Comme je le fais depuis la communication du plateau début mars, et jusqu’à l’ouverture de l’édition 2024 de Terre de Blues qui se déroulera du 17 au 20 mai à Marie-Galante (voir la programmation dans mon article du 9 mars 2024, toujours non détaillée sur le site officiel à moins d’aller dans la billetterie !), je vous propose de découvrir un(e) artiste/groupe au programme du festival. J’ajoute à cela, en fonction de l’actualité, d’autres informations, notamment pratiques. Aujourd’hui, et il fallait bien y venir, il s’agit d’évoquer l’unique artiste censé représenter le blues, en l’occurrence le New-Yorkais Keith « The Captain » Gamble, qui se produira le 18 mai à Murât. Bien, ne tergiversons pas, ce chanteur-guitariste-harmoniciste ne fait pas dans le blues, très loin s’en faut, même s’il écrit en page d’accueil de son site que « son cœur et son âme sont ancrés dans le BLUES », ce dernier mot en majuscules car il n’a peur de rien. Hélas, c’est vieux comme le monde (du blues, qui nous contemple quand même depuis bien plus d’un siècle), et nous ne sommes plus dupes face à ces artistes qui détournent sans vergogne l’héritage du blues pour nous (sur)vendre une musique qui n’a absolument rien à voir !
Terre de Blues est donc tombé dans le panneau… Pourtant, les signes susceptibles d’alerter les organisateurs pour éviter la faute de goût ne manquaient pas. Ce pseudo-bluesman n’a pas enregistré le moindre disque et n’a pas davantage fait l’objet d’articles dans les médias spécialisés, ce qui en dit long sur sa « notoriété » dans le domaine. En outre, après écoute de sa production (sur son site ou sur des plateformes comme YouTube), car il va de soi que j’ai pris le temps de procéder soigneusement à ladite écoute avant de rédiger cet article, on mesure rapidement à qui on a affaire : Gamble délivre une musique assez indéfinissable (pop rock funk ?) et franchement quelconque, démonstrative et noyée dans des arrangements pompeux, en outre desservie par les vocaux limités du leader. Exceptionnellement, je ne vois pas de chansons en écoute à vous proposer de la part de cet artiste bien trop éloigné des attentes des lecteurs de ce site. Et en jouant la carte Gamble (1), Terre de Blues n’est pas sûr de gagner.
Il est toutefois possible que Keith « The Captain » Gamble trouve son public le 18 mai prochain, et c’est tout le mal que je lui souhaite, mais si vous espériez du blues vous repasserez et vous voilà prévenu(e)s. Mais l’approche de Terre de Blues me dépasse. Certes, nous savons que ce festival n’est pas dédié au seul blues originel et que son spectre est bien plus large, ce qui fait d’ailleurs tout son charme et tout son intérêt, en offrant une vitrine unique à l’international pour l’île de Marie-Galante. Mais depuis sa création en 2000, l’édition 2024 d’un festival qui porte le nom de Terre de Blues restera donc dans les mémoires en étant la première… sans blues ! Pourtant, les organisateurs auraient l’embarras du choix. Pour s’en tenir seulement à la jeune génération, il existe de nombreux bluesmen qui tournent et enregistrent abondamment, et régulièrement plébiscités dans la presse spécialisée et sur les réseaux sociaux, au point que l’on peut s’interroger sur les sources des organisateurs. Me viennent ainsi spontanément à l’esprit D. K. Harrell, Christone « Kingfish » Ingram, Jontavious Willis, Candice Ivory, Sean « Mack » McDonald, Nat Myers, Stephen Hull, Cedric Burnside, Andrew Alli, Memphissippi Sounds, Shemekia Copeland, Selwyn Birchwood, et tant d’autres… Triste et inexplicable constat donc, mais je serai au rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau portrait !
(1). To gamble se traduit par « jouer », « parier », aux cartes, aux dés, aux courses…
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