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Au programme de mon émission sur YouTube, Jaybird Coleman (rubrique « Un blues, un jour »), et le trio Joe Louis Walker/Bruce Katz/Giles Robson (rubrique « Top of blues »).

Nous allons remonter à la fin du XIXe siècle pour évoquer Jaybird Coleman, qui est en effet né le 20 mai 1896. Il fut un des pionniers de l’harmonica dans le blues et s’il avait eu l’opportunité d’enregistrer davantage, car il nous laisse uniquement une vingtaine de faces réalisées entre 1927 et 1930, il aurait sans doute eu beaucoup plus d’influence. Il vient de Gainesville en Alabama où il a grandi dans une famille de métayers, tout en apprenant l’harmonica vers l’âge de 11 ou 12 ans, ainsi que la guitare, un instrument qu’il n’utilise toutefois pas sur ses disques et qu’il devait réserver à ces prestations dans les rues ou lors de soirées. Confronté à la dureté des travaux agricoles, Coleman trouve refuge dans la musique et il en profite pour apprendre des choses qui préfigurent le blues, des airs traditionnels, des work songs, des hollers, des folks songs et peut-être aussi des spirituals. C’est bien grâce à ce registre étendu qu’il a pu animer très jeune des soirées et des réunions locales.

Il passe la Première Guerre mondiale dans une garnison en Alabama, ce qui le déçoit car il imaginait par le biais du conflit découvrir l’Europe. Dès lors, il se fait difficilement à cet espace confiné, et son insubordination et son tempérament imprévisible un peu foufou lui valent le surnom de Jaybird (il s’appelle en fait Burl C. Coleman). Mais il profite également de l’armée pour pratiquer et perfectionner sa musique. Après la guerre, il revient dans sa ville natale en Alabama où il travaille dans une ferme, mais une fois encore, il ne s’en accommode pas et reprend la musique. En 1922, il tourne avec un certain Big Joe Williams puis dans la fameuse troupe itinérante des Rabbit Foot Minstrels, parcourant tout le sud. Puis il suit un frère dans une autre ville de l’Alabama, Bessemer, où il se fixe et épouse une chanteuse avec laquelle il se produit dans les rues.

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© : Document

Il finit ainsi par enregistrer ses premiers disques en 1927, qui se vendent correctement mais visiblement sans rien lui rapporter. Mais il est très populaire, aussi bien auprès des Noirs que des Blancs. Au point que l’incroyable se produit : la section locale du Ku Klux Klan l’aide à trouver des engagements dans toute la région ! Il enregistre aussi quelques faces sous divers pseudonymes et au sein d’un jug band dont il est à l’origine, le Birmingham Jug Band. Mais il cessera donc d’enregistrer en 1930, tout en continuant de jouer dans les rues jusqu’à sa mort le 28 janvier 1950 à 53 ans. Il nous laisse une douzaine de faces sous son nom complétées de quelques autres avec son jug band, que l’on retrouve sur l’anthologie « Jaybird Coleman & the Birmingham Jug Band, Complete Recorded Works in Chronological Order – 1927-1930 » (Document, 1992). C’est peu mais historiquement essentiel, car Jaybird Coleman est un des tout premiers à enregistrer des blues avec l’harmonica en instrument soliste. J’ai choisi pour mon émission une merveille qui date de 1927, Mistreatin’ Mama.

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© : Discogs

 

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© : Blues Foundation / Facebook

L’heure est venue dans « Top of blues » de parler des résultats des Blues Musics Awards, dont les gagnants ont été dévoilés le 9 mai. Comme je l’ai récemment expliqué à l’antenne, je n’y suis pas venu plus tôt car j’enregistre mes émissions une bonne semaine à l’avance… Sans entrer dans le détail car il y a 25 catégories dont vous pouvez consultez la liste détaillée sur le site de la Blues Foundation, d’autant que j’y reviendrai dans de prochaines émissions, disons que les grands gagnants sont Shemekia Copeland pour le meilleur album, la Welch Ledbetter Connection comme meilleur groupe ou encore Buddy Guy pour le meilleur album traditionnel. Sachant en outre que certains de ces artistes cumulent plusieurs récompenses. Il faut y ajouter le trio composé de Joe Louis Walker, Bruce Katz et Giles Robson pour « Journeys To The Heart of the Blues »chez Alligator, qui a gagné la catégorie du meilleur album acoustique.

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Et j’ai justement choisi de retenir un morceau de ce trio. On ne présente pas Joe Louis Walker, acteur prédominant de la scène blues de ces 30 dernières années. Bruce Katz, pianiste et plus rarement bassiste, est également très connu pour ses collaborations avec des artistes de blues, de R&B, de rock sudiste, voire de jazz, dont Ronnie Earl, Barrence Whitfield, David « Fathead » Newman et l’Allman Brothers Band. Le chanteur et harmoniciste britannique Giles Robson est sans doute le moins connu des trois mais c’est un des bons adeptes actuels de l’harmonica. Walker, Katz et Robson nous proposent donc un album d’inspiration traditionnelle composé de reprises, mais il s’agit de chansons justement peu… reprises ! C’est en tout cas un album très réussi bien dans l’esprit. J’aurais pu prendre un extrait de l’album mais je préfère vous les montrer en 2018 sur scène, dans l’ambiance d’un club à Londres, avec cette fois un standard car c’est Dust My Broom. Et Joe Louis Walker à la guitare slide, ça reste un régal qui ne se refuse pas…

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