Au programme de mon émission sur YouTube, Booker T. Washington (rubrique « Un blues, un jour »), et Arnaud Fradin & his Roots Combo (rubrique « Réédition de la semaine »).
L’émission et l’article du jour portent sur un personnage central de l’histoire afro-américaine, Booker T. Washington, né le 5 avril 1856 à Hale’s Ford en Virginie. Il fut un des principaux précurseurs de la lutte pour les droits des Noirs au tournant des XIXe et XXe siècles. En effet, à notre époque, on pense d’abord à la période des années 1950 et 1960, qui est aussi la plus documentée, avec des figures comme Martin Luther King, et qui sera notamment fondamentale en aboutissant à la fin de la ségrégation. En remontant le temps jusqu’aux années 1920, on se souvient de mouvements identitaires comme la Harlem Renaissance et la génération de Marcus Garvey qui mena aussi un dur combat en prônant par exemple le retour des Noirs vers l’Afrique. Mais Washington appartient à la première génération, celle qui a succédé à la Guerre de sécession et à l’abolition de l’esclavage.
Car Booker Taliaferro Washington, pour citer son nom complet, était métis, issu d’un père blanc et d’une mère noire qui était esclave à sa naissance en 1856. Après de brillantes études, il sera professeur et écrivain tout en devenant un porte-parole de la cause afro-américaine. Il se distingue d’abord en 1895 avec le compromis d’Atlanta durant lequel il prône l’émancipation et l’union des races noire et blanche, attirant à la fois l’attention du grand public et des instances, en particulier politiques. En 1901, il publie son autobiographie Up to Slavery, dans laquelle il explique comment il a franchi les obstacles qui l’ont mené de l’esclavage à l’enseignement supérieur, un livre fondamental toujours lu aujourd’hui. Washington est pris très au sérieux, y compris au plus haut niveau, car en octobre 1901, il est le premier Noir invité à la Maison-Blanche pour un dîner officiel par un président, en l’occurrence Theodore Roosevelt.
Il mènera d’autres actions que je ne peux citer ici, mais l’ensemble de son œuvre en fera un des premiers leaders noirs et même un activiste en faveur des droits civiques, même si certains de ses pairs lui reprocheront d’être trop modéré… Washington, qui fut aussi un homme d’affaires avisé, sera évidemment très respecté dans la communauté noire et il le demeure aujourd’hui à travers ses écrits, et dans notre domaine, au moins deux artistes que nous connaissons bien portent un nom en son hommage. Le premier est Bukka White, qui s’appelait en réalité Booker T. Washington White, et Booker T. Jones, qui comme son père fut appelé Booker Taliaferro Jones. Comme j’ai récemment passé Bukka White (voir mon émission et mon article du 26 février 2019), j’ai programmé le claviériste Booker T. Jones, avec son génial instrumental de 1962, Green Onions.
La page « En tournée » du jour nous donne l’occasion de parler d’Arnaud Fradin & his Roots Combo. Il est inutile de s’attarder trop longtemps sur le chanteur et guitariste français que vous connaissez sans doute très bien. On rappellera juste brièvement qu’il est un des fondateurs du groupe Malted Milk qui a fêté ses 20 ans l’année dernière, mais qu’il mène d’autres projets, dont celui, assez récent, qui l’a vu collaborer avec la chanteuse soul Toni Green. Blues, soul, soul blues et même funk, Arnaud et ses amis musiciens aiment d’ailleurs explorer ces différents genres, avec un brio et un talent qui leur valent une réputation qui dépasse les frontières françaises. Mais je m’arrête donc en priorité aujourd’hui sur ce Roots Combo qui tourne en ce début de mois d’avril 2019.
Comme l’explique Arnaud sur son site Internet, l’idée née 3 ans plus tôt consistait bien entendu à renouer avec les racines du blues, d’abord en duo avec l’harmoniciste Thomas Troussier, mais Igor Pichon à la contrebasse et Richard Rousset ont complété l’ensemble. La sortie en 2017 de l’album « Steady Rollin’ Man » et de nombreux concerts ont démontré le bien-fondé de l’entreprise, et il ne faut évidemment pas hésiter à aller voir Arnaud Fradin & his Roots Combo s’ils passent dans votre région. Voici donc les trois dates qu’ils nous proposent : ils seront demain 6 avril à Thouars (Deux-Sèvres) dans le cadre du festival TerriThouars Blues, le 7 à Riantec (Morbihan) cette fois pour Blues en Rade et le 8 avril au Cabaret Jazz Club à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Quelques autres dates sont également mentionnées sur le site pour juin, août et septembre, mais elles feront certainement des petits d’ici là. Quant à Arnaud Fradin, il tournera aussi avec Malted Milk en mai et tout l’été, mais nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir… Je vous propose d’écouter tout ce beau monde dans mon émission avec un morceau en février 2018 en public à Nantes, Two Trains Runnin’.
Les derniers commentaires