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Au programme de mon émission sur YouTube, A.C. Reed (rubrique « Un blues, un jour »), et Helen Humes (rubrique « Réédition de la semaine»).

Un saxophoniste de plus au programme avec A.C. Reed, né le 9 mai 1926, il y a 93 ans. Même s’il était leur aîné d’une petite dizaine d’années, Reed peut être associé à deux autres saxophonistes qui ont modelé de façon significative le blues moderne de Chicago surtout à partir des années 1960, Eddie Shaw et Abb Locke. De son vrai nom Aaron Corthen, d’où les initiales A.C., il se fera appeler Reed en côtoyant Jimmy Reed. Il vient de Wardell dans le Missouri et s’est intéressé assez jeune au saxophone. Il devra toutefois attendre d’être installé à Chicago durant la Seconde Guerre mondiale pour s’offrir son premier instrument, en 1942 à l’âge de 16 ans. À partir de la fin des années 1940, son activité devient de plus en plus régulière et marque le point de départ d’un parcours qui sera édifiant. Il commence ainsi à se produire et à collaborer sur disques avec d’excellents artistes, d’abord Willie Mabon, Jimmy Reed, Earl Hooker et Ike Turner.

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Au Club 47 à Cambridge, Massachussets, dans le groupe de Buddy Guy, peut-être en décembre 1967. © : Jeff Albertson / UMassAmherst

Entre 1961 et 1969, il réalise quelques singles sous son nom pour diverses petites marques comme Age, USA, Cool, Nike et T.D.S., avec notamment les titres This Little Voice et My Baby Is Finequi deviendront des classiques de son répertoire. Parallèlement, il apparaît auprès de Muddy Waters en 1962, mais il s’associe surtout avec Buddy Guy et Junior Wells à partir de 1967, avec lesquels il va rester une dizaine d’années. Viendront ensuite de fructueuses collaborations avec Son Seals et bien sûr Albert Collins dont il sera le saxophoniste attitré durant plusieurs années. Sa collaboration avec Collins ne l’empêche pas de relancer sa carrière solo avec son groupe The Spark Plugs, en participant en 1980 à l’anthologie « Living Chicago Blues » du label Alligator, puis deux ans après avec son premier album, « Take These Blues and Show ‘Em! » (Ice Cube, 1982), avec de beaux accompagnateurs dont Lurrie Bell et Phil Guy (g), Billy Branch (ha), Johnny B. Gayden (b) et Casey Jones (dm).

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© : eil.com

Il en fera six au total dont un avec Maurice John Vaughn, « I Got Money » (Blue Phenix, 1986) et un autre avec Big Wheeler, « Chicago Blues Session Volume 14 » (Wolf). Sur son dernier, « Junk Food » (Ice Cube, 1997), Albert Collins apparaît sur deux faces, mais bien sûr à titre posthume car il est mort en 1993… Toutefois, son meilleur album est sans doute « I’m in the Wrong Business! » (Alligator, 1987), sur lequel il a des invités dont Stevie Ray Vaughan et Bonnie Raitt. Avec ses Spark Plugs, Reed restera actif pratiquement jusqu’à sa mort d’un cancer en 2004, à 77 ans. A.C. Reed était véritablement un soliste du saxophone, capable de dynamiter les titres si besoin était avec un son âpre, mais aussi de privilégier la mélodie, et sur ses disques sous son nom sa voix expressive un peu traînante nous fait regretter qu’il n’ait pas plus enregistré. On va l’écouter avec un extrait de l’album « I’m in the Wrong Business! », et j’ai choisi pour mon émission She’s Fine, sur lequel Bonnie Raitt l’accompagne.

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© : Discogs

 

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© : Jasmine

Ma réédition de la semaine date d’octobre 2018 et concerne la chanteuse Helen Humes. Une anthologie de plus que l’on doit au label Jasmine, qui compte 28 morceaux et s’appelle « Today I Sing the Blues 1944-1955 ». Outre son talent vocal, Helen Humes se distingue par un parcours singulier. Née le 23 juin 1913 à Louisville dans le Kentucky, elle enregistre ses premiers singles en avril 1927, à seulement 13 ans ! Elle avait été remarquée auparavant par Sylvester Weaver, premier artiste à avoir enregistré en 1923 un blues rural. Weaver est présent sur des faces de 1927 d’Helen Humes, mais c’est Lonnie Johnson qui l’accompagne sur ses toutes premières séances. Mais Humes, sans doute trop jeune, ne va pas s’imposer dans le blues classique des années 1920 et disparaître de l’industrie discographique pour se consacrer à ses études. Elle ne cesse toutefois pas de chanter et se produit dans la formation du chef d’orchestre et saxophoniste de jazz Al Sears (1910-1990).

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© : Amazon

Puis on la retrouve en 1938, cette fois dans l’orchestre de Count Basie, et il s’agit évidemment de jazz. Et dans les années 1940, nouveau changement d’orientation pour Humes qui s’installe en Californie et se fait cette fois une place dans le R&B et le jump blues, un milieu dominé par des vocalistes masculins comme les fameux blues shouters. Jusqu’au milieu des années 1950, c’est sa période la plus créative, et elle fait partie de ces artistes importants issus des grands orchestres de swing et de jazz qui ont fondé le R&B. C’est justement la période couverte par l’anthologie Jasmine. Helen Humes avait une voix un peu mutine et le phrasé délié des chanteuses de jazz, ce qui me fait un peu penser à une Ella Fitzgerald jeune, même si la comparaison s’arrête là. Avec la désaffection du public à l’égard du R&B à la fin des années 1950, Helen Humes va revenir au jazz, mais de façon plutôt inattendue, elle sera aussi présente lors de la première tournée de l’American Folk Blues Festival en 1962. Elle tournera ensuite en Europe et apparaîtra en 1978 au festival de jazz de Nice, dont Black and Blue a récemment fait un CD, « Nice Jazz 1978 » (2016). Helen Humes nous a quittés en 1981 à 68 ans. Vous pouvez l’écouter dans mon émission sur un de ses plus grands succès qui date de 1945, Be-Baba-Leba.

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