Au programme de mon émission sur YouTube, Hound Dog Taylor (rubrique « Un blues, un jour ») et Lindsay Beaver (rubrique « Top of Blues »), actuellement en tête du Powerblues du Collectif des radios blues.
Hound Dog Taylor est parti il y a 43 ans, le 17 décembre 1975, à l’âge de 60 ans. Comme je le dis dans mon émission, si je devais choisir un bluesman en vue d’une réincarnation, Hound Dog serait assurément un de mes premiers choix… Il représente à mes yeux l’incarnation idéale du blues avec sa musique simple et directe, son état d’esprit et son absence de prétention, son envie de s’amuser et de nous amuser, auxquels s’ajoutent sa voix gouailleuse et sa guitare slide hyper saturée qui prend aux tripes dès la première note. Sa formation était également originale, avec donc Hound Dog au chant et à la slide, pas de bassiste mais Brewer Phillips à la guitare rythmique et Ted Harvey à la batterie. Avec ce trio débordant d’énergie, son blues restera comme l’un des plus excitants qui soient, et sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi, il faisait partie de ceux qui me touchaient un peu plus que d’autres. Pourtant, son parcours n’a rien d’exceptionnel. Il est né Theodore Roosevelt Taylor à Natchez, Mississippi, le 15 avril 1915, avec six doigts à chaque main, ce qui ne lui servait d’ailleurs à rien, au point qu’il essaya même de se couper ce « petit doigt » en trop à sa main droite à l’aide d’un rasoir !
Il débute assez tard à la guitare, à seulement 20 ans, mais tourne activement localement (il est également métayer) et fait quelques apparitions pour la radio KFFA à Helena, en Arkansas. Selon Bruce Iglauer du label Alligator, il aurait fui le Mississippi en 1942 par crainte du Ku Klux Klan qui brûla une croix dans sa cour, pour bien sûr s’installer à Chicago. En 1960 puis 1962, il réalise une poignée de singles pour de petits labels, dont quelques faces avec Homesick James. Sa réputation grandit et lui vaut de se produire dans des clubs importants du South Side comme le Florence’s Lounge dont il devient un pilier. Il prend part à la tournée de l’American Folk Blues Festival en 1967, mais c’est surtout sa prestation au festival d’Ann Arbor en 1970 qui lui permet d’accroître sa popularité au-delà de Chicago. À la même époque, il est remarqué par Bruce Iglauer, qui cherche à créer son propre label. Il mise gros sur Taylor, et l’année suivante il inaugure avec le premier album du bluesman, « Hound Dog Taylor and the HouseRockers », le catalogue de sa marque, Alligator, qui obtiendra le succès que l’on sait. La réussite est immédiate, et deux autres disques tout aussi jouissifs suivront, « Natural Boogie »et le live « Beware of the Dog! », enregistré en 1974 mais sorti à titre posthume en 1976. Car malheureusement, entre-temps, atteint d’un cancer, Hound Dog est donc mort le 17 décembre 1975. Pour mon émission, j’ai justement choisi un extrait du live, The Sun Is Shining.
Les trois albums cités plus haut sont évidemment vivement conseillés, ils présentent Hound Dog Taylor à son meilleur tout en bénéficiant d’une excellente qualité sonore. Ce ne sera pas toujours le cas d’enregistrements parus après la mort du bluesman, sont souvent indignes de lui à cause d’une prise de son déficiente. Ce n’est en revanche pas le cas de « Release the Hound » (Alligator, 2004), avec des titres live et d’autres en studio, proches du très haut niveau de ses trois autres albums pour Iglauer et recommandé sans réserve.
Pour la page « Top of Blues », nous restons en France. J’avais déjà évoqué dans mon émission et mon article du 26 novembre 2018 le Powerblues, le classement mensuel des meilleurs albums du mois selon les animateurs du Collectif des radios blues. Mais ce collectif d’une cinquantaine de radios francophones propose également l’Airplay, qui présente chaque mois les albums les plus diffusés dans ses émissions. Je fais donc d’une pierre deux coups en m’arrêtant sur les deux classements de novembre et en citant les « podiums ». Côté Airplay, les élus étaient les Imperial Crowns avec « 25 Live » (Dixiefrog), Fred Chapellier avec « Plays Peter Green » (Dixiefrog) et Eric Bibb avec « Global Griot » (Dixiefrog). Quant au Powerblues, il distinguait Lindsay Beaver avec « Tough As Love » (Alligator), à nouveau Chapellier avec « Plays Peter Green » (Dixiefrog) et Bryan Lee avec « Sanctuary » (Ear Relevant). J’ai dû faire un choix car je ne peux passer qu’un seul morceau dans l’émission : en l’occurrence honneur aux dames avec Lindsay Beaver, chanteuse et batteuse canadienne bourrée d’énergie qui fait dans le rock fifties teinté de blues. Elle a enregistré son disque pour Alligator à Austin au Texas, avec des invités prestigieux comme la pianiste Marcia Ball, la guitariste Laura Chavez, l’harmoniciste Dennis Gruenling et le saxophoniste Sax Gordon. Elle fait enfin l’objet d’un article dans le numéro 233 de Soul Bag actuellement en vente. L’extrait que j’ai retenu, un blues lent, s’appelle Lost Cause.
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