Pour 2024, je vous propose deux listes des dix albums et des cinq livres qui ont selon moi marqué cette année, et début 2025, je publierai mes Top 10 et Top 5 dans les deux catégories. Le quatrième livre est Jelly Roll Blues: Censored Songs and Hidden Histories par Elijah Wald (Hachette Books). Le pianiste de ragtime et de jazz Jelly Roll Morton ne chantait pas, mais ses compositions ont été interprétées par de nombreux vocalistes, et nous savons désormais que les paroles étaient grivoises au point d’être longtemps censurées. Lors d’entretiens en 1938 pour Alan Lomax de la Bibliothèque du Congrès, Morton évoqua longuement ces chansons tout en livrant un précieux témoignage sur la genèse du blues et du jazz dès le début du siècle dernier, dans un monde qui n’est pas vraiment celui des Bisounours. Wald propose une étude remarquablement et détaillée, déclinée en une introduction (« Songs and Silences » sur les chansons interprétées au tournant des XIXe et XXe siècles) et sept chapitres : « Alabama Bound », « Hesitation Blues », « Winding Ball », « Buddy Bolden’s Blues » « Mamie’s Blues », « Pallet on the Floor » et « The Murder Ballad ». Vous trouverez ci-dessous ma chronique du livre publiée dans le numéro 256 de Soul Bag actuellement en vente.
Jelly Roll Blues: Censored Songs and Hidden Histories
Par Elijah Wald
Hachette Books, 352 pages, anglais, 32 $
Musicien, journaliste, historien et auteur de livres sur nos musiques favorites, Elijah Wald nous revient avec un ouvrage aussi singulier qu’intéressant, basé sur des entretiens et enregistrements de Jelly Roll Morton menés en 1938 par John Lomax pour la Bibliothèque du Congrès. Wald s’est aperçu que certains morceaux qui dataient souvent du début du XXe siècle étaient restés inédits jusque dans les années 1990 du fait de leur obscénité. Ses recherches poussées lui permettent de brosser un panorama de la genèse du jazz et du blues, qui se déroula dans le monde parallèle des boîtes miteuses, des bordels, de la pègre, du sexe… L’auteur précise combien, outre ses aptitudes musicales, Morton fut un spectateur et acteur crucial de cette époque, à La Nouvelle-Orléans mais aussi ailleurs. On le suit ainsi dans cette ville, mais aussi dans le nord-est (New York, Washington), à Chicago, à Clarksdale dans le Delta. Chaque chanson, chaque témoignage est soigneusement décortiqué à l’aide d’une documentation qui semble inépuisable. Exemplaire et captivant de bout en bout.
Texte : © Daniel Léon / Soul Bag.
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