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Au programme de mon émission sur YouTube, David Evans (rubrique « Un blues, un jour »), et le livre Blues en 150 figures de Philippe Thieyre (rubrique « Blues in France »), avec Candye Kane en illustration musicale.

Pas de grand saut en arrière pour évoquer aujourd’hui un événement en lien avec l’histoire afro-américaine. Nous allons simplement revenir au 30 janvier 2009, jour qui a vu la nomination de Michael S. Steele à la présidence du comité national des Républicains aux États-Unis. Il devenait ainsi le premier Afro-Américain à occuper cette haute fonction. Nul n’ignore que le parti républicain représente l’aile conservatrice contrairement aux Démocrates, et c’est évidemment une des raisons pour lesquelles il a fallu attendre aussi longtemps pour voir un Afro-Américain à sa tête. Michael Stephen Steele est né le 19 octobre 1958 sur la base Andrews de l’US Air Force dans le Maryland, mais c’est un enfant adopté qui a perdu son père alcoolique alors qu’il n’avait que 4 ans. Il a donc été élevé par sa mère lingère dans des conditions plutôt modestes. Mais cela ne l’a pas empêché de mener de brillantes études en droit financier et de devenir avocat avant de décider de s’engager en politique. Bien que Républicain, il ne s’est pas privé d’exprimer ses désaccords à l’égard de l’administration de George W. Bush, notamment sur les dossiers de la guerre en Irak et des conséquences de l’ouragan Katrina.

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© : AllMusic

Et justement, pour faire la transition avec l’illustration musicale, un artiste s’en est ouvertement pris à la politique de Bush sur un album sorti en 2007 sur le label Inside Sounds, intitulé « Needy Time ». Et ce n’est pas le premier venu car il s’agit de David Evans en personne. Ethnomusicologue, professeur, découvreur de talents, historien du blues reconnu, auteur d’ouvrages fondamentaux sur Tommy Johnson et Charlie Patton, il est en outre lui-même un excellent chanteur et guitariste. D’ailleurs, dans sa discographie, je vous recommande chaleureusement un autre album, « Match Box Blues »(Inside Sounds, 2002), qui tout comme « Needy Time », avait été récompensé du « Pied » (la note maximale, 5 étoiles sur 5 possibles) dans Soul Bag… Pour revenir au morceau que j’ai choisi pour mon émission, à savoir Bring the Boys Back Home, je vous conseille d’écouter très attentivement les paroles engagées qui sont édifiantes. Je précise enfin qu’il s’agit d’un titre enregistré au festival de Cognac en 2007, et filmé par le Français Marc Oriol, notamment auteur en 2000 et 2002 des superbes documentaires Big Lucky Carter, le blues du survivant et Me and My Guitar, Jessie Mae Hemphill.

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© : AllMusic

 

Je consacre aujourd’hui ma rubrique française à un livre que l’on doit à Philippe Thieyre, sorti aux éditions du Layeur, et qui s’intitule Blues en 150 figures. Sur ces 150 figures, on compte une centaine de bluesmen importants ou « historiques » qui ont marqué le blues à différentes époques, et une cinquantaine d’autres, d’origine plus récente, qui se rattachent aussi à des courants périphériques mais toujours en lien avec le blues. L’ouvrage se divise en six chapitres couvrant toutes les époques des origines à nos jours : « Les premiers enregistrement de blues » (années 1920 et 1930 avec le blues classique féminin et les pionniers du blues rural), « Shouters et Jump Blues », « Blues moderne » (après la Seconde Guerre mondiale), « British Blues », « Variations sur le thème du blues » (années 1960 à nos jours), sans oublier une évocation du blues français.

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Philippe Thieyre. © : actu.fr

La présentation se veut simple, avec un texte de présentation de l’artiste, une sélection discographique et des photographies, pour beaucoup des pochettes de disques. L’auteur a choisi aussi de se démarquer en classant non pas les artistes dans l’ordre alphabétique ou selon leur date de naissance, mais en fonction de la date de sortie de leurs premiers enregistrements. Ainsi, comme il s’en explique dans un entretien publié par Sud Ouest Blogs, « c’était une manière de les situer plus précisément dans l’histoire du blues ». Il ajoute plus loin qu’il ne se considère pas comme un spécialiste, et effectivement, son livre est avant tout une porte d’entrée pour celles et qui veulent découvrir le monde du blues avec mention des principaux enregistrements. À noter que l’ouvrage, qui compte 360 pages en moyen format, n’est quand même pas donné car il coûte 39,90 euros. Concernant Philippe Thiyère, ce n’est pas un débutant : collectionneur de disques, il est également éditeur et donc auteur (plusieurs ouvrages sur le rock à son actif), il a notamment œuvré pour la librairie Parallèles, comme consultant pour France Inter et en tant que journaliste pour Rock & Folk.

Comme l’auteur considère les artistes de génération récente, il a retenu la regrettée Candye Kane. On l’écoute donc avec en prime une Laura Chavez plus énorme que jamais à la guitare lors du festival Dax Motors n’ Blues en 2015, avec Walkin’, Talkin’ Haunted House.

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© : Chuck Ryan Photography / The Gear Page.