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De son vrai nom John Leon Gross, Archibald (1916-1973) était un chanteur-pianiste de La Nouvelle-Orléans. Après avoir fréquenté les clubs de la grande ville louisianaise (où on l’appela Archie Boy puis Archibald), il sert en Inde durant la Seconde Guerre mondiale avant de reprendre sa carrière et de décrocher un contrat chez Imperial. Dès sa première séance qui se déroule le 23 mars 1950, il enregistre donc Stack-A’Lee, part 1 & part 2. Ce qui nous ramène à la nuit de Noël 1895, quand Lee Shelton (surnommé Stag, Stack ou Stagger Lee), proxénète à Saint-Louis, Missouri, prend un verre avec une connaissance, Willie « Bill » Lyons, dont le business n’est guère plus avouable. Une querelle s’ensuit et Shelton abat Lyons… Ce fait divers est à l’origine de la célèbre chanson dont on trouve trace dès 1897, avec un nom qui varie ensuite beaucoup : Stack-a-Lee, Skeeg-A-Lee, Stagolee, Stagger Lee, Stack O’Lee, etc. Une transcription écrite est publiée en 1911 et le premier enregistrement date de 1923, par les Waring’s Pennsylvanians dans un registre pop de l’époque.

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Mais des artistes afro-américains s’en emparent rapidement en ajoutant des paroles (les versions initiales sont en effet instrumentales), à commencer par des chanteuses de blues classique comme Lovie Austin au sein du groupe Ford and Ford (Skeeg-A-Lee blues en 1924) et Ma Rainey (Stack O’Lee blues en 1925). Concernant cette fois le blues rural, Mississippi John Hurt a également signé une superbe lecture en 1928, Stack O’Lee blues. Et d’autres grands interprètes (Duke Ellington, Cab Calloway, Woody Guthrie, Sidney Bechet…) mettent le morceau à leur répertoire avant Archibald. Mais la version de ce dernier du 23 mars 1950, gravée sous la direction du chef d’orchestre Dave Bartholomew (à la trompette sur l’enregistrement) au fameux studio J&M de Cosimo Matassa, est importante car elle est la première à connaître le succès au niveau national en atteignant la dixième place des charts R&B de Billboard. Archibald réalisera douze autres chansons jusqu’en 1952, sans jamais retrouver la même réussite, se contentant ensuite de se produire dans les clubs de La Nouvelle-Orléans jusqu’à sa mort.

Archibald chez lui en 1970. © : John Broven / Stefan Wirz.