George Foreman lors de la pesée avant le combat à Kinshasa. En termes de « mensurations », les deux hommes sont très proches : 1,92 m et 100 kg pour Foreman, 1,91 m et 98 kg pour Ali. © : Profil Facebook de George Foreman.

A priori, il n’existe pas de réel rapport entre le blues et l’ancien boxeur George Foreman, qui nous a quittés le 21 mars 2025 à soixante-seize ans. Mais bien des bluesmen ont eu des liens avec la boxe. T-Bone Walker fut un proche de Joe Louis dans les années 1940 (mon article dans le numéro 258 de Soul Bag actuellement en vente), et plusieurs bluesmen ont fait de la boxe, à commencer par Champion Jack Dupree qui doit son surnom à la pratique du noble art dans sa jeunesse. Ce serait surtout oublier le combat mythique qui opposa George Foreman à Muhammad Ali le 30 octobre 1974 au stade du 20-Mai (aujourd’hui stade Tata-Raphaël) à Kinshasa au Zaïre (République démocratique du Congo), et le festival mis sur pied à cette occasion, auquel participèrent entre autres B.B. King et James Brown. Ce double événement organisé en Afrique aura un énorme impact qui dépassera le cadre du sport et de la musique, servira la propagande de Mobutu alors au pouvoir et prendra une valeur hautement symbolique pour les protagonistes venus s’exprimer sur la « terre de leurs ancêtres ».

« Rumble in the Jungle », 8e reprise, 30 octobre 1974, Kinshasa, Zaïre. Le moment où George Foreman tombe sous les coups de Muhammad Ali. Il ne se relèvera pas. © : Keystone / AP / Richard Drew / LFM.

En 1974, le surpuissant Foreman, âgé de vingt-cinq ans (il est né le 10 janvier 1949), est l’indiscutable champion du monde des poids lourds, et le favori face à un Ali censé être sur le déclin à désormais trente-deux ans. Ali déjouera pourtant les pronostics en battant Foreman par KO dans la huitième reprise, devant une foule record de plus de 60 000 spectateurs venus assister au combat baptisé « Rumble in the Jungle » (« baston dans la jungle !). À l’issue du combat, Foreman est anéanti, d’autant que c’est sa première défaite après quarante victoires. Il dispute encore quelques combats mais abandonne la boxe en 1977 et devient pasteur ! Mais l’appel du ring est le plus fort, et en 1987, à trente-huit ans, il décide de reprendre sa carrière. Quelques combats suivent, qui mettent surtout en avant son surpoids et sa lenteur, même si son punch demeure redoutable. Mais il persiste et progresse dans la hiérarchie. Et l’incroyable se produit le 5 novembre 1994 : à quarante-cinq ans et dix mois, George Foreman bat Michael Moorer et redevient champion du monde des lourds ! Il reste évidemment le plus vieux champion du monde de l’histoire de la boxe. Foreman prendra sa retraite définitive en 1997, à quarante-huit ans…

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Pour promouvoir l’événement, un énorme festival se déroule dans le même stade pendant trois jours du 22 au 24 septembre, « Zaire 74 ». Prévu le 30 septembre, le combat fut repoussé d’un mois suite à une blessure de Foreman à l’entraînement, mais le festival fut maintenu aux dates d’origine. Ce fut un « Woodstock noir » qui réunit pas moins de 31 artistes/groupes, 17 du Zaïre et 14 d’autres pays du monde. Je n’en publierai pas la liste complète ici, mais étaient présents B.B. King, James Brown, Etta James, Miriam Makeba, Bill Withers, Lloyd Price, les Spinners, Celia Cruz, Manu Dibango, les Crusaders, Sister Sledge, Tabu Ley Rochereau, Johnny Pacheco… En 2008, Jeff Levy-Hinte réalisera le film Soul Power sur ce festival (bande-annonce). Douze ans plus tôt, en 1996, Leon Gast avait pour sa part réalisé un autre documentaire, When We Were Kings (Oscar du meilleur documentaire), plus axé sur le combat et son environnement, la politique, le climat social et bien sûr la condition des Noirs (bande-annonce). Enfin, je ne manque pas de citer le DVD « Live in Africa ‘74 » de B.B. King, auteur en la circonstance d’une performance absolument étourdissante, avec en extrait I believe to my soul.

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