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Au programme de cette troisième émission sur YouTube, Whistlin’ Alex Moore pour la rubrique « Un blues, un jour », et Ted Hawkins pour lancer la rubrique « Réédition de la semaine ».

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Le verso de la pochette du disque Arhoolie de 1960. © : courtesy Stefan Wirz.

Alexander Herman Moore voit le jour le 22 novembre 1899, autrement dit il y a tout juste 119 ans, à Dallas au Texas. Il passera d’ailleurs l’essentiel de son existence dans cette ville, où il décédera le 20 janvier 1989 à l’âge de 89 ans. Sa carrière sera extrêmement longue et durera pratiquement 60 ans, sa première séance d’enregistrement datant de 1929, la dernière de… 1988 ! Mais, comme le souligne Jim O’Neal dans sa biographie consacrée à l’artiste pour AllMusic, elle sera irrégulière avec de longues interruptions. Avant cela, ayant perdu son père dès l’adolescence, le jeune Alexander doit arrêter l’école et aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille. Sa connaissance du piano lui permet de se produire localement dès les années 1920 et même d’obtenir un petit succès du fait d’une originalité. En effet, en plus de jouer du piano et de chanter, il siffle ! Dès cette époque, on l’appelle Whistlin’ Alex (de whistle, qui signifie donc siffler), un surnom qui restera. On notera d’ailleurs que le sifflement semble bien s’accommoder du piano, car quelques autres pianistes de blues s’y essayeront, dont le très fameux Professor Longhair… De son côté, Alex Moore grave ses premières faces, soit dix titres, les 5 et 6 décembre 1929 pour Columbia. Lors des mêmes sessions, il est peut-être aussi présent au piano sur les 78-tours du duo Bobby Cadillac/Coley Jones et de Perry Dixon (selon la discographie établie par Stefan Wirz). D’autres faces plutôt éparses suivent en 1937 pour Decca, en 1947 pour la radio KLIF à Dallas et en 1951 pour RPM.

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La pochette de son dernier album en 1988. © : AllMusic.

Mais Moore ne cherche pas vraiment à gagner sa vie avec la musique et exerce différents petits boulots, plongeur, portier d’hôtel, gardien d’immeuble… Toutefois, il est remarqué en 1960 par Chris Strachwitz, qui vient de fonder son célèbre label Arhoolie, et qui lui permet d’enregistrer un album complet « Whistling Alex Moore ». Retraité peu après, il se produit plus régulièrement et part en tournée, y compris en Europe : il participe ainsi à celle de l’American Folk Blues Festival en 1969, durant laquelle il réalise un album live, « Alex Moore in Europe » (que sortira à nouveau Arhoolie), et apparaît ensuite sur diverses compilations. Enfin, le 2 février 1988, il signe à 88 ans un ultime album, encore en public, « Wiggle Tail », dans sa bonne ville de Dallas. Moore était un artiste assez original et un adepte du piano dans un État où la guitare est reine, cela méritait bien de s’arrêter sur son parcours. Pour l’émission, j’ai choisi un titre sur lequel il s’accompagne évidemment en sifflant au piano, tiré de l’album Arhoolie de 1960, et qui s’appelle « Whistlin’ Alex Moore’s blues ».

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Mon choix pour la rubrique « Réédition de la semaine » en deuxième partie d’émission est un vrai coup de cœur car il concerne Ted Hawkins, un exceptionnel chanteur aussi à l’aise dans la soul, le blues et le gospel. Pourtant son destin fut dramatique, comme je le relate en introduction de la chronique de son disque « Watch your Step » dans le numéro 232 de Soul Bag actuellement en kiosques : « Ted Hawkins (1936-1995) est né sous une mauvaise étoile et ce n’est pas un cliché. Père alcoolique, mère prostituée qui mourra d’une cirrhose, il file en maison de correction à 12 ans et à Parchman Farm à 15. Musicien de rues en Californie, il est enregistré en 1971 par Bruce Bromberg, mais il n’en sort rien, Hawkins, en outre accro à l’héroïne, passant son temps en prison. Bromberg le retrouve en 1982 et sort un album chez Rounder avec les chansons gravées onze ans plus tôt, ce « Watch Your Step » que Craft Recordings réédite ici en vinyle. » Alors oui, ce disque n’est réédité qu’en vinyle. Toutefois, comme je l’indique dans l’émission et après vérification sur Internet, il semble très possible de trouver encore une édition en CD. Et ça vaut la peine de chercher car ce disque est une merveille dans le genre soul blues avec un chanteur unique et réellement bouleversant. Que ce soit seul (il s’accompagne uniquement de sa guitare rythmique), en duo avec sa femme Elizabeth ou au sein de la formation plus étoffée du bluesman Phillip Walker, il émeut de la première à la dernière seconde. Après cela, en 1994, Ted Hawkins, mieux connu et reconnu en Europe qu’en Amérique, enregistra un autre album, « The Next Hundred Years », qui laissa penser qu’il relancerait sa carrière. Mais peu après, le 1erjanvier 1995, il décède brutalement d’une crise cardiaque, à 57 ans… Raison de plus pour réécouter ce chanteur rare et cette réédition « Watch your Step » dont j’ai passé l’extrait Peace and happiness dans mon émission.