Sur scène copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Bessie Smith, (rubrique « Un blues, un jour ») et Bruce Mississippi Johnson (rubrique « Sur scène »).

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Trois événements au programme de cette première partie aujourd’hui : une session d’enregistrement qui s’est donc déroulée le 16 février 1923 pour le label Columbia, une artiste qui n’est autre que Bessie Smith, et une chanson qui est aussi la première jamais enregistrée par Bessie, Down Hearted Blues. Bessie ne faisait toutefois que reprendre cette chanson enregistrée l’année précédente par une autre chanteuse, Alberta Hunter, qui l’avait écrite avec Lovie Austin. Mais Bessie, et j’insiste pour souligner qu’elle n’avait rien enregistré avant cela, va obtenir un succès absolument phénoménal pour l’époque avec sa reprise de Down Hearted Blues.

Le single, sur lequel figure Gulf Coast Blues en face B, va alors se vendre à 780 000 exemplaires dans les 6 premiers mois, et il s’en écoulera au final 2 millions, chiffres absolument faramineux, surtout pour une artiste noire. La carrière de Bessie Smith ne pouvait pas mieux commencer, mais j’aurai d’autres occasions d’y revenir. Je m’attarde donc un peu plus sur cette chanson qui a battu bien des records et obtenu de multiples distinctions, dont certains plutôt inattendues. Elle figure ainsi dans le Top 365 des chansons de la National Recording Association of America, mais cela porte sur le monde entier et sur tous les styles musicaux, ce qui rend la performance encore plus significative. En outre, le Rock and Roll Hall of Fame l’a intégré à sa liste des 500 chansons qui ont fait, ou en tout cas le plus influencé, le rock ‘n’ roll… J’ai évidemment programmé dans mon émission le Down Hearted Blues de Bessie Smith du 16 février 1923.

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© : Discogs

 

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J’ai découvert Bruce Mississippi Johnson en 2017 en lisant la chronique très positive de son premier album « The Deal Baby » dans le numéro 228 de Soul Bag. Je l’ai naturellement écouté, et j’ai été d’emblée enthousiasmé par cette voix très basse qui n’appartient qu’aux barytons, c’est-à-dire qu’ils ont une réserve de souplesse qui leur permet de rester sensuels. J’ai ensuite vite constaté que l’artiste avait été plébiscité par la presse blues internationale en général, et notamment par Living Blues qui lui avait attribué un Award. Je me suis enfin aperçu que son parcours était plutôt original. En premier lieu, le Mississippi de son nom est tout à fait justifié car il est né à Starkville, pas si loin que ça du Delta, cette ville ne se trouvant qu’à une grosse centaine de kilomètres à l’est de Greenwood. Mais il s’est engagé dans la marine américaine, pour laquelle il a servi pendant sept ans, notamment en Afrique puis en France, où il a vécu plusieurs années.

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© : Shazam

Il a fait partie de la Blues Caravan du bassiste Big Joe Turner et a même participé chez nous à l’émission The Voice ! Ce qui n’a semble-t-il pas suffi à le faire bien connaître, et aujourd’hui, il vit à Londres. Artistiquement, outre sa voix vraiment très intéressante, il est évidemment très à l’aise dans le blues mais peut-être plus encore dans le soul blues, et c’est également un excellent compositeur, les textes de son album le démontrent. En tout cas, je trouve assez incompréhensible qu’un chanteur de ce calibre ne soit pas plus connu, et il faut espérer qu’on lui donne l’opportunité d’enregistrer d’autres disques… En attendant, il se trouve justement qu’il va bientôt se produire deux fois en concert chez nous, il ne faut surtout pas le manquer : il sera le 21 février au Guest Live à Bondy (Seine-Saint-Denis), puis le lendemain le 22 au Sunset à Paris. Pour illustrer ça, j’ai pris pour mon émission une version de 2017 en public du classique de Son House, Death Letter Blues, que je trouve vraiment pleine de groove.