J’ai vécu quarante-cinq ans à Grenoble que je considère évidemment comme ma ville de cœur. Cela fait également quarante-cinq ans que j’ai vu pour la première fois un bluesman américain de renom, Luther Allison car il faut le citer, à Grenoble bien sûr. Désormais, je suis très loin de Grenoble, géographiquement s’entend (attention toutefois, un retour reste possible !). Mais chaque année, au moment d’évoquer le programme du Grésiblues Festival, dont l’édition 2024 se tiendra du 30 juin au 5 juillet, il m’est difficile de m’extraire du joug d’une émotion pressante. Pourtant, cette année, à la lecture de cette nouvelle programmation, je ressens une étrange sensation, comme un frein qui entrave mon enthousiasme. Il s’agit déjà de la vingt-quatrième édition de ce festival, chose somme toute peu courante dans l’histoire des festivals de blues en France.
Mais ce maudit frein m’oppresse. Mal desserré, défectueux, que sais-je ? Et je suis nul en mécanique, tout le monde vous le dira… Ceci dit, rien pour empêcher une voiture de continuer à rouler, sans doute sereinement, j’ose écrire « pépère »… Oui mais oh, non, ça ne va pas, on ne peut pas toujours rouler en troisième sur les départementales ! C’est donc la sensation qui domine à l’heure de vous faire part de l’affiche 2024, qui me semble traduire une difficulté à changer de dimension dans la plus grande ville et agglomération de tout l’arc alpin, ce qui n’est pas rien. Le plateau qui privilégie les artistes européens (après écoute et sans mettre en cause la qualité de leur production) n’est que très ponctuellement lié au blues, avec BLACKcoffee, Freddy Miller, Harlem Lake, Joharpo (sauvé des eaux, alléluia !), LeanWolf, Little Odetta, SoulTess et The Blues Mistery.
Côté États-Unis, Liz Mandeville ne décevra sans doute pas (mais c’est une habituée des lieux), tout comme l’excellent duo composé de Chris Bergson et Ellis Hooks, que l’on peut considérer comme les véritables têtes d’affiche. Mais c’est quand même un peu maigre. Surtout que, dans la série « ce n’est pas du blues mais du rock ou alors je n’y connais rien » (ce qui est possible, je reste humble), le festival propose le chanteur-guitariste Zach Person, dont la page d’accueil de sa chaîne YouTube proclame le plus sérieusement du monde qu’il « est un artiste américain connu pour son approche contemporaine et pop-rock du blues et des musiques roots américaines ; on le considère comme « Le futur de la musique indé[pendante] américaine » ». Bien, perso, et en totale indépendance, je préfère attendre que ce Person se fasse un nom. Et la jeune chanteuse du Missouri Alyssa Galvan, au registre sympathique mais pour l’heure assez indéfinissable (country-pop-folk-rock ?), n’est pas la réincarnation de Memphis Minnie. Mais je laisse chacun(e) découvrir les détails de la programmation et se faire son idée, tout en souhaitant que le public réponde présent dans la belle et spectaculaire vallée du Grésivaudan où se déroule le festival. Sans oublier de citer les stages du 1er au 5 juillet (chant, guitare, harmonica, basse et batterie) qui font aussi la réputation de Grésiblues.
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