On connaît Mediapart pour ses enquêtes d’actualité qui secouent souvent le cocotier de la politique. Mais le journal en ligne sait aussi se diversifier, et de façon plutôt inattendue, il a publié le 27 décembre dernier un article qui intéresse directement ce site. Intitulé « Wilson, Caroline du Nord : son tabac, sa musique » (attention, article réservé aux abonnés et payant : 1 €), on le doit à deux Français, Louise Oligny (texte) et Patrick Artinian (photos). Tous deux sont partis en août 2023 à Wilson, Caroline du Nord, dans une région qui est aussi celle du Piedmont Blues, qui s’est développé sur de grandes exploitations de tabac, un peu à l’instar du Delta Blues sur les plantations de coton du Mississippi. Mais comme le coton, le tabac était cultivé dès l’époque de l’esclavage, bien avant la création du blues tel que nous le connaissons aujourd’hui. Et Wilson en fut longtemps une plaque tournante, au point d’être qualifiée au XIXe siècle de « capitale mondiale du tabac » !
Pour conduire leur périple, les auteurs ont bénéficié des services de l’incontournable Music Maker Relief Foundation. Grâce à la fondation de Tim Duffy, ils ont d’abord rencontré différents acteurs de la scène musicale locale : Johnny Ray Daniels (membre des Soul Twisters ensuite converti au gospel), Bruce Watson (fondateur du label Bible & Tire, spécialisé dans le gospel), Freeman Vines (fabricant de guitares artisanales et sculpteur), Lightnin’ Wells (chanteur-guitariste de blues, folk, bluegrass…), Michael Clanton (musicien et pasteur de l’Antioch Church), Johnavon « Bo Peep » Sauls (chanteur-guitariste de gospel), Bill Myers (chanteur, cofondateur du groupe de R&B, funk et jazz The Monitors), Ralph Kennedy (gérant d’un club de country), The Soul Rhythm & Groove Band et Dale Bryce (bassiste multicarte et professeur de musique).
Mais les auteurs considèrent aussi la vie locale et la situation actuelle de Wilson, où il ne reste guère que des vestiges de « l’âge d’or » de la culture du tabac. Depuis les multiples campagnes qui dénoncent les dangers du tabagisme, le secteur a bien sûr fortement périclité… L’article nous apprend ainsi que la municipalité de Wilson, face à une baisse de population depuis le début des années 2010, essaie de trouver un nouvel élan en lançant de nouveaux commerces. Les auteurs agrémentent leur propos de témoignages des personnes rencontrées, et plus qu’un article, il s’agit en fait d’un portfolio de vingt-cinq images avec de longues légendes. J’en ai choisi dix pour illustrer mon propre article. Photos : Patrick Artinian et Louise Oligny / Mediapart.
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