© : Blues & Rhythm.

On retrouve un nouveau numéro de la revue anglaise dont le sommaire est à nouveau particulièrement alléchant. On relève d’abord un impressionnant dossier intitulé « Chicago Blues 1971 », basé sur un reportage de Hans Schweitz qui met en scène Big John Wrencher, Lefty Dizz, Sunnyland Slim, Howlin’ Wolf, Kansas City Red, Freddie King, James Cotton, Bruce Iglauer (qui créa justement son label Alligator en 1971)… Également au sommaire : une interview de Bull Moose Jackson (chanteur-saxophoniste de R&B), « Words, Words, Words » à propos des paroles du blues, « Thunder Smith & Luther Stoneham » (bluesmen texans), un hommage à Mike Leadbitter pour les cinquante ans de sa mort, « Stuff You Don’t See Every Day » (photos rares de Don Zijlstra) et un retour sur les principaux festivals de blues américains.

Bull Moose Jackson. © : JazzWax.

À cela s’ajoute un article sur le chanteur-guitariste Cortelia Clarke. Habituellement, je n’entre pas dans le détail des articles au sommaire des revues, mais l’histoire singulière de ce bluesman mérite d’être contée, même brièvement. Né vers 1906 à Chicago, Clarke s’est installé à Nashville, où, après avoir été frappé de cécité au milieu des années 1950, il se produisait dans les rues tout en vendant des sacs à provisions pour compléter ses revenus. Le 21 décembre 1965, Al Pachucki, ingénieur du son pour RCA Victor, l’enregistre alors qu’il joue sur un trottoir de la 21e Avenue, pour ce qui devient l’album « Blues in the Street ». Il se vend à moins de 1 000 exemplaires, mais Felton Jarvis (producteur d’Elvis Presley de 1966 à 1977) décide néanmoins de l’inscrire au Grammy Awards. Le disque est nommé dans la catégorie « Best Folk Recording » (avec notamment Lead Belly et Pete Seeger), et le 2 mars 1967, il remporte le Grammy Award ! Cela ne change pas grand-chose pour Cortelia Clarke, qui continue de vivre misérablement sur Madison Street à Nashville, puis décède le 14 décembre 1969 dans un incendie provoqué par l’explosion de son appareil de chauffage au kérosène. Le Country Music Hall of Fame and Museum lui a consacré un documentaire d’une douzaine de minutes, A Nashville Busker, A Burned Guitar, A Broken Grammy: The Story of Cortelia Clark.

Cortelia Clarke chez lui avec sa femme Lou Ella, Nashville, 13 mars 1967. © : Dale Ernsberger / The Tennessean.

 

Ralph Rinzler enregistre Cortelia Clark à Nashville. © : Robert Yellin.