Au programme de mon émission sur YouTube, Irene Scruggs (rubrique « Un blues, un jour ») et Martha High (rubrique « Réédition de la semaine »).
Je tiens tout d’abord à rectifier une erreur : dans mon émission, pour d’obscures raisons, je dis qu’Irene Scruggs est née en 1920, alors qu’elle a en fait vu le jour le le 7 décembre 1901, cela fait tout juste 117 ans aujourd’hui… Pour être précis, elle est originaire de Lamont, Mississippi, à l’ouest de la région du Delta. Le parcours de cette chanteuse dans les années 1920, alors que le blues classique féminin et urbain domine avant l’émergence du blues rural (du moins, sur disque), n’est pas banal. Elle a grandi à Saint-Louis, une grande ville de quelque 800 000 habitants (soit plus du double d’aujourd’hui !) avec une scène musicale très développée. Dans un premier temps, son parcours ressemble dès lors à celui de ses illustres paires (Bessie Smith, Ma Rainey…), au sein d’orchestres de jazz qui font partie des meilleurs de l’époque : Clarence Williams, King Oliver et Kid Ory… Entre 1924 et 1926, elle grave dans cette veine une poignée de titres, avec en outre Lonnie Johnson sur deux d’entre eux.
Puis elle se démarque radicalement. Après deux faces sous le pseudonyme de Dixie Nolan en 1929, elle se « spécialise » dès l’année suivante, notamment aux côtés du pianiste Little Brother Montgomery, dans des compositions grivoises qui commencent à se répandre, et qui seront vraiment populaires plus tard dans la décennie. À la même époque, elle élargit encore son spectre en enregistrant avec le guitariste Blind Blake (dont quatre faces sous le pseudonyme de Chocolate Brown), autrement dit cette fois avec un véritable pionnier du blues rural, celui de la Côte Est (Piedmont Blues). Au point que l’article de sa biographie dans Wikipedia la qualifie de « Piedmont blues and country blues singer », ce qui me semble un peu réducteur… Scruggs cesse ensuite d’enregistrer et part en Europe, réside quelque temps à Paris, avant de se fixer en Allemagne où elle meurt à Trèves (Rhénanie-Palatinat) le 20 juillet 1981, à l’âge de 79 ans. Bien qu’elle soit très réduite (23 titres), l’œuvre d’Irene Scruggs couvre trois courants distincts, et elle fut une des premières chanteuses de son époque à inscrire des éléments du blues rural dans sa musique d’origine urbaine. J’ai retenu pour l’émission un morceau enregistré en 1930 avec Blind Blake, dont le titre dit tout : The Voice of the Blues.
– À cette adresse sur le remarquable blog de Gérard Herzhaft, vous trouverez une biographie, une discographie détaillée et les références d’un support MP3 avec l’intégrale des enregistrements de la chanteuse, « Irene Scruggs, Complete Recordings ».
– Avec 17 titres, la compilation « Irene Scruggs – 1924-1930 » (Document, 1990) est une alternative possible.
En deuxième partie dans le cadre de la rubrique « En tournée », je m’arrête sur Martha High, que vous pourrez voir avec ses Soul Cookersen ce mois de décembre, le 13 au Thor dans le Vaucluse, puis trois jours consécutifs, du 21 au 23, au Duc des Lombards à Paris. Cette chanteuse de funk, soul et R&B, née en 1945 à Virginia (en…Virginie !) a fait partie au début des années 1960 des Jewels. Lors d’une tournée en 1964, elle se fait remarquer auprès de James Brown, qui décide de l’engager parmi ses choristes, pour le début d’une collaboration qui va durer plus de trois décennies ! Après la mort de Brown en 2006, elle a poursuivi une carrière sous son nom et enregistré quelques albums généralement d’un très bon niveau. C’est donc toujours un événement d’avoir une chanteuse comme Martha High en tournée et il ne faut pas la manquer. Pour mon émission, je vous propose d’écouter un extrait de son dernier album sorti l’an dernier, « Tribute to My Soul Sisters », intitulé Think (About it).
Outre son dernier CD cité ci-dessus, à écouter également :
– « Soul Overdue » (Freestyle, 2012).
– « Singing For the Good times » (Blind Faith, 2016).
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