Le 27 décembre dernier, lors d’un échange par Messenger, Christian, que nous connaissions tous sous le nom de Christian Lightnin E, évoquait entre autres choses « un traitement fatigant pour une maladie pas très sympathique… » Je lui avais répondu des banalités, en lui disant que j’espérais que ce n’était pas trop grave. Ses messages s’étaient ensuite raréfiés, ce qui m’intriguait même s’il réagissait encore à une de mes publications sur Facebook il y a seulement six jours, le 7 mars. C’était donc grave, le crabe, encore… Aujourd’hui, malgré les 7 000 km qui nous séparaient, je m’aperçois que Christian était une des personnes de métropole avec lesquelles j’échangeais le plus. Car il était comme ça Christian. Il avait un besoin viscéral de partager son savoir immense. Mais attention, sans jamais la ramener, juste en passionné, généreux, entier.
Passionné, Christian l’était, d’abord de tout ce qui glisse sur les cordes d’une guitare, d’une mandoline, d’un ukulélé, d’un diddley bow, qu’il s’agisse de slide, de bottleneck, de National Steel, de Dobro, de lap steel, de steel guitar, et bien sûr de guitare hawaïenne dont il fut un des meilleurs spécialistes que je connaisse. Une passion du blues, de son peuple, de sa culture, de ses traditions et de son histoire, qu’il exprimait en ajoutant mille références précieuses à ce que je publiais, en m’envoyant des photos, des articles, des coupures de presse sorties je ne sais d’où… Une passion qui l’a aussi conduit à pratiquer avec brio ces musiques qu’il aimait tant, on se souvient de sa belle compilation au titre amusant « Paris Suburb Slide – Uncomplete Unchronological Recordings – 1977-2017 ». Une passion, encore, qu’il traduisit en cosignant les biographies qui accompagnaient les remarquables coffrets de 20 CD chacun « Les triomphes du blues » et « Les triomphes du rhythm ‘n’ blues » (Habana, 2001 et 2004), vendues à prix attractif en grande distribution et qui permirent ainsi d’ouvrir le monde des musiques afro-américaines au plus grand nombre.
Christian savait aussi s’engager, il fustigeait les injustices et il était très fier de sa contribution à une autre compilation, « Blues Against Racism » (1999), qui rassemblait des musiciens de différents horizons dont Little Bob, Elmore D, Tao Ravao, Thibaut Chopin, Stan Noubard-Pacha, Guitar Crusher, Magic Buck et bien d’autres. En 2020, il me fit même l’amitié de participer en direct le 27 mai (date de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe) à une conférence en ligne que j’organisais chez moi à Marie-Galante… Nous pourrions sans doute évoquer bien d’autres bons moments passés avec Christian, mais j’ai aussi jugé utile de publier quelques photos glanées çà et là sur Facebook, en espérant d’ailleurs que les auteurs desdites photos, que je n’ai pas tous identifiés, ne m’en tiendront pas rigueur. J’ajoute enfin deux extraits musicaux, Shake it break it (2002) et Got the blues can’t be satisfied, tiré de la compilation « Paris Suburb Slide – Uncomplete Unchronological Recordings – 1977-2017 ». Adieu l’ami, j’espère que tu as gardé avec toi tes instruments, tu as encore tant à m’apprendre.
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