Au programme de mon émission sur YouTube, Adolphus Bell (rubrique « Un blues, un jour »), et Full Tags (rubrique « Blues in France »).
Je vous propose de partir pour l’Alabama à la rencontre d’Adolphus Bell, né le 5 juin 1944, qui aurait donc eu 75 ans aujourd’hui. Il nous a quittés en octobre 2013, et je lui avais alors rendu hommage sur le site de Soul Bag. Je publie donc ci-dessous l’intégralité de ce texte, toutefois remis à jour et avec des éléments supplémentaires (lien et images).
DISPARITION D’ADOLPHUS BELL
© : Daniel Léon / Soul Bag
Le chanteur et multi-instrumentiste Adolphus Bell s’est éteint le 28 octobre 2013 des suites d’un cancer du poumon à l’âge de 69 ans. Né le 5 juin 1944 à Birmingham en Alabama, Bell, dont le père qui travaillait dans une mine de charbon est mort deux mois après sa naissance, est élevé par sa mère du côté de Luverne, une bourgade du sud de l’État. En 1962, sa famille s’installe à Pittsburgh en Pennsylvanie dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais c’est aussi l’occasion pour lui de s’inviter dans le monde de la musique, et ce par l’intermédiaire d’un guitariste qui va devenir mondialement célèbre, George Benson… Ce dernier a déjà son propre groupe de jazz, Bell fondant pour sa part une formation de blues, Adolphus Bell and the Upstarts, avec lesquels il se produit sur les mêmes scènes autour de Pittsburgh que Benson… Il lui arrive également d’ouvrir pour Bobby « Blue » Bland et de côtoyer des grands du jazz dont Jack McDuff, Jimmy McGriff et Kenny Burrell. Vers le milieu des années 1960, déçu par les membres de son groupe qui selon lui ne s’investissent pas assez, il met fin à l’expérience.
Ne sachant trop comment orienter sa carrière, il décide alors de ne compter que sur lui même et apprend plusieurs instruments de percussions (grosse caisse et cymbale Charleston aussi dite high hat, l’harmonica viendra plus tard) pour devenir homme-orchestre ! Après la mort de sa mère en 1970, il part pour Flint (Michigan) où il a de la famille, puis il écume le pays en passant par la Californie et le Nevada avant de se « poser » un temps à Atlanta (Géorgie). Désormais one-man band accompli, il quitte Atlanta après les Jeux olympiques de 1996 et retrouve sa ville natale. Reconnaissons qu’Adolphus Bell ne serait sans doute pas sorti de son relatif anonymat s’il n’avait rencontré en 2004 Tim Duffy, qui l’engage alors dans le cadre de la Music Maker Relief Foundation. Selon un rituel connu, Bell peut ainsi enregistrer un album, « One Man Band », et tourner dans le monde, offrant à des audiences souvent subjuguées des performances spectaculaires dans un registre peu répandu. Il réalisera un autre album, « Mississippi Rubberleg », mais il sortira à titre posthume, en 2015. Malheureusement, en 2009, Bell contracte un cancer du poumon, contre lequel il se battra donc durant quatre ans tout en restant actif tant que la maladie le permettra. La même année, il a eu l’honneur de la couverture et d’un bel article dans le numéro 203 (octobre 2009) de la revue américaine Living Blues, dans lequel j’ai abondamment puisé pour écrire ces lignes.
Je vous propose de découvrir aujourd’hui Full Tags, un groupe francilien, plus précisément d’Enghien-les-Bains dans le Val-d’Oise. Commençons par citer les membres de la formation, qui se compose de la chanteuse Djayne Blou, du guitariste Olivier Rouby, du batteur GilBag, de Mathieu Meyer aux claviers et de Roger Merran à la basse et aux chœurs. C’est d’ailleurs Roger qui m’a envoyé l’album, je le remercie chaleureusement ! Car Full Tags vient de sortir un album intitulé « Another Way ». Alors ne comptez pas trop sur le blues, on baigne davantage dans une ambiance que je qualifierais de funky soul pop si cela existait. Le groupe s’appuie beaucoup sur la voix de Djayne Blou et c’est compréhensible car elle profite de sa souplesse pour être tantôt mutine, tantôt sensuelle.
Il faut aussi souligner la qualité des arrangements avec des percussions variées et des solistes qui n’en rajoutent pas, on sent beaucoup de fraîcheur, l’ensemble est cohérent et se tient à une ligne directrice bien identifiée. On sent aussi certaines influences, je pense à Diana Ross sur Keepin’ On Believing, à Stevie Wonder sur Something New, et les textes peuvent aussi être engagés, écoutez par exemple You’ve Got to Move. Si le funky soul pop dont je parlais est le plus représenté avec des morceaux comme The Next Train, All Your Songs, Give and Take et Rising Time, Full Tags fait aussi un détour si je peux dire par la case « disco de la grande époque » avec riff insistant de guitare sur Something New. Si je devais émettre une réserve, une ou deux ballades auraient apporté encore plus de variété à l’ensemble, d’autant que la chanteuse y serait certainement à l’aise. Mais si vous aimez ces genres, et j’insiste, on navigue assez loin du blues, vous devriez apprécier. Pour illustrer cela, j’ai choisi dans mon émission un titre bien énergique, I’m Comin’ Home.
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