Au programme de mon émission sur YouTube, Bobby « Blue » Bland (rubrique « Un blues, un jour ») et Ricky Dillard & New G (rubrique « Les temps du gospel »).
Il est aujourd’hui question d’un monstre, d’un monstre vocal, en l’occurrence Bobby « Blue » Bland, qui nous a quittés il y a 6 ans, le 23 juin 2013 à l’âge de 83 ans. Comme d’habitude avec de tels artistes, on finit par se répéter car on ne sait plus que dire, étrange paradoxe… Mais comme il faut bien se lancer, disons qu’il incarnait une sorte de perfection vocale car il exploitait le meilleur des trois grands styles de la musique afro-américaine, le gospel, la soul et le blues. Et peu importe d’ailleurs dans quel ordre on considère ces styles, c’est bien cette caractéristique qui fait de Bland une artiste unique. Si on passe à sa biographie, rappelons qu’il vient de Rosemark, Tennessee, 40 km au nord-est de Memphis. Il est en fait né Robert Calvin Brooks, mais comme son père l’a abandonné peu après sa naissance, il a pris le nom de son beau-père, qui lui aussi se nommait Brooks mais se faisait appeler Leroy Bland… Pas simple à suivre…
En tout cas, quand il s’installe à Memphis en 1947 avec sa mère, il chante d’abord dans des formations de gospel. Mais dans cette ville musicalement bouillonnante, surtout au tournant des années 1940 et 1950 alors que les vagues provoquées par des courants comme la soul et le rock ‘n’ roll s’apprêtent à déferler, il est évidemment impacté. Ce qui lui permet d’être rapidement à l’origine d’un collectif d’artistes sur Beale Street, les Beale Streeters, aux côtés de gens comme B.B. King, Johnny Ace, Roscoe Gordon ou Junior Parker. En 1951, l’inévitable Sam Phillips du label Sun l’enregistre sur un single de Roscoe Gordon que sortira Chess, puis il signe des faces chez Modern pour les frères Bihari, avec parmi ses accompagnateurs Ike Turner, Johnny Ace et Matt » Guitar » Murphy. Décidément très sollicité car tout cela se passe sur une période d’environ un an, il est engagé par Duke en 1952, mais son élan est freiné car il doit partir à l’armée.
Mais dès son retour en 1955, il marque les esprits, et jusqu’à la fin des fifties, il obtient ses premiers succès comme It’s MyLife, Baby en 1955 mais surtout Further Up the Road en 1957. En outre, les guitaristes qui l’accompagnent alors sont parmi les meilleurs de l’époque et se nomment Roy Gaines, Clarence Hollimon, Pat Hare, Wayne Bennett… Bobby Bland reste au sommet dans les années 1960 tout en orientant de plus en plus sa musique vers la soul. Je n’irai pas plus loin ici dans la suite de son parcours qui fera de lui un des plus grands chanteurs du XXe siècle, pas par manque d’envie, et encore moins de respect, mais parce que le format de mon émission et de mes articles ne le favorise pas. Comme d’autres artistes de sa stature, les occasions ne manqueront pas pour évoquer d’autres périodes de sa carrière. Parmi les compilations sur ses faces des années 1960, je vous suggère « It’s My Life, Baby – The Singles As & Bs 1951-1960 » (Jasmine, 2011). Concernant mon émission, je vous propose de l’écouter en 1955 avec Roy Gaines à la guitare (qui 64 ans après est toujours parmi nous et actif !), sur It’s My Life, Baby.
Pour la page gospel de ce dimanche, qui sera aussi la dernière avant les vacances estivales, je vous propose de découvrir Ricky Dillard and New G. En fait, plus exactement, nous allons revenir sur la dernière édition du Chicago Gospel Music Festival, qui s’est déroulée le 31 mai et le 1erjuin derniers. Car on l’oublie un peu, mais le très fameux Chicago Blues Festival que nous connaissons tous est précédé chaque année d’un important festival de gospel sur le même site. Et cette année, l’événement en est à sa 34eédition. En outre, n’oublions pas non plus que Chicago est depuis bien longtemps une terre d’élection pour cette merveilleuse musique qu’est le gospel.
Comme cette édition est terminée, je ne m’attarderai pas sur le programme, je me contenterai de rappeler qu’il proposait en deux jours pas moins de 22 concerts, une cérémonie spéciale à l’occasion de la sortie du film Amazing Grace sur Aretha Franklin, et une autre consacrée aux Stellar Awards qui se sont déroulés en mars, et qui sont un peu les équivalents de nos Blues Music Awards. Pour illustrer cela, j’ai donc choisi Ricky Dillard & New G, qui se produisaient bien sûr au dernier Chicago Gospel Music Festival. Chanteur et compositeur, Ricky Dillard est aussi un régional car il est né à Chicago en 1965. Il a commencé sa carrière discographique il y a près de 30 ans, en 1991, et il compte dix albums à ce jour, tous très bien reçus par la critique. Il lui arrive naturellement de se produire avec une chorale, qui porte ici le nom de New G, une formule toujours très impressionnante avec des solistes à tomber par terre… On les écoute dans mon émission en 2009 avec Oh Sweet Wonder.
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