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Au programme de mon émission sur YouTube, Big Joe Williams, (rubrique « Un blues, un jour »), et Junior Wells (rubrique « Réédition de la semaine »).

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© : Discogs

Big Joe Williams, dont la carrière s’étendra sur quelque cinq décennies, fut un des bluesmen les plus populaires du siècle dernier. Le parcours de Bob Koester, fondateur au début des années 1950 de Delmark, un label historique de cette musique, est encore plus long… Les deux hommes étaient assurément faits pour se rencontrer, et ce sera le cas pour un événement qui marqua leurs destins respectifs. Nous sommes évidemment un 10 janvier, en 1958 pour être précis. Ce jour-là, Big Joe se présente dans le studio dont s’occupe Bob Koester à Saint-Louis, où il donc lancé son label Delmar cinq ans plus tôt.

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En deux jours, les 10 et 11 janvier, cinq faces sont réalisées. Un mois plus tard, encore en deux séances les 8 et 18 février, avec en plus J. D. Short en accompagnateur au chant et à la guitare, sept morceaux s’ajoutent pour compléter un album qui est tout simplement le premier de Big Joe Williams, « Piney Woods Blues ». En outre, peut-être sans qu’il le sache, Bon Koester boucle aussi son dernier album à Saint-Louis. En effet, en août 1958, il prendra ses nouveaux quartiers à Chicago, ajoutant au nom de sa marque ce petit « k » final qui va faire de Delmark un des plus célèbres labels de blues au monde… Et le plus ancien en activité, car même si Koester, désormais âgé de 86 ans, a vendu Delmark en mai 2018, la marque poursuit son activité. Clin d’œil pour souligner cette transition de 1958, sur la pochette de l’album de Big Joe « Piney Woods Blues » enregistré à Saint-Louis, si le nom du label est encore orthographié Delmar, c’est bien la nouvelle adresse à Chicago que l’on peut lire : 439 So. Wabash, Chicago 5, Ill.

Pour Big Joe Williams, cette année 1958 est également importante en marquant une forme de redécouverte, car il enregistra bien peu de choses dans les années 1950. Une deuxième carrière qui le mènera sur les plus grands festivals et lui vaudra une immense popularité, mais selon la formule consacrée, c’est une autre histoire… Sur l’album, il reprend quelques classiques dont l’inévitable Baby Please Don’t Go, mais on trouve aussi des choses nouvelles, dont Mellow Peaches, en plus enregistré le 10 janvier 1958, que j’ai retenu pour mon émission.

 

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Pour la réédition de la semaine, je me devais de revenir à un moment donné au coffret « Box of Blues »consacré à Junior Wells par le label Cleopatra. À l’occasion des vingt ans de la disparition de l’harmoniciste-chanteur en 1998, j’ai réalisé dans le numéro 233 de Soul Bag actuellement en vente un dossier sur le bluesman. J’ai également signé la chronique du coffret qui contient donc six CD, un livret de 48 pages et un mini-harmonica… qui fonctionne ! Sans entrer dans les détails, l’ensemble peut se diviser en deux parties principales : trois CD en studio sur les années 1950, 1960 et 1970 (avec toutefois quelques titres en live), et trois CD entièrement en public sur les années 1980 et 1990. Compte tenu du volume de cette anthologie, j’ai choisi de l’évoquer dans deux émissions, avec un extrait studio aujourd’hui et un extrait live jeudi prochain.

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Quoi qu’il en soit, et je l’écris sans hésiter, ce coffret est loin d’être parfait. Pour les trois CD en studio (période 1953-1975), les morceaux ne sont pas classés dans l’ordre chronologique, c’est un impensable fouillis dans lequel on se perd, dans certains cas les références des albums originaux ne sont pas mentionnés alors qu’ils sont très connus (comme par exemple le chef-d’œuvre « Hoodoo Man Blues » de 1965), et même les noms de certaines chansons sont mal retranscrits… Bien entendu, si on s’en tient à la seule musique, c’est absolument magnifique, c’est vraiment du Junior Wells au top et le meilleur du Chicago Blues de l’époque. C’est sa période la plus riche et la plus créatrice durant laquelle il s’imposa avec un blues profondément original souvent teinté de funk, résolument moderne, novateur et classieux, voire délicieusement provocant… Junior Wells était unique et son œuvre hautement personnelle aurait mérité meilleur écrin. On se contentera donc de la musique. Pour illustrer cette première page consacrée à ce coffret, je n’ai pas résisté à prendre un extrait du fabuleux « Hoodoo Man Blues », initialement sorti chez Delmark en 1965. Tout est parfait, l’enregistrement spontané, Junior bien sûr, mais aussi Jack Myers à la basse, Bill Warren à la batterie, sans oublier Buddy Guy à la guitare, sous le pseudonyme de Friendly Chap, juste génial. Comme le morceau, Snatch It Back and Hold It