Au programme de mon émission sur YouTube, Blind Boy Fuller (rubrique « Un blues, un jour »), les Jackson Southernaireset Solomon Burke (rubrique « Les temps du gospel »).
Je souhaite aujourd’hui m’arrêter sur un personnage du nom de Blanche Bruce. Il s’agit bien d’un homme qui se prénomme Blanche. Et le 19 mai 1881 (ou le 18 selon certaines sources, j’ai tranché en fonction des éléments disponibles), il a été nommé Register of the Treasury par le président américain James Garfield. Cette fonction n’existe plus depuis 1933, et on pourrait en guise de traduction parler de responsable du Trésor, en gros l’équivalent d’un ministre des Finances aujourd’hui. Si vous êtes fidèle de mon émission et de ce site, vous vous doutez forcément que Blanche Bruce était un Afro-Américain qui a marqué son époque. En effet, en prenant le poste de Register of the Treasury, Bruce est aussi devenu le premier Afro-Américain dont la signature figurait sur les billets de banque américains ! Et il aura peu de successeurs, car à ce jour seulement quatre Afro-Américains l’ont imité.
Quant à Bruce, rien ne le prédisposait à cela car il est né esclave en 1841, en Virginie, d’une mère noire et d’un père blanc, mais ce dernier l’affranchit et facilita son éducation au sein de sa famille. S’il fut un temps porteur sur un bateau, il exerça ensuite comme enseignant dans le Missouri, avant de poursuivre des études supérieures dans le Mississippi. Grâce à un flair très développé, il devint aussi un important propriétaire terrien et un homme d’affaires prospère, tout en entrant donc en politique. Avant sa nomination au Trésor de 1881 à 1885, il fut élu en 1874 sénateur représentant le Mississippi, devenant également le premier Afro-Américain à effectuer un mandat complet au Sénat. Installé à Washington pour ses activités au Trésor, il occupa d’autres hautes fonctions politiques et s’impliqua aussi dans les droits civiques en prônant plutôt la réconciliation entre Noirs et Blancs, et en 1897, il fut réélu au Trésor. Mais il est mort l’année suivante, le 17 mars 1898, des suites du diabète à l’âge de 57 ans.
L’argent, ou plutôt le manque d’argent, est bien sûr un thème extrêmement courant dans les textes du blues, et il est souvent traité avec humour ou pour de savoureux double sens. Je n’ai donc pas eu de mal à trouver un artiste s’arrêtant sur ce sujet précis, que je n’ai en outre pas encore passé dans cette émission. Il s’agit du chanteur et guitariste Blind Boy Fuller, excellent représentant du blues de la Côte Est, avec un morceau de 1940 intitulé You Got to Have Your Dollar, sur lequel Sonny Terry joue de l’harmonica. Nous sommes en plein dans le thème car la chanson commence avec ces paroles : « Quand j’avais de l’argent, j’étais entouré de femmes et d’amis. Maintenant que je suis fauché, il n’y a plus personne. Et je parle juste d’un dollar, un seul billet d’un dollar… »
Comme prévu, on se retrouve pour un deuxième volet sur une anthologie sur le gospel qui s’appelle « The Gospel According to Malaco – Celebrating 75 Years of Gospel Music », et que l’on doit donc comme son titre l’indique au label Malaco, un incontestable spécialiste du genre (voir mon émission et mon article du 12 mai 2019). Sans réécrire tout ce que j’ai dit la semaine dernière, je rappelle qu’il s’agit d’un ensemble vraiment impressionnant : il couvre trois quarts de siècle, de 1943 à 2018, compte 8 CD, tout juste 100 morceaux et un livre de 140 pages ! Nous savons aussi que les principales grandes figures historiques du gospel sont là : Mahalia Jackson, Sister Rosetta Tharpe, James Cleveland, Ward Singers, Jackson Southernaires, Soul Stirrers, Mississippi Mass Choir… Mais on trouve aussi des artistes et des formations moins connues, sans oublier les raretés toujours propres à ce genre de sélections très larges.
Comme la semaine dernière, je vous propose d’écouter deux morceaux, mais plus récents car nous en étions restés à la première moitié des années 1950. Pour commencer, on va donc faire un saut dans le temps pour arriver en 1978 avec les Jackson Southernaires. Il s’agit d’un groupe historique du gospel dans le Mississippi, fondé en 1940 mais qui n’a toutefois commencé à enregistrer qu’en 1969. Leur morceau s’appelle Sweet Hour of Prayer. Ensuite, je vous propose un enregistrement moins courant de Solomon Burke, même si ce grand chanteur a toujours été très attaché au gospel. J’ai choisi un medley de 1983, Precious Lord, Take My Hand/We Shall Overcome.
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