Au programme de mon émission sur YouTube, Furry Lewis (rubrique « Un blues, un jour »), et Big Daddy Wilson (rubrique « Nouveauté de la semaine»).
Une histoire de train aujourd’hui, à partir d’un événement survenu le 30 avril 1900 et qui concerne Casey Jones, un personnage devenu célèbre grâce à une chanson portant son nom. Même s’il a acquis un statut légendaire, il a bien existé : il est né Jonathan Luther Jones le 14 mars 1863 dans le Missouri mais il a grandi écu dans la région de Cayce, dans le Kentucky. Il doit d’ailleurs son surnom Casey à cette ville, qui s’écrit donc Cayce mais se prononce de la même façon, « keïssi ». Ceci dit, il est retourné ensuite dans sa ville natale, où il s’est d’ailleurs marié en 1886. Employé sur la ligne Mobile and Ohio, c’est un employé modèle, tour à tour mécanicien affecté au freinage puis à la chaudière, enfin promu conducteur en 1891. Certains chroniqueurs rapportent toutefois qu’il fut suspendu à plusieurs reprises pour prise excessive de risques… Mais en 1895, son héroïsme est relevé une première fois quand il sauve d’extrême justesse une fillette tétanisée de peur sur les rails alors qu’un train arrivait…
Casey Jones est ensuite transféré début 1900 sur un train de passagers sur une section de la ligne entre Memphis et Canton, Mississippi, un express fameux que l’on connaît sous le nom de Cannonball (boulet de canon), qui relie Chicago à La Nouvelle-Orléans. Même si certains détails des faits (notamment en termes d’horaires) peuvent varier selon les sources, dans la nuit du 29 avril 1900, Casey Jones est volontaire pour remplacer un homologue absent. En soirée, à Memphis, peut-être vers 22 heures, il prend donc les commandes du train numéro 382. Mais le 30 avril 1900, vers 4 heures du matin, à Vaughan, une localité proche de Yazoo City un peu en marge du Delta, il percute un train de marchandises en train de manœuvrer. Jones décide de rester à bord jusqu’au dernier instant (il aurait même incité le préposé au freinage à sauter…) pour réduire au maximum la vitesse, qui passe de 120 km/h à moins de 60, mais le choc lui est fatal. Ce comportement héroïque a sans doute permis de sauver de nombreuses vies, Jones étant d’ailleurs la seule victime de l’accident qui ne fait par ailleurs que des blessés.
Le compositeur Wallace Saunders écrira une première version de la ballade juste après l’accident, qui ne sera publiée qu’en 1909. Dans le blues, la version la plus connue est peut-être celle de Mississippi John Hurt enregistrée dès 1928 sous le titre de Casey Jones. Elle est évidemment superbe, mais celle de Furry Lewis, bluesman de Memphis que je n’ai pas encore eu l’occasion de passer dans mon émission, intitulée Kassie Jones Blues, est tout aussi remarquable. J’en profite pour signaler que Casey est cette fois orthographié Kassie, sans doute pour des questions de droits, mais ça se prononce toujours de la même manière ! La lecture de Lewis date également de 1928 et comporte deux parties dont les paroles diffèrent, que je vous propose d’écouter en enchaînement dans mon émission.
En termes de nouveauté de la semaine, je vous invite à nous arrêter une nouvelle fois sur Big Daddy Wilson, un habitué qui devient donc l’artiste le plus souvent programmé dans cette émission avec trois passages. Ce sont évidemment les aléas du calendrier et de toute façon on ne saurait s’en plaindre… Comme vous le savez, le chanteur sera présent le 7 juin au festival Terre de Blues sur l’île de Marie-Galante (qui se déroulera du 4 au 7 juin) en Guadeloupe, mais il vient en outre de sortir la semaine dernière chez Ruf un tout nouveau CD intitulé « Deep in My Soul ». J’ai eu la chance de longuement échanger au téléphone avec Big Daddy au sujet de ce CD (également en vue d’un article à paraître dans le prochain Soul Bag en juin). Il m’a confirmé qu’il avait souhaité sur ce disque mêler toutes les influences qui font sa musique. On y trouve bien sûr du blues, moderne ou traditionnel, des ballades tendance soulful, un zeste de funk et du soul blues qui est un peu sa marque de fabrique. C’est surtout extrêmement bien arrangé et riche, avec des cuivres, des chœurs, mais aussi bien écrit…
Comme nous avons affaire à un des meilleurs chanteurs actuels au registre très étendu, c’est très réussi et varié, un des meilleurs albums de Wilson et peut-être bien le plus abouti. Il faut également souligner la prise en charge de la production par Jim Gaines, ce qui a dû lui aussi se régaler quand on sait que les musiciens qui entourent le leader comprennent le bassiste Dave Smith et le batteur Steve Potts qui forment une rythmique phare de Memphis, et aux guitares Will McFarlane, pilier du studio de Muscle Shoals, et la désormais incontournable Laura Chavez… Toutes les chansons mériteraient la citation, mais Deep In My Soul et Voodoo, très modernes, les ballades Mississippi Me et Hold On Your Love, mais aussi Ain’t Got Money et I Got Money, aux paroles amusantes et plus traditionnelles, Tripping On You dans un registre un peu plus funky, enfin I’m Walking et Redhead Stepchild, sur lesquelles on retrouve tous les ingrédients de sa musique, sont autant d’excellents moments. C’est justement un de ces deux derniers morceaux, I’m Walking, que j’ai retenu dans mon émission.
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