Blues in France copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Big Daddy Wilson (rubrique « Un blues, un jour ») et Carole Brown (rubrique « Blues in France »).

Il n’est pas excessif de dire que le 6 mars 1857 aura marqué à jamais l’histoire des États-Unis, quand la Cour suprême du pays rendit l’arrêt Dred Scott contre John F.A. Sandford (dont le nom s’orthographie en réalité Sanford, une erreur administrative qui n’a jamais été corrigée…), que l’on appelle aussi plus simplement cas Dred Scott. Ce dernier, protagoniste central de l’affaire, est né esclave en Virginie, probablement en 1799. Mais au gré des changements de propriétaires, il se retrouve à partir du milieu des années 1830 en différents lieux des États-Unis, des territoires comme l’Illinois, l’actuel Minnesota, le nord de la Louisiane ou encore le Missouri, où l’esclavage n’a pas cours, quand il n’est pas interdit…

De façon somme toute parfaitement naturelle, Dred Scott entreprend donc d’obtenir sa liberté en 1846, mais la femme de son propriétaire (mort en trois ans plus tôt) non loin de Saint-Louis s’y oppose, d’ailleurs en toute illégalité car le Missouri est un État dit « libre » (free state). Mais Scott ne se démonte pas et décide d’engager des poursuites judiciaires. La procédure va durer onze ans car l’affaire prend d’énormes proportions, et va stigmatiser et accentuer la division du pays, les États du Nord abolitionnistes s’opposant à ceux du Sud qui sont favorables à l’esclavage. Et finalement, le 6 mars 1857, la Cour suprême va dans le sens des sudistes en rendant cet incroyable arrêt Scott contre Sanford, qui stipule que toute personne originaire d’Afrique, esclave ou libre, ainsi que ses descendants, ne peut obtenir la citoyenneté américaine, et qu’elle ne peut donc pas non plus engager d’action en justice dans ce but. De nos jours, tous les historiens admettent que cette décision est la pire jamais prise par la Cour suprême…

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© : Michael Lombroso 2018 / Sons d’hiver

Le cas Dred Scott ne fera que raviver les tensions entre Nord et Sud qui déboucheront sur la Guerre de Sécession quatre ans plus tard. Quant à Scott, il sera finalement affranchi en mai 1857, mais il en profitera peu et décédera l’année suivante. Et en 1868, la Constitution adoptera le 14eamendement reconnaissant la citoyenneté aux Afro-Américains. Ce thème sera beaucoup évoqué dans les work songs, les prison songs, dans les spirituals et le gospel aussi, ce sera plus tardif et plus rare dans le blues. Mais la matière ne manque pas… J’ai choisi pour mon émission une chanson récente, car enregistrée en 2009 par le chanteur Big Daddy Wilson sur son album « Love Is the Key ». Elle s’appelle tout simplement Ain’t No Slave, il n’y a pas d’esclave…

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© : Amazon

 

Je vous propose d’élargir la page « Blues in France » du mercredi à la scène québécoise pour évoquer Carole Brown, une auteure et compositrice qui chante depuis son plus jeune âge. À ce jour, elle a enregistré quatre albums, et si comme bien des Canadiens, elle peut chanter indifféremment en anglais comme en français, ce qui lui permet aussi de se produire aux États-Unis, j’en parle aussi ici car elle aime chanter le blues dans notre langue. Pour cela, elle compose ses propres titres ou fait appel à d’autres compositeurs. En ce moment, elle prépare un cinquième album, et à l’écoute du titre que j’ai programmé dans mon émission, qui sera sur le futur disque, on est impatient de l’avoir !

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© : Carole Brown / YouTube

Ce morceau s’appelle « Blues du pays », c’est un superbe blues lent, qui outre le talent de la chanteuse, met en avant la belle guitare de Norbert Miguel. Ce dernier a d’ailleurs écrit la musique et nous devons les textes à Jacques Stéau, que nous connaissons bien car il s’occupe notamment de Jazz et Blues Productions et anime un mercredi sur deux l’émission « Jazz & Blues chez Jacques » sur Montréal Radio Cité. Je remercie d’ailleurs Jacques qui m’a transmis des éléments pour la réalisation de cette émission. Pour revenir au single de Carole Brown, il est déjà bien reçu car il a récemment atteint la septième place au classement de Montréal Radio Cité, justement. Je vous invite donc à écouter son Blues du pays.

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© : Courtoisie Jacques Stéau