Aquarelle du XVIIIe siècle qui dévoile l’entassement des esclaves dans les bateaux négriers. © : France Télévisions.

Le musée d’Histoire de Nantes, qui se trouve dans le château des ducs de Bretagne, et plus particulièrement dans son aile qui abrite le mémorial de l’abolition de l’esclavage, accueille à compter de ce 16 octobre 2021, et jusqu’au 19 juin 2022, l’exposition L’abîme, Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830. Le titre de l’exposition s’inspire d’une théorie du Martiniquais Édouard Glissant (*), qui repose sur le gouffre atlantique, soit l’océan Atlantique qui sera traversé par les esclaves déportés d’Afrique vers les Amériques. Mais Krystel Gualdé, directrice scientifique du musée et commissaire de l’exposition, ajoute : « Le choix de ce titre nous permet aussi de parler d’un autre abîme, le nôtre, cet abîme que nous portons aujourd’hui. D’accepter cette histoire, de la regarder en face et de comprendre que c’est notre humanité à toutes et tous qui s’est abîmée dans ce trafic d’êtres humain. Elle continue de nous abîmer aujourd’hui, parce que la traite des êtres humains dans le monde n’a pas complètement cessé. » Nous devons aussi nous souvenir que Nantes fut le premier port esclavagiste en France, et l’exposition propose donc une double approche, la traite atlantique et l’esclavage colonial. Ce dernier aspect est moins connu, et il s’agit donc aussi « de révéler les traces invisibles des victimes du système colonial ». Les collections du musée, largement exploitées pour l’opération, ont été totalement réadaptées dans ce sens.
(*). Édouard Glissant (1928-2011) est un écrivain, poète et philosophe martiniquais lauréat du prix Renaudot en 1958 (pour La Lézarde), et finaliste battu d’une voix en 1992 pour le prix Nobel de littérature.

Aquarelle de 1769, produite par des acteurs de la traite des êtres humains. © : France Télévisions.