Au programme de mon émission sur YouTube, John Lee Hooker (rubrique « Un blues, un jour »), et Big Daddy Wilson (rubrique « Sur scène »).
Je vous propose de nous arrêter sur un événement survenu il y a 103 ans, le 23 mars 1916, quand un certain Marcus Garvey arriva par bateau, sur le Tallac, aux États-Unis. Sur le sol américain, il va trouver le terrain idéal pour le développement de ses idées, pour s’opposer au racisme et s’imposer en leader du panafricanisme. Né Marcus Mosiah Garvey, Jr. le 17 août 1887 à Saint Ann’s Bay en Jamaïque, il fut confronté dès son adolescence à la ségrégation qui est très marquée sur l’île. Plus tard, il voyage en Amérique centrale où il commence à travailler comme journaliste évidemment engagé dans la défense de la cause des Noirs, puis il se rend à Londres pour ses études. De retour en Jamaïque, il fonde l’UNIA (United Negro Improvement Association) et correspond avec des activistes noirs américains.
C’est donc en militant déjà aguerri qu’il arrive aux États-Unis en 1916, et dès l’année suivante il crée à Harlem une antenne américaine de l’UNIA, et devient vite un des grands meneurs en faveur de l’amélioration de la condition des Afro-Américains. Son engagement sera même de plus en plus radical car il prône le retour des Afro-Américains en Afrique, s’opposant aux autres leaders noirs plutôt modérés et favorables à l’intégration. Garvey lancera même en 1919 une compagnie transatlantique, la Black Star Line (évoquée dans mon émission et mon article du 6 février 2019), pour favoriser ce mouvement du retour vers l’Afrique. Malgré les divisions générées par son engagement, il prend la dimension d’un prophète, notamment pour les rastafaris de Jamaïque.
Mais il finira aussi par être gênant, sera accusé de fraude fiscale et emprisonné en 1925, puis expulsé des États-Unis. Il retournera quelque temps en Jamaïque mais passera ses dernières années en Angleterre où il décédera d’une crise cardiaque le 10 juin 1940, à 52 ans. Marcus Garvey a inspiré énormément d’artistes, à commencer évidemment par ceux issus du reggae. Mais il est également présent dans les textes du gospel (car on l’a donc considéré comme un prophète, un guide), mais aussi dans le blues même si c’est de façon plus indirecte, quand il s’agit d’évoquer l’errance, le fait d’être apatride ou rejeté. John Lee Hooker évoque un peu tout cela en 1963 dans sa chanson Don’t Turn Me from Your Door, que j’ai donc programmée dans mon émission.
Pour la rubrique « Sur scène », je reviens sur la vingtième édition du festival Terre de Blues sur l’île de Marie-Galante en Guadeloupe, qui se déroulera du 7 au 10 juin prochain. J’en avais déjà parlé ici le 27 février car les organisateurs avaient alors ouvert la billetterie en ligne, mais également révélé les premiers noms du programme, dont Ms. Lauryn Hill, que j’avais programmée dans mon émission ce jour-là. À l’époque, il manquait encore le nom du bluesman de stature internationale pour ce plateau 2019. Eh bien il est tombé en début de semaine et il s’agit de Big Daddy Wilson, qui se produira le 9 juin à 19 h 30 sur la scène principale de l’habitation Murat. J’ai aussi déjà programmé Wilson, c’était le 6 mars, mais c’était pour illustrer un thème précis, le cas Dred Scott.
Né en 1960 en Caroline du Nord, Wilson compte aujourd’hui une douzaine d’albums, et il s’agit assurément de l’un des chanteurs les plus intéressants du blues et du soul blues de ces dernières années, avec une superbe voix puissante et expressive, et il est également percussionniste et occasionnellement guitariste. En outre, il va sortir un nouveau CD le 18 avril prochain, intitulé « Deep in My Soul » et produit par Jim Gaines. On découvrira sans doute des extraits de ce CD le 9 juin à Marie-Galante… En attendant, voici le programme de la scène principale de cette édition du festival : Evaïana, Majò O Ka – « Omaj A Velo » et Malavoi & Ralph Thamar le 7 juin, Jacques Schwarz Bart, Tiken Jah Fakoly et Ms. Lauryn Hill le 8 juin, Big Daddy Wilson, Akiyo Mizik et Tarrus Riley le 9 juin, le 10 juin étant plus particulièrement consacré au tremplin, avec également Tanmpo Klassik Live en soirée. Outre les concerts de l’habitation Murat, Marie-Galante vit au rythme du festival durant quatre jours, avec un village et des stands à Grand-Bourg, des scène secondaires, des animations et des concerts gratuits un peu partout dans les trois localités de l’île (Grand-Bourg, Saint-Louis et Capesterre).
En tout cas, avec cette programmation 2019 désormais bouclée, Terre de Blues nous offre une fois de plus un rendez-vous international varié qui favorisera la découverte ou la redécouverte d’excellents représentants de tous les styles des musiques populaires d’inspiration afro-américaine, caribéenne, africaine, sud-américaine… Car Terre de Blues, c’est aussi un voyage au cœur des musiques qui nous passionnent. Pour illustrer cela, nous allons bien entendu écouter Big Daddy Wilson, en public en 2017 dans le cadre de la tournée de la Blues Caravan. Il est en outre accompagné de la géniale Laura Chavez à la guitare, et ça s’appelle Cross Creek Road.
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