Il est temps d’évoquer le décès du chanteur-guitariste Big Ron Hunter, qui nous a quittés le 7 juillet 2024 à l’âge de soixante-dix ans. Le bluesman avait été victime d’insuffisance cardiaque congestive en début d’année dont il affirmait pourtant s’être bien remis, comme il le relatait en mars dernier à la Music Maker Relief Foundation : « On m’a déclaré mort. Ma femme m’a ramené chez nous, a prié pour moi et lu les Saintes Écritures. J’ai perdu la mémoire, je ne me souvenais plus de mon nom, ni du lieu où j’habitais. Je me vois en train d’essayer de marcher et de parler. Mais désormais, je me souviens de tout ! Mon rire est de retour et je peux rire de tout cela car cela appartient au passé. » Hélas, peu après, dès le mois d’avril, l’état de santé du bluesman se dégradera pour mener au triste épilogue dont il est aujourd’hui question.
Ronnie Hunter voit le jour le 3 septembre 1953 près de Winston-Salem en Caroline du Nord dans une famille de métayers. Dans son enfance, alors que sa mère quitte le foyer quand il est encore très jeune, son père lui apprend le chant et quelques rudiments à la guitare. D’abord au contact de la country car il rêve de devenir cow-boy, il travaille également dans des champs de tabac puis découvre progressivement le blues, notamment en essayant d’emprunter les guitares de ses cousins qui s’y opposent ! Mais Hunter ne songe pas réellement à vivre de la musique, même s’il accepte avec grand plaisir de se produire localement partout où il est sollicité. Un attitude qui lui vaut sans doute son surnom de World’s Happiest Bluesman, bluesman le plus heureux du monde !
Sa rencontre au milieu des années 1980 avec Guitar Gabriel le pousse toutefois à se dédier plus sérieusement à la musique. C’est heureux car Hunter est un bel adepte du Piedmont Blues doté d’une voix poignante et churchy qui est sa marque, mais aussi un parolier très intéressant. Sa réputation grandit et la Music Maker Relief Foundation le prend sous son aile en 2003. Hunter sort un premier album à diffusion réduite en 2006 pour Rock House Records, « Pouring Out the Blues », suivi d’un autre trois ans plus tard pour Music Maker, « The Great Unknown ». Grâce à la fondation de Tim Duffy, Big Ron Hunter aura les honneurs des plus grands festivals et des tournées qui le mèneront dans le monde entier, y compris en France. Un bluesman attachant qui va nous manquer, dont je vous propose d’écouter une performance « live » de 45 minutes réalisée l’an dernier pour Music Maker, « Between Two Frogs ».
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