Il est quasiment impossible de trouver des éléments biographiques sur Matthew « Hogman » Maxey, dont les rares enregistrements ont tous été réalisés en 1959 alors qu’il était emprisonné au pénitencier d’Angola en Louisiane. Maxey est d’ailleurs né dans cet État, le 18 janvier 1917 à Haynesville, une petite ville au nord-est de Shreveport. Il n’y reste pas longtemps car sa famille déménage dès 1920 dans l’Arkansas, où il vit en différents endroits durant une dizaine d’années. En fait, une seule source nous permet d’en savoir un peu plus à son sujet : les notes de pochette de l’album « Angola Prisoners’ Blues » sorti en 1959 chez Folk-Lyric (ou plus exactement du livret de la réédition Arhoolie de 1996), que l’on doit au musicologue Harry Oster, qui est également l’auteur des enregistrements. Dès lors, le présent article se base grandement sur ce précieux document dont vous pouvez trouver l’intégralité à cette adresse.
En 1931, Maxey, qui est issu d’une famille musicale et joue du violon, habite à Las Vegas. Il a quatorze ans et son surnom « Hogman » (hog est un synonyme de pig, cochon, porc) date de cette époque : « Quand j’étais gosse, je croyais que j’étais un docteur pour les cochons, et quand mon père en avait quelques-uns et qu’il s’absentait je soignais les porcs. Chaque fois que mes parents partaient, j’estimais que deux ou trois cochons avaient l’appendicite. Donc j’ai déconné, j’en opérais trop et ils commençaient à se raréfier. Mes parents ont commencé à me surveiller et ont découvert que j’étais le docteur. Après m’avoir parlé dans le fumoir, il n’y avait qu’eux et moi, ils m’ont asticoté mais eux n’utilisaient pas de couteau ! Alors on m’a appelé « Hogman ». Depuis, je porte ce surnom de temps à autre. »
Maxey ne deviendra pas vétérinaire, mais forgeron comme son père. Il apprendra aussi la mécanique et conduira un bulldozer. À dix-neuf ans, en 1936, il se met à la guitare dans des conditions rocambolesques, pour s’imposer face à un rival qui a des vues sur la même femme que lui : « Tout est parti d’une nuit durant laquelle cette femme est restée assise entre nous deux. Juste avant l’aube, elle s’est penchée par la fenêtre, a pris une guitare et l’a posée entre nous deux. Puis elle a dit, « maintenant c’est à vous de choisir, l’un d’entre vous sait-il jouer ? » Eh bien je ne savais pas jouer mais l’autre type oui. Et dès l’instant où je suis parti, je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à jouer du blues. » Revenu en Louisiane, il s’achète sa première guitare la même année, une 12-cordes, forme un groupe qui compte deux autres guitaristes, un violoniste et un joueur de washboard, avec lequel il tourne dans la région de Jonesboro, avec un certain succès.
Dans le livret Arhoolie, Oster ne nous en dit pas plus sur les années suivantes, ni les circonstances dans lesquelles Maxey s’est retrouvé incarcéré à Angola. Mais en 1959, le musicologue vient au pénitencier où il enregistre un autre prisonnier qui deviendra célèbre, Robert Pete Williams ! Et sur deux chansons, Army blues et Boogy woman, Maxey accompagne Williams à la seconde guitare… Toujours en 1959 pour Oster, il grave quelques faces supplémentaires avec trois autres détenus, Robert « Guitar » Welch, George Williams et Andy Mosely. Sous son nom, il en signe sept, Stagolee, Black night is fallin’, Worried blues, Fast life woman, Duckin’ and dodgin’, Rock me mama et Hard headed woman. D’excellente facture de la part d’un artiste de Country Blues au style parfaitement abouti avec un jeu de guitare très riche, ces sept faces constituent hélas son seul legs. Des dernières années de Matthew « Hogman » Maxey, on sait seulement qu’il a fini par sortir de prison et qu’il est mort en mai 1978 à Homer, Louisiane, à l’âge de soixante-et-un ans.
Pour conclure cet article, je vous propose en écoute simplement les sept faces de Maxey sous son nom, qui n’ont à ma connaissance jamais été rassemblées sur une même compilation.
– Stagolee en 1959.
– Black night is fallin’ en 1959.
– Worried blues en 1959.
– Fast life woman en 1959.
– Duckin’ and dodgin’ en 1959.
– Rock me mama en 1959.
– Hard headed woman en 1959.
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