Au programme de cette émission dominicale sur YouTube, Jimmy Johnson (rubrique « Un blues, un jour »), et The Southern Bells (rubrique « Les temps du gospel »).
Le chanteur et guitariste Jimmy Johnson, né le 25 novembre 1928 à Holly Springs (Mississippi), fête aujourd’hui ses 90 ans ! Issu d’une famille musicale, il se destinait assurément à cette activité, et deux de ses frères sont notoirement connus : Mack Thompson (qui est le seul à avoir conservé leur nom de naissance, les autres optant donc pour Johnson à la fin des années 1950), fut notamment le bassiste de Magic Sam, et Syl Johnson est un guitariste, harmoniciste et chanteur de soul. Jimmy Johnson s’est d’abord inscrit dans le mouvement du West Side Sound au tournant des années 1950 et 1960, avant de s’orienter un temps vers la soul et le R&B. Il faut dire que son jeu de guitare limpide et mélodieux, ainsi que sa voix haut perchée, en font l’archétype de l’artiste de soul blues. J’aime insister sur la voix magnifique et très expressive de Jimmy Johnson, qui en font à mon sens un des meilleurs vocalistes du genre. D’autant qu’elle semble inaltérable face au temps qui passe, ce qui est franchement surprenant pour un chanteur évoluant dans un registre aussi haut…
Après quelques singles dans les années 1960, il lance vraiment sa carrière à la fin de la décennie suivante (après des collaborations avec Jimmy Dawkins et Otis Rush), à pratiquement 50 ans… Il partage d’abord en 1975 avec Luther Johnson, Jr. l’album « Ma Bea’s Rock » pour MCM, puis enregistre en public en mars 1977 un album qui ne sortira qu’en 2000 chez Delmark, « Pepper’s Hangout », puis un autre sept mois plus tard, « Tobacco Road », encore pour MCM. Mais il se fait vraiment remarquer en 1978 en participant au premier volume de la remarquable série « Living Chicago Blues » d’Alligator. « Johnson’s Whacks » (1979) et « North/South » (1982) pour Delmark, puis « Bar Room Preacher » (1983) pour Alligator, l’installent parmi les bons représentants du Chicago Blues de l’époque.
En 1988, il est blessé dans un terrible accident de la route dans lequel deux de ses musiciens décèdent, et sa carrière marque un sérieux coup d’arrêt. Il revient toutefois pour deux albums plus orientés soul blues, « Livin’ the Life » (Black & Blue, 1993) et « I’m a Jockey » (Birdology, 1994). Mais faute de disposer d’un véritable groupe régulier, il ne parvient pas à réellement étoffer sa discographie (hormis « 2 Johnsons Are Better Than One », partagé avec son frères Syl et paru en 2001 chez Evangeline, qui est excellent), une injustice alors que ses immenses talents sont intacts, comme il le démontre encore aujourd’hui sur scène… par exemple sur le titre que j’ai choisi pour mon émission, le beau plus lent Cold cold feeling !
En deuxième partie d’émission, comme inaugurer la rubrique « Les temps du gospel » qui reviendra chaque dimanche, j’ai pris un extrait d’une compilation récemment parue chez Narroway, « Soul Don’t Worry – Black Gospel During the Civil Rights Era 1953-1967 ». Comme le titre le suggère, elle traite de sujets sensibles survenus au plus fort de la lutte pour les droits civiques, comme le meurtre d’Emmett Till en 1955, qui fut un élément déclencheur du mouvement, ou les Freedom Riders, mais aussi l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy ou bien la guerre du Viet Nam. Le double CD compte 47 titres avec des artistes méconnus ou connus (Mahalia Jackson, les Five Blind Boys of Alabama, les Mighty Clouds of Joy, les Staple Singers, Clara Ward…), mais même dans ce second cas, cela porte sur des titres rares peu présents sur d’autres compilations. L’ensemble offre un somptueux panorama du gospel à une période particulièrement faste pour cette musique. Pour mon émission, je propose un morceau de 1966 des Southern Bells, simplement intitulé : « Viet Nam ».
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