Au programme de mon émission sur YouTube, Marquise Knox (rubrique « Un blues, un jour »), et J.S. Ondara (rubrique « En tournée»).
Le p’tit blues qui fait du bien va nous ramener aujourd’hui à un événement survenu il y a tout juste 150 ans, le 10 mai 1869, quand deux lignes ferroviaires se rejoignirent au site de Promontory Summit dans le Nebraska. Les lignes concernées sont la Central Pacific, venue de Sacramento en Californie, soit de l’ouest, et l’Union Pacific, venue d’Omaha dans le Nebraska, soit de l’est. Cette jonction entre l’ouest et l’est des États-Unis est historique car elle permet la formation sur 3 000 km de la première ligne ferroviaire transcontinentale du pays mais aussi du monde. En outre, elle permet de relier les côtes pacifique et atlantique. Débutés durant la Guerre de Sécession le 8 janvier 1863, les travaux auront donc duré un peu plus de six ans mais ils feront malheureusement des centaines de morts, entre 1 000 et 2 000 selon les sources, principalement des migrants chinois qui constituaient la majorité des ouvriers.
D’ailleurs, les conséquences, à la fois démographiques et économiques, ne furent pas non plus toutes heureuses, car la population des États de l’ouest sera multipliée par 25, un phénomène qui sera à l’origine du massacre des tribus indiennes. Mais elle facilita évidemment les déplacements : alors qu’il fallait auparavant six mois pour faire le trajet en convoi (composés de chariots que l’on voyait dans les westerns !), une semaine suffisait en train. Cela révolutionna aussi le transport du fret, qui se faisait jusque-là par bateau et impliquait carrément de contourner l’Amérique du Sud ! Certes, nous avons déjà parlé des trains dans des émissions passées et vous savez que c’est un thème récurrent dans le blues. Mais pour évoquer cette jonction, le jeune chanteur, guitariste et harmoniciste Marquise Knox, assurément une des plus belles révélations du blues de ces dernières années, s’imposait. Car en 2014, la Union Pacific, une des deux lignes de la jonction historique du 10 mai 1869, a tourné un clip promotionnel avec Marquise Knox interprétant le classique de Muddy Waters I Feel Like Going Home. C’est franchement réussi et je vous invite à le découvrir dans mon émission.
Pour la tournée du vendredi, après Marquise Knox, 28 ans, je vous propose de nous arrêter sur un jeune artiste, qui est également un nouveau venu, J.S. Ondara. Ce jeune chanteur, guitariste et compositeur de 26 ans a récemment beaucoup fait parler de lui, notamment grâce à son premier album sorti en février dernier chez Verve/Universal, intitulé « Tales of America ». Et bien que son répertoire se rapproche plus de l’americana, et en particulier du folk, que du blues, j’avoue que sa voix et les textes de ses compositions m’ont touché. En plus de cela, son parcours est également assez atypique. Il est en effet né à Nairobi au Kenya et ne s’est installé aux États-Unis, plus précisément à Minneapolis dans le Minnesota, qu’en 2013, à l’âge de 20 ans. Ses premières influences s’appellent Neil Young et surtout Bob Dylan, ce qui se ressent effectivement au chant dans son phrasé. S’il a commencé à écrire très jeune, il s’est en revanche mis à la guitare bien plus tard, seulement en arrivant aux États-Unis.
Comme je l’écris plus haut, ses textes sont très intéressants, notamment consacrés aux migrants venus d’Afrique et à leur intégration sur le continent américain, un propos qui le rapproche dès lors du blues, d’autant que certaines de ces interprétations sont aussi dans l’esprit de cette musique. Il est sans doute un peu « borderline » ici, mais son talent me semble mériter l’attention, et le mieux est d’aller le voir pour se faire une idée. Sa tournée en France a débuté il y quelques jours, mais il reste quelques dates en ce mois de mai, et il reviendra aussi cet été : J.S. Ondara sera donc demain 11 mai au 106 à Rouen (Seine-Maritime), le 12 au Plan à Ris-Orangis (Essonne) et le 13 au Nouveau Casino à Paris. Mais il reviendra début juillet pour deux festivals, Cognac Blues Passions le 5 et Les Nuits d’Istres le 6. Dans mon émission, je vous propose de l’écouter en public à Boston le 23 mars dernier, avec une chanson a cappella, un exercice toujours difficile et impressionnant (et ce qui doit être une première dans cette émission), qui s’appelle Turkish Bandana.
Les derniers commentaires