© : Alabama Public Television.

« An Alabama Kid », une enfant de l’Alabama, ce sont les premiers mots prononcés par Willie Mae « Big Mama » Thornton dans le documentaire que lui consacre Robert Clem pour la télévision publique de l’Alabama, et qui s’intitule Big Mama Thornton : Alabama Kid. De façon chronologique, il retrace le parcours de la chanteuse (également harmoniciste et batteuse), depuis ses débuts dans le gospel jusqu’à sa mort le 25 juillet 1984 à seulement cinquante-sept ans. Le film se déroule selon une approche intéressante : la musique est omniprésente, mais surtout en arrière-plan, comme pour prolonger les interventions des différents narrateurs (dont Big Mama elle-même). Les vingt-cinq dernières minutes, qui montrent plus souvent Big Mama sur scène (certes parce que les images filmées plus anciennes sont rares), sont extrêmement poignantes. Il y a notamment cet extrait de son dernier concert le 14 avril 1984, pour lequel elle s’avance péniblement sur scène, méconnaissable, paraissant quinze ans de plus que son âge et pesant une quarantaine de kilos contre deux cents auparavant. Mais la voix n’avait pas vieilli…

© : Black Music Project.

Les principaux événements qui jalonnent sa carrière sont bien là : ses sources d’inspiration des débuts dont Diamond Teeth Mary McClain (demi-sœur de Bessie Smith), sa première rencontre avec Don Robey en 1951 au El Dorado Ballroom qui débouchera notamment sur l’enregistrement l’année suivante chez Peacock de Hound Dog (coécrite par Mike Stoller qui témoigne), le rôle de Johnny Otis, l’installation à Houston puis à Los Angeles, les tournées incessantes qui la mènent à l’Apollo à New York, celle de l’American Folk Blues Festival en 1965 durant laquelle elle subjugue l’Europe, les festivals clés dont Monterey, l’influence sur Janis Joplin, ses problèmes d’addiction à l’alcool et son déclin physique… Outre Stoller cité plus haut, les principaux intervenants sont Lynnée Denise, autrice du récent ouvrage Why Willie Mae Thornton Matters (2023, University of Texas Press), Preston Lauterbach, auteur de livres référents sur les musiques afro-américaines, Tom Mazzolini, producteur et fondateur du San Francisco Blues Festival, Chris Strachwitz du label Arhoolie (nombre des propos de Big Mama dans le film sont tirés d’une interview de Strachwitz en 1963), Charlie Musselwhite et bien d’autres. Le documentaire, qui dure près de 57 minutes, est disponible en intégralité sur le site de la télévision publique de l’Alabama (réseau PBS) à cette adresse.

© : University of Texas Press.