Au programme de mon émission sur YouTube, Shemekia Copeland(rubrique « Un blues, un jour ») et Ray Charles(rubrique « Réédition de la semaine »).
Bon nombre d’événements relatifs à l’histoire des Afro-Américains sont là pour nous rappeler combien la ségrégation a durement marqué le pays jusque dans la seconde moitié du siècle dernier, autrement dit hier… Dans ce triste registre, je tenais à évoquer un événement survenu il y a 63 ans aujourd’hui, le 24 janvier 1956, quand les gouverneurs des États du Mississippi, de Géorgie, de Caroline du Sud et de Virginie décidèrent de s’opposer conjointement à la déségrégation (ou mixité) des écoles. En termes un peu plus « accessibles », cela signifie qu’ils refusaient que les enfants noirs étudient dans les mêmes établissements que les élèves blancs. Les États sudistes n’eurent de cesse de s’y opposer en multipliant les actions pour retarder la mise en place de cette déségrégation, l’empêchant de devenir réellement effective avant les années 1970.
En fait tout était parti d’un événement précédent daté du 7 mai 1954, qui vit la Cour Suprême déclarer inconstitutionnelle la ségrégation à l’école par un arrêté connu sous le nom de Brown v. Board of Education. Inutile de préciser que ledit arrêté resta donc en travers de la gorge des États sudistes… D’une manière plus générale, de tels événements furent évidemment à l’origine de la lutte pour les droits civiques qui atteignit son pic d’intensité dans les années 1950 et 1960. Ils nous donneront bien d’autres occasions d’évoquer des chansons rattachées à différents domaines liés aux droits civiques, car hélas la matière ne risque pas de manquer… D’ailleurs, progressivement, les bluesmen et les autres représentants des musiques afro-américaines les évoqueront de plus en plus souvent dans leurs textes à partir de cette époque. Pour illustrer cela en musique, j’ai choisi une chanson de Johnny Copeland, mais que l’on connaît surtout par le biais de sa fille Shemekia, intitulée Ghetto Child. Elle en a fait une sorte d’hymne et un véritable tour de force quand elle le reprend sur scène. Pour mon émission, j’ai retenu la version enregistrée par Shemekia Copeland en 1998 sur son premier album « Turn the Heat Up » (Alligator), alors qu’elle avait seulement 19 ans…
Ma réédition de la semaine est un superbe coffret de 4 CD consacré à l’un des artistes les plus importants de la musique du siècle dernier, monsieur Ray Charles en personne. Il s’intitule simplement « Antibes 1961 », et on le doit au label Frémeaux & Associés, habitué de ce genre d’anthologie de grande qualité. Comme son titre le suggère, il porte sur les performances du Genius au festival d’Antibes Juan-les-Pins en 1961. Ce coffret est exceptionnel à plusieurs niveaux. Il s’agissait tout d’abord de la première venue de Ray Charles en Europe. Ensuite, il reprend pour la première fois en intégralité les quatre soirées des concerts, soit les 18, 19, 21 et 22 juillet 1961. Et dès lors, l’ensemble compte au total 61 morceaux, avec en outre 13 inédits et 14 bonus. J’ajoute pour finir, et ce n’est pas anecdotique, que la réalisation du coffret a été confiée au Français Joël Dufour, considéré comme le meilleur spécialiste de Ray Charles dans le monde.
Inutile de préciser, mais je le fais quand même, il s’agit là d’un chef-d’œuvre absolu dans une carrière pourtant déjà exceptionnelle d’un artiste qui a marqué sa musique et son temps. Alors bien sûr, éternel dilemme, quand il s’agit de choisir un seul morceau, on se trouve vite face à un casse-tête quasi insoluble. J’ai fini par en choisir un, d’une part tiré du concert du 18 juillet 1961, mais qui avait aussi été filmé à l’époque par l’ORTF. On y voit donc Ray Charles comme si on y était, et c’est le très célèbre Let the Good Times Roll.
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