Au programme de mon émission sur YouTube, Hambone Willie Newbern, (rubrique « Un blues, un jour »), et le duo Marie Knight/Sister Rosetta Tharpe (rubrique « Les temps du gospel »).
Encore un beau saut dans le temps pour évoquer un événement survenu il y a 169 ans, le 13 janvier 1850, jour de naissance de Charlotte E. Ray. Vingt-deux ans plus tard, en 1872, en fin d’études, la jeune Charlotte deviendra la première avocate afro-américaine des États-Unis. À cette époque, même si l’esclavage était aboli depuis sept ans, ce genre de nomination n’avait à peu près aucune chance de se produire dans les États du Sud.
D’ailleurs, Charlotte E. Ray est originaire de New York, et elle a obtenu son diplôme à la faculté de droit Howard, à Washington, une université noire très cotée, ce qui lui vaudra d’être surnommée la Black Harvard… Ray est décédée en 1911 à 60 ans, soit une dizaine d’années avant les premiers enregistrements de blues.
Souvent victimes ou témoins de la ségrégation, les bluesmen ne manqueront pas d’évoquer dans leurs chansons leurs démêlés avec une justice partiale. Il faut dire que la matière abondait entre lynchages, arrestations pour des motifs futiles, juges véreux, avocats commis d’office ne sachant rien de leurs clients et autres parodies de procès… C’est un peu ce que raconte Hambone Willie Newbern dans sa chanson de 1929 intitulée Shelby County Workhouse Blues, que j’ai donc retenue en illustration musicale pour mon émission, et dans laquelle il explique avoir pris dix jours de travaux forcés pour une vague histoire de vagabondage.
Dernier point à souligner : si Newbern n’a enregistré que six faces dans sa vie, il est passé à la postérité pour avoir gravé la première version du classique Rollin’ and Tumblin’, sous le titre Roll and Tumble Blues, toujours en 1929…
Concernant le gospel, ce soir dimanche 13 janvier 2019, le Park Square Theatre de Saint Paul dans le Minnesota propose un spectacle consacré à deux grandes dames de cette musique, Marie Knight et Sister Rosetta Tharpe, intitulé Marie and Rosetta, tiré de la « pièce musicale » de George Brant (2016), et qui a déjà été au programme d’autres théâtres aux États-Unis.
Bien entendu, je sais que vous avez bien peu de chances de vous trouver là-bas, surtout en étant prévenu le jour-même ! C’est évidemment un prétexte et une belle occasion pour évoquer ces deux magnifiques vocalistes, d’autant qu’elles ont souvent enregistré ensemble, notamment durant les années 1940 et 1950. Outre son chant, Sister Rosetta Tharpe se fera bien entendu surtout connaître pour son brillant jeu de guitare, elle fut une pionnière de la guitare électrique dès les années 1940 et influencera le rock ‘n’ roll. Quant à Marie Knight, tout en restant très ancrée dans le gospel, elle s’orientera davantage vers le R&B à partir de la seconde moitié des années 1950.
J’aurai évidemment l’occasion dans des émissions à venir d’évoquer leurs carrières individuelles respectives, mais en attendant, vous pouvez vous procurer l’impressionnante série en sept volumes sortie chez Frémeaux « Complete Sister Rosetta Tharpe », qui couvre la période 1938-1961 et contient de nombreux morceaux avec Marie Knight… Pour mon émission, j’ai pris un titre qu’elles ont enregistré ensemble en 1950, alors qu’elles étaient à leur apogée, il s’agit d’une sublime lecture d’un standard également apprécié des bluesmen, You Gotta Move.
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