Au programme de mon émission sur YouTube, Lefty Bates (rubrique « Un blues, un jour ») et Guy King (rubrique « Sur scène »).
Je m’arrête aujourd’hui sur le parcours du chanteur et guitariste Lefty Bates, né le 9 mars 1920, il y a donc 99 ans aujourd’hui. Il fait partie de ces artistes qui se distinguèrent comme accompagnateurs de grandes figures en enregistrant très peu sous leur nom, souvent parce qu’ils ne chantaient pas, ce qui les privait de s’imposer en leaders. En termes de talent artistique, il leur arrivait pourtant de surpasser leurs « employeurs » et ils méritent donc de ne pas sombrer dans l’oubli. C’est le cas de Lefty Bates, évidemment ainsi surnommé car il était gaucher… Je précise d’ailleurs qu’il s’appelle en fait William Bates, et qu’il ne faut pas le confondre avec Leroy Clyde Bates. Il faut dire que ce dernier était né à la même époque (en 1924), qu’il était aussi guitariste gaucher et qu’il enregistra durant la même période pour les mêmes labels !
Le Lefty Bates dont il est ici question vient de Leighton en Alabama mais il a grandi à Saint-Louis tout en apprenant la clarinette, le piano et surtout la guitare, qui deviendra son instrument de prédilection. C’est donc en musicien accompli qui s’installe dès 1936 à Chicago, d’autant qu’il vient avec son groupe de jazz, les Hi-De-Ho-Boys. Son nom apparaît sur disque à partir de 1946 au sein des Aristo-Kats, et progressivement, grâce à sa grande polyvalence, Bates devient un des guitaristes les plus demandés dans une ville où différents styles urbains sont alors en développement. Ainsi, après s’être formé au jazz, il étend désormais son registre au R&B, au doo-wop, au gospel et bien sûr au blues. Il devient même guitariste maison du label Vee-Jay, ce qui lui permet d’accompagner des bluesmen importants dans la seconde moitié des années 1950 dont Jimmy Reed, John Lee Hooker, Earl Hooker, Sunnyland Slim…
Il enregistre peu sous son nom, semblant se contenter de son travail en studio, et uniquement dans les années 1950, mais ses titres sont remarquables et très modernes, souvent dans des formations cuivrées. Pour accéder à sa discographie sous son nom, on se tournera une fois de plus vers le site Blue Eye de Gérard Herzhaft, qui propose une discographie détaillée et une compilation en ligne « Masters of Blues Guitar – Vol 3 – Lefty Bates ». Avec son blues encore très teinté de jazz et de R&B de ses premières années, il tient une place à part et se distingue alors des bluesmen de Chicago dont la musique est plus ancrée dans la tradition sudiste. Lefty Bates doit ensuite se retirer progressivement du circuit. Car sa santé décline, il souffre de problèmes coronariens et de la maladie d’Alzheimer, mais il décède quand même à un âge avancé, à 87 ans le 7 avril 2007. Je vous propose de le redécouvrir dans mon émission avec un morceau de 1957 sur lequel il est superbement accompagné, avec notamment Arbee Stidham au chant, Earl Hooker à la seconde guitare ou encore Red Holloway au saxophone, excusez du peu… Ça s’appelle Look Me Straight in the Eye.
Pour la page du samedi consacrée aux concerts, j’évoque la soirée Soul Bag Live & Well qui se déroulera vendredi prochain 15 mars au Triton, aux Lilas en Seine-Saint-Denis. Pour être précis, la salle se situe au 11bis rue du Coq Français, à proximité de la mairie des Lilas et donc du terminus de la ligne de métro numéro 11. C’est désormais une habitude, la revue « Soul Bag » organise une soirée pour marquer la sortie de son dernier numéro, en l’occurrence le 234, qui sort également justement le 15 mars, je vous donnerai bien entendu le sommaire ici au moment de la parution.
En outre, ce numéro marque le lancement d’une nouvelle formule pour « Soul Bag », qui va fêter aussi en quelque sorte ses 50 ans tout au long de cette année, mais nous en reparlerons… Pour animer la soirée vendredi, il y aura évidemment un grand artiste sur scène, et franchement, je vous conseille vivement de ne pas le manquer si vous ne le connaissez pas. Il s’agit du chanteur et guitariste Guy King. Cet ancien accompagnateur du bassiste et chanteur Willie Kent qui nous a quittés en 2006, dont il fut carrément le chef d’orchestre en fin de carrière, est incontestablement une des plus importantes révélations de ces dernières années, à la guitare comme au chant, dans une veine blues et soul blues qui nous rappelle aussi les plus belles heures du West Side Sound.
J’ai vu Guy King en 2004 à Vaulx-en-Velin sans savoir que c’était lui quand il accompagnait Willie Kent, et il m’avait déjà impressionné. Mais quand je l’ai revu en début d’année dernière à Oraison au sein cette fois en leader, ce fut assurément un de mes meilleurs concerts depuis très longtemps. Inutile de dire que je vous encourage vivement à vous rendre vendredi prochain au Triton pour voir Guy King lors de la soirée Soul Bag Live & Well. Et j’ai logiquement choisi pour mon émission un extrait du concert du 28 janvier 2018 à la salle de l’Eden District Blues à Oraison (Alpes-de-Haute-Provence), If You Love Me Like You Say. D’ailleurs, il convient d’écouter mais aussi de regarder, car Guy King est un guitariste subjuguant…
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