainement mais sans être crédité, puis devient musicien de studio pour Duke et Peacock, et travaille avec Junior Parker, Buddy Ace, Lavelle White, Joe Hinton, Bobby Bland… Sans doute à la fin des années 1950, il écrit ce qui deviendra son plus grand succès, Two steps from the blues, qui donnera son titre au premier album de Bobby Bland en 1961. En toutes occasions, le style racé et élégant de Brown, marqué par le jazz à l’instar d’autres représentants du blues texano-californien, fait merveille lors de ces sessions, sans toutefois lui permettre de vivre de sa musique. Après quelques titres en 1961 et 1962, il se met donc en retrait et exerce d’autres métiers pour subvenir aux besoins de sa famille : camionneur, manutentionnaire et mécanicien.
La parenthèse se prolonge durant trente ans, jusqu’à sa retraite en 1991. Comme il n’avait jamais complètement abandonné la musique, notamment en se produisant dans les clubs de Houston, il s’y remet sans difficulté et forme sans attendre un groupe, le Quality Blues Band. Après une cassette autopubliée de quatre chansons en 1994, il signe quatre ans plus tard chez Choctaw Creek Records son premier album à soixante-dix ans, « Nothin’ but the Truth », très bien reçu par la critique et nommé l’année suivante aux W.C. Handy Blues Awards. Il est aussi remarqué en 1996 par Soul Bag, qui publie une interview dans son numéro 144. Un second album tout aussi excellent suivra en 2002 pour le même label, « Blues Defender ». Entre-temps, le 22 septembre 2001, il est désigné artiste de blues de l’année lors du Willie Mae « Big Mama » Thornton Blues Festival, et ce même 22 septembre devient le « Texas Johnny Brown Day » à Houston. Brown est donc un artiste très respecté, et en 2011, la Mississippi Blues Trail décide aussi de l’honorer en installant à Ackerman, sa ville natale, une de ses plaques commémoratives, logiquement baptisée « Two steps from the blues ». Texas Johnny Brown continuera de se produire jusqu’à la fin et nous quittera le 2 juillet 2013 à quatre-vingt-cinq ans, des suites d’un cancer du poumon.
Passons maintenant à notre sélection de chansons en écoute.
– The blues rock en 1949. Son premier titre (avec Amos Milburn au piano).
– Rain is a bringdown en 1949 par Ruth Brown avec Texas Johnny Brown.
– I’m gonna stop (foolin’ around) en 1950.
– Snake hips en 1961.
– Baby, please don’t go / Further on up the road / Wall to wall / Love of mine, cassette de 1994.
– Two steps from the blues en 1998.
– Moanin’ and groanin’ en 2002.
– Extrait du concert de son quatre-vingt-cinquième anniversaire en 2013.
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