Pour 2024, je vous propose deux listes des dix albums et des cinq livres qui ont selon moi marqué cette année, et début 2025, je publierai mes Top 10 et Top 5 dans les deux catégories. Le deuxième livre sur ma liste de livres est Downhome Music: The Stories and Photographs of Chris Strachwitz, par Joel Selvin avec Chris Strachwitz (Chronicle Books). Chris Strachwitz nous a quittés le 5 mai 2023 à l’âge de quatre-vingt-onze ans, mais comme le veut la formule consacrée, il reste son œuvre immense. Durant sa longue carrière, le fondateur du label Arhoolie a rassemblé une collection considérable de photographies et d’enregistrements, aujourd’hui conservés par la Arhoolie Foundation et Smithsonian Folkways Recordings. L’éditeur a donc publié ce livre qui privilégie les photos de Strachwitz, et c’est évidemment l’assurance de trouver des documents exceptionnels et souvent rares. J’ajoute ci-dessous le texte de ma chronique publiée dans le numéro 254 de Soul Bag.

Strachwitz chez lui, Berkeley, Californie, 1960.

Downhome Music: The Stories and Photographs of Chris Strachwitz
Par Joel Selvin avec Chris Strachwitz
Chronicle Books, 208 pages, anglais, 40 $
La disparition en mai 2023 de Chris Strachwitz nous a laissés orphelins, tant le fondateur du label Arhoolie s’inscrivit parmi les passeurs essentiels des traditions musicales populaires qui nous passionnent. En sage qu’il était, Strachwitz n’avait pas manqué de rassembler ses archives au sein de la fondation Arhoolie (entre enregistrements et photos, il est question de plus de 40 000 documents !), avant de céder en 2016 son catalogue à Smithsonian Folkways Recordings. Aujourd’hui, c’est bien sur la base de ses photos que l’éditeur publie ce livre avec la fondation, alors que Joel Selvin participe aux textes. Une contribution qui ne saurait surprendre, car Selvin, journaliste musical et auteur d’une vingtaine de livres, connaît Strachwitz depuis la fin des années 1960. Créant un parallèle avec sa biographie, il insiste sur le rôle de Strachwitz, qui au-delà du Blues Revival, mène une quête inlassable pour sortir de l’ombre des bluesmen ruraux (mais aussi des artistes de cajun, de zydeco, mexicains…), qu’il interviewe, enregistre et donc photographie. Car on l’oublie un peu, Strachwitz a énormément voyagé depuis sa « base » californienne, d’où l’incomparable richesse du catalogue Arhoolie. Au bout d’une cinquantaine de pages captivantes sur ces périples, on passe au chapitre central, des plus copieux avec près de 200 pages, simplement intitulé « Photographs by Chris Strachwitz ». Cette fois commentées par Strachwitz en personne, les images rares défilent comme dans un rêve. Classées chronologiquement, de 1956 à 1999, elles montrent avec dépouillement et dignité les artistes et les lieux grâce et autour desquels cet homme s’est construit une vie dont il peut être fier car nous l’envions tous. Chris Strachwitz n’est plus, sachons honorer son œuvre inestimable.
Texte : © Daniel Léon / Soul Bag.
Photos : © Chronicle Books.

Black Ace en famille, Dallas, Texas, 1960.

 

Wallace Gernger et Paul McZiel, Lafayette, Louisiane, 1961.

 

Reverend Overstreet, Phoenix, Arizona, 1962.

 

Lightnin’ Hopkins et Antoinette, Berkeley, California, 1963.

 

Mance Lipscomb et sa femme, Navasota, Texas, 1963.

 

Frankie Lee Sims, Berkeley, California, 1963.

 

Big Mama Thornton, American Folk Blues Festival, Allemagne, 1965.

 

Elm Street, Dallas, Texas, 1969.