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Au programme de mon émission sur YouTube, Fenton Robinson, (rubrique « Un blues, un jour »), et Big Dez (rubrique « Blues in France »).

Encore un événement très ancien pour ouvrir cet émission, qui s’est déroulé il y a tout juste 204 ans, très exactement le 9 janvier 1815. Ce jour-là, le bateau à vapeur Enterprise arrive à La Nouvelle-Orléans. Il était parti dix-huit jours plus tôt de Pittsburgh en Pennsylvanie, pour accomplir un très long parcours de 3 500 km sur la rivière Ohio puis sur le fleuve Mississippi. Un exploit pour cette époque, qui démontrait surtout que la navigation commerciale sur le Mississippi et ses affluents était possible. Malheureusement, en ces temps troublés qui voient les États-Unis affronter les Britanniques lors de ce que nous appelons aujourd’hui la seconde guerre d’indépendance (ou guerre anglo-américaine de 1812), l’Enterprise est surtout là pour amener une cargaison d’armes. Il s’agissait de ravitailler les troupes engagées dans la bataille de La Nouvelle-Orléans, qui eut en fait lieu la veille avec une nette victoire des Américains sur les Britanniques, et hélas un lourd bilan de plus de 300 morts.

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Le parcours de l’Enterprise, achevé le 9 janvier 1815 à La Nouvelle-Orléans. © : Louisiana State Exhibit Museum.

Mais l’Enterprise n’en avait pas terminé avec les exploits marquants. Au mois de mai de la même année, le steamer ou steamboat (noms désignant ce type de bateau à vapeur) fera le voyage en sens inverse, inaugurant ainsi le parcours à contre-courant ! Fort heureusement, les bateaux sur le Mississippi se servirent pas qu’à faire la guerre, ils se développeront dans les domaines des transports de marchandises comme de passagers, inspireront bien des livres et des films, et de nos jours ce sont souvent des attractions touristiques. Et ils appartiennent à la grande histoire du fleuve.

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© : Discogs

Pour leur part, les bluesmen ont plus souvent évoqué les crues du Mississippi dans leur chansons que les bateaux, mais certains en parlent dans leurs compositions. C’est le cas du superbe chanteur et guitariste Fenton Robinson. En début de carrière, en 1958, alors qu’il vivait encore à Memphis avant de s’installer à Chicago, il a ainsi enregistré un très beau blues sur le sujet, qui s’appelle Mississippi Steamboat, que j’ai bien entendu programmé dans mon émission.

 

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Pour blues le made in France du mercredi en deuxième partie d’émission, je m’arrête sur une formation forte d’une belle expérience car elle nous régale depuis 1996. Il s’agit de Big Dez, qui a récemment sorti son huitième album, « Last Train ». Côté personnel, on retrouve Phil Fernandez au chant et à la guitare, Rodolphe Dumont à la guitare et Marc Schaeller à l’harmonica, tous trois membres fondateurs du groupe, avec en plus Laurian Daire aux claviers, Cyrille Catois à la basse et Steve Belmonte à la batterie. Mais ce nouveau CD compte plusieurs invités qui méritent aussi la citation : Léa Worms et Lucky Peterson (org), Éric Sauviat et Philippe Asmosino (g), Cédric Ricard et Sax « Gordon » Beadle (sax), Bernard Luzignant (tb), Benjamin Belloir (tp), Jessie Lee Houllier et Lena Woods (chœurs), Benjamin Colin (congas) et Otis « The Preacher » Hornesby, excusez du peu !

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Tout ce beau monde signe un disque énergique et sans concession, c’est l’efficacité qui prime, la ligne directrice ne trompe pas. Ce qui ne veut pas dire que le disque manque de variété. Les amateurs de blues rock se lèveront sans aucun doute sur des morceaux comme By Yourself, You Know What I Mean, We Gonna Make It ou encore Memphis. Mais on trouve aussi des titres plus étoffés et arrangés, notamment avec des chœurs et des cuivres sur Back to Little Street, That’s the Way You Can Change, et j’avoue un petit faible pour Until the Broad Daylight avec son bel orgue, son piano et encore ses chœurs. Et ne croyez surtout pas vous endormir car le boogie speedé Any You Wanna Swing vous cueillera sans crier gare pour vous secouer les os ! Mais aucun des 12 titres n’est faible, au contraire tout est solide, bravo Big Dez de continuer sur cette voie dynamique et très actuelle ! Pour illustrer tout cela, j’ai donc choisi pour mon émission Until the Broad Daylight.

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