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Le terme « classe » colle à la peau de certains personnages, jusqu’à laisser croire qu’il fut inventé pour eux. Walter « Wolfman » Washington, qui vient de nous quitter le 22 décembre 2022 à soixante-dix-neuf ans des suites d’un cancer, appartenait assurément à ce cercle. Son allure, sa voix chaude toujours à la limite de l’ébullition et bien sûr son jeu de guitare économique mais pénétrant, tout chez Washington incarnait la classe et le style. Sans compter son aptitude à s’appuyer sur le blues pour créer une musique unique, sorte de recette miracle épicée de pincées de funk, de jazz, de soul et de R&B. En bon Néo-Orléanais. Inimitable. Incomparable. Irremplaçable ? Nul ne l’est dit-on. Mais il n’empêche. Un artiste, un vrai, dans le sens premier du terme, nous regarde désormais d’en haut. Sachons tomber le chapeau et nous incliner.

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Walter Washington naît le 20 décembre 1943 à La Nouvelle-Orléans et débute au chant dans la chorale de sa mère à l’église. Il se bricole ensuite une guitare avant d’acquérir un instrument digne de ce nom, et progresse assez vite pour se produire sur scène en 1962 avec le chanteur Lee Dorsey (1926-1986). Washington apparaît ensuite au sein du All Fools Band, et il signe des singles en 1969 pour les petits labels Power et Scram. Mais sa réputation grandit et il accompagne d’importants artistes de La Nouvelle-Orléans, dont Irma Thomas et surtout Johnny Adams, avec lequel il travaille durant une vingtaine d’années. Les deux artistes s’entendent à merveille, mais cela prive Washington d’enregistrer sous son nom.

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Un premier album paraît toutefois en 1981 pour le label Hep’ Me, « Leader of the Pack », toujours aussi confidentiel. Puis la marque Rounder se souvient de sa collaboration fructueuse avec Adams et publie pas moins de trois albums, « Wolf Tracks » (1986), « Out of the Dark » (1988) et « Wolf at the Door » (1991, qui révèlent son talent singulier. Washington continue ensuite d’enregistrer des albums avec son groupe The Roadmasters et aux côtés de grands artistes néo-orléanais qui le respectent énormément. Mais étrangement, cet artiste connu pour son caractère parfois effacé s’éloigne des studios et privilégie les prestations scéniques. Jusqu’en 2018, quand il signe le formidable « My Future Is My Past (Anti-, lire le numéro 231 de Soul Bag). Ultime merveille d’un artiste immensément talentueux.

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