J’ai découvert Joe Beard en 1996 avec l’album « Blues Union », sur lequel il était accompagné de Ronnie Earl et ses Broadcasters. Un disque de grande classe, avec un Beard expressif au chant comme à la guitare, dans un style moderne ancré dans la tradition sudiste, mais également capable d’interprétations transcendantes de blues rural, en particulier quand il s’inspire de John Lee Hooker. Né le 4 février 1938 à Ashland, à l’extrême nord du Mississippi, non loin de Holly Springs, il s’installe toutefois au milieu des années 1950 à Rochester dans l’État de New York, où il entame une carrière discrète bien qu’il soit très respecté localement.
Une dizaine d’années plus tard, au printemps 1964, Beard est l’acteur d’un événement important. Âgé de vingt-six ans, alors qu’il joue devant son nouvel appartement à Rochester, un homme bien plus âgé l’approche et la conversation s’engage. Beard ne connaît pas son interlocuteur, qui est un voisin, mais en discutant, il se doute qu’il n’a pas affaire au premier venu. Et pour cause, il s’agit de Son House, qui depuis une vingtaine d’années végète misérablement à Rochester, à mille lieues de la musique… Les deux hommes deviennent amis et jouent de la guitare ensemble. Beard doit en prêter une à House, qui n’en possède plus depuis des années. Peu après, en juin 1964, Son House sera redécouvert et entreprendra la seconde carrière que l’on sait. Joe Beard ne quittera pas Rochester, mais il aura sans doute contribué à redonner le goût de la musique à l’un des plus grands bluesmen de l’histoire. Aujourd’hui octogénaire, bien qu’il enregistre très peu, Joe Beard poursuit sa carrière à Rochester avec un certain brio. Je vous propose d’écouter cet artiste injustement méconnu en septembre 2021, le temps d’une vidéo d’une heure, il le mérite bien…
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